LEGENDES MYTHOLOGIQUES DES CONSTELLATIONS – L’ENLÉVEMENT DE GANYMÈDE
Connaissance & Partage
Ganymède le bel échanson
17 novembre 2020
CONSTELLATION DE L’AIGLE
Dernier chapitre : L’ENLÉVEMENT DE GANYMÈDE
De retour de Troie, Zeus était dépité, dépité et viscéralement amoureux. Le charmant visage de Ganymède le poursuivait jusque dans ses rêves nocturnes. Le refus de Tros de laisser partir son fils pour l’Olympe le vexait énormément. Pourquoi ce blanc bec osait-il contrarier le Dieu des dieux? Même la reine Callirhoé ne voulait pas se séparer de son fils adoré, son « Petit chou » comme elle l’appelait alors que son petit chou approchait les vingt ans et mesurait plus d’un mètre quatre vingts. Les promesses des plus somptueux cadeaux ne purent les faire changer d’avis. Le prétexte du roi était stupide. Selon lui Ganymède devait lui succéder lorsqu’il serait trop âgé car, disait-il :
« Mes deux autres fils sont trop jeunes et peu intéressés par la fonction de roi, affirmait-il au Maître de l’Olympe ».
Après plusieurs heures de palabres, stupéfait et vexé, Zeus regagna son domaine. Or, chacun le sait, lorsque le Dieu des Dieux est vexé, il devient inopérant. Il ne mange ni ne dort et les affaires de l’univers vont à vau l’eau. Dans ces moments de déprime, ce sont les autres dieux qui l’incitent à trouver une solution. Finalement, c’est Hermès le dieu des voyageurs, des commerçants et des Voleurs, qui fit la bonne proposition.
« Il ne reste plus, O Zeus, qu’une seule solution : l’enlèvement ! Selon moi, il conviendrait de capturer le beau jeune homme et de le ramener ici. Je me suis renseigné et je sais qu’il passe de longues heures en solitaire dans les bois et qu’il adore pêcher. »
Après de longs palabres, finalement, c’est la solution qui fut retenue. Dès le lendemain, le Maître de l’Olympe se rendit chez son oiseleur en chef et lui soumit cette idée :
« Nous avons dans nos volières quantité d’oiseaux de toutes sortes et, notamment, de grands rapaces parfaitement bien dressés. Penses-tu que mon aigle préféré aurait des serres assez puissantes pour enlever un humain. »
« Lorsque nous l’avons piégé, répondit le fauconnier, il emportait un énorme bélier dans ses serres. Enlever un jeune homme devrait être dans ses cordes. »
« Bien, bien, fit Zeus. Je voudrai, qu’avec cet aigle, tu te rendes sur les bords de la rivière Scamandre qui coule dans la région de Troie. C’est là que tu rencontreras le beau Ganymède en train de pêcher. Il est facile à reconnaître : il est plus beau que le plus beau des anges. Commande donc à ton aigle de s’en emparer et de le conduire sur le Mont Olympe. »
Tout se passa comme prévu. Ganymède fut kidnappé deux jours après l’entrevue entre Zeus et son oiseleur en chef. Alors que le beau jeune homme lançait sa canne à pêche dans l’eau, l’aigle favori de Zeus, « de ses serres délicates », comme l’écrira le poète latin Ovide, le saisit par les épaules et le conduisit au palais olympien sans la moindre blessure.
Zeus chérit le jeune homme, le couvrit de bijoux et en fit son échanson. C’est lui qui était chargé de lui servir le nectar et l’Ambroisie, nourriture strictement réservée aux Dieux. C’est lui également qui, le soir, l’accompagnait dans son lit, surtout lorsque la perfide Héra était exécrable, ce qui lui arrivait souvent, tant elle était jalouse.
Afin de se faire pardonner par les parents de Ganymède, Zeus leur fit parvenir deux juments immortelles et très fécondes, ce qui permit à la ville de Troie d’avoir les haras les plus réputés de Grèce.
Quant au beau Ganymède, il lui fut attribué un appartement aussi grand et luxueux que celui offert aux autres dieux olympiens. Cependant, n’étant pas un vrai dieu, il n’était pas immortel et ne goûtait ni le nectar ni l’ambroisie. Il vécut cependant plusieurs siècles mais par une nuit d’hiver, il mourut apaisé dans les bras de son amant.
Quelques jours plus tard, en soirée, Zeus réunit dans la cour du château, tout son gouvernement divin ainsi que les soldats de la garnison et les serviteurs du palais. Quand le Maître eut terminé son discours en l’honneur de Ganymède, il leva la main droite vers le ciel. C’est alors que des éclairs jaillirent de ses doigts, éclairs qui grimpèrent et se transformèrent en étoiles qui se fixèrent à jamais sur la voûte céleste.
« Tu seras éternellement au-dessus de moi, fit Zeus, et je ne t’oublierai jamais ! Tu seras, pour le reste des siècles mon amour, mon échanson préféré. »
Quand les applaudissements cessèrent Zeus reprit la parole :
« Je ne pourrai oublier mon aigle favori qui a permis cet exploit. Lui aussi aura le droit d’être catastérisé (1) et porté au ciel.
(1) Métamorphosé sous forme d’étoiles et porté au ciel.
Bonne lecture
Bob