Compte rendu de la sortie sensibilisation botanique C&P du 24/02/2021
Allée d’amandiers en fleurs du Caylus à Castelnau le Lez avec Orchidées spontanées en fleurs
Pour l’association Connaissance & Partage, nous avons organisé, le mercredi 24 février 2021 après midi, une sortie de découverte des espèces comestibles et remarquables de saison, sur la commune de Castelnau le Lez, dans une allée préservée au beau milieu de l’écoquartier du Caylus.
Cette sympathique première balade en nature de C&P en 2021 comptait 9 participants, se conformant aux gestes barrières, dans le contexte de la crise sanitaire actuelle.
En vertu des règles de distanciation, les participants se sont répartis en 2 groupes avec chacun un animateur : mon fils, Bastian, diplômé de biologie végétale, passionné de cactus, crassulacées et succulentes ainsi que d’orchidées spontanées, et moi même, ethnobotaniste passionnée par les plantes comestibles, également formée à l’identification des orchidées spontanées.
Cette superbe rangée d'une quarantaine d’amandiers en fleurs : Prunus dulcis L. (Rosaceae) est le vestige de l'accès à une propriété privée agricole dont se souvient très bien notre ami Jean Barrot.
La bâtisse a disparu, le riche domaine est à présent une zone urbanisée.
L'allée de vénérables amandiers, inscrite au PLU de Castelnau le Lez, a pu être préservée.
Aux pieds de ces arbres, une remarquable station d’orchidées spontanées étale ses fières rosettes.
J’en ai compté environ 50 pieds sur le parcours.
Actuellement, ce sont les Barlia : Himantoglossum robertianum (Loisel) qui arrivent en début de floraison, résistant encore cette année aux omniprésentes déjections canines qui découragent, par ailleurs, la prise de macro-photo au ras du sol... Les fleurs de ce genre sont spectaculaires et vont éclore jusqu'à mi mars.
La visite de ce biotope nous a permis d'apprécier, au bon soleil après une longue période de pluies, une foisonnante biodiversité de végétaux comestibles (dont les salades dites sauvages) :
- la fausse roquette : Diplotaxis erucoides (Brassicaceae). Cette adventice couvrant de ses gracieuses fleurs blanches (4 pétales en croix) nos talus et les rangées de vigne, même en plein hiver, fait le bonheur de nombreux pollinisateurs. Plante bio-indicatrice, elle signe (et aide) un terrain argileux calcaire très compact, au PH élevé, trop riche en phosphore et en azote non assimilés**, résultat d'un épandage agricole exagéré. Ses jeunes feuilles à la saveur piquante peuvent se consommer crues, ses inflorescences font un pesto relevé et appréciable, et les siliques (fruits) encore tendres sont une gourmandise. Bien entendu ne cueillez jamais cette plante (riche en vitamines, protéines et sels minéraux) dans les endroits où elle aurait pu recevoir des traitements toxiques (pesticides, etc...)***
- des mauves : Malva sylvestris L. dont on peut consommer la plante entière crue ou cuite. Fleurs, feuilles et fruits contiennent un mucilage très doux pour le système digestif
- des patience-violon, oseille rustique qui peut agrémenter une salade de type mesclun (avec parcimonie pour les personnes aux reins fragiles) ou une bourbouillade (plat d'herbes cuites traditionnel en cette saison). Ce Rumex pulcher L. (Polygonaceae) est également bio-indicateur d'un terrain riche en azote**
- de copieuses pousses vert clair d’Urosperme de Dalechamps, chicorée au goût d’amande amère (pas seulement sous les amandiers...) très recherchée par les connaisseurs
- des asperges "sauvages" pointant haut leur tige succulente comme de minces fusées vers le ciel (leur consommation doit être limitée pour les personnes souffrant de troubles néphrétiques)
- de jeunes pousses veloutées de Silène enflé (Caryophylaceae) dit Pétarel, au savoureux goût frais
- un tapis de rosettes de Pâquerettes : Bellis perenis (Asteraceae) excellentes crues ou cuites. Les "fleurs" ravissantes et délicieuses en décor de salade ou d'assiette garnie, peuvent également se confire au vinaigre comme les câpres, ou être cristallisées au sucre comme les fleurs de violettes
- des lamiers pourpres bien tendres (se mangent crus ou cuits mais en quantité limitée), mellifères
- les fleurs jaune orangé du Calendula (Asteraceae) qui illumineront une salade crue
- quelques jeunes pousses de fenouil (Apiaceae) dont le collet renflé et croquant fait un jus d'herbe apprécié des gourmets, ainsi que des omelettes très parfumées, sans parler d'une farce renommée pour les poissons ou crustacés
- divers Erodium : le E. cicutarium dit commun ou à feuilles de ciguë (à cette époque, sans le fruit en bec-de-grue qui lui a donné son épithète) ;
Erodium malacoides (à feuilles de mauve) ;
ainsi que le E. rotondifolia (à feuilles rondes).
Tous sont de la famille des Geraniaceae, et comestibles
- deux plantains* : Plantago major (plantain lancéolé) qui se mange cuit (poêlé, bouilli ou en beignets), puis, plus loin sur le chemin bien tassé menant à l’arrêt de tram, l’excellent plantain à corne de cerf (voir photo de Jean Barrot), seul des plantains à se manger cru. Inoubliable !
Bienvenue aux photographes qui font en macro les portraits de ces végétaux !
Bienvenue à tous les artistes que la nature inspire, dessin, aquarelle etc... Voilà d’excellents moyens de connaître mieux les plantes, de les identifier plus finement comme l’enseigne M. Francis Hallé.
Des ateliers de « pinceaux en balades » notamment sur la thématique « observation des végétaux et du vivant » vous seront proposés cette année, avec du matériel fourni si nous obtenons le financement.
Si vous en avez l’envie, pourquoi pas les animer ? Merci par avance de vous faire connaître.
Précautions indispensables avant le prélèvement et la consommation de vos cueillettes :
1- vérifier auparavant que vous n’êtes pas sur un terrain privé, ou bien que la cueillette est autorisée à cet endroit (attention aux plantes rares, protégées par le code de botanique)
2- les plantes contiennent des principes actifs qui peuvent être contre indiqués durant une grossesse (par précaution ne mangez pas de plantes spontanées durant cette période), ou bien si vous souffrez d’insuffisance rénale, d’allergies aux pollens, de cancer hormonal, de troubles du métabolisme, de maladies digestives, ou encore si vous prenez des traitements médicamenteux (risque d’interactions à vérifier auprès de votre pharmacien)
3- ne consommez rien qui pousse près de cultures, vergers, champs... ou de vignes (risques liés aux traitements agricoles : pesticides, etc...)** ni en zone de circulation automobile (pollutions) ni dans des passages d’animaux domestiques ou « sauvages » (parasitoses)
4- bien identifier la plante, avoir bien étudié les risques de confusion avec une espèce toxique
5- ne prélever que le nécessaire, ne jamais épuiser une station, c.a.d. ne jamais ramasser toutes les plantes comestibles. Cueillir sans arracher vous permettra de futures récoltes à cet endroit
6- les plantes cueillies doivent être placées à l’ombre, si possible chaque variété dans un grand sac en papier propre (pas de plastique), pensez à étiqueter vos sacs (nom de la plante, lieu de cueillette)
7- ces plantes seront triées (vérifiez l’absence d’insectes avec une loupe) puis soigneusement lavées avec de l’eau et soit du vinaigre dilué, soit du bicarbonate de soude
8- les vitamines sont volatiles donc consommez vos cueillettes le plus tôt possible, surtout si crues
Belles et bonnes balades botaniques !
Tenez un carnet de bord : lieu de découverte et/ou cueillette, date, saison, herbier-photo, goûts, recettes… rencontres et jolies histoires à raconter en les dégustant.
* Le terme «plantain» est également attribué à une variété de banane dite plantain, qui se cuisine, fondamentale dans la cuisine créole. Il n’existe aucune parenté botanique entre ces deux végétaux (banane et Plantago).
** Plantes bio indicatrices (cf. les travaux de Marcel CERF)
*** Plantes bio extractrices (laboratoire de chimie verte du Pr. Claude GRISON)
De magnifiques photos de nos amis pour illustrer cette sortie :
A la prochaine sortie bien chers amis, merci pour votre belle compagnie