LEGENDES MYTHOLOGIQUES DES CONSTELLATIONS – LA GORGONE MEDUSE
Connaissance & Partage
LA GORGONE MEDUSE
Huitième épisode de la constellation d’Andromède
14 janvier 2021
Persée était donc chargé de rapporter au roi Polydectés la tête de Méduse. Cette jeune fille d’une extrême beauté, était l’une des trois Gorgones. Les deux autres s’appelaient Euryalé et Sthéno. Elles vivaient à l’extrémité du Monde, près du séjour de la nuit. En fait, Méduse ne vivait pas auprès de ses soeurs car elle ne leur ressemblait pas du tout. Autant elle était la beauté faite femme, la splendeur au féminin, comme l’était Aphrodite, la Déesse de l’Amour, autant ses deux soeurs étaient affreuses. Pour cette raison, elles vivaient recluses dans une grotte dont pratiquement personne ne connaissait l’emplacement exact.
Quand je dis personne, ce n’est pas tout à fait exact car leurs trois autres soeurs, les Grées, savaient où elles habitaient mais comme elles étaient encore plus vieilles et encore plus laides, elles ne sortaient jamais de leur refuge à rats.
Une des deux Gorgones
L’autre n’a pas voulu se faire photographier
et on la comprend…
Méduse, quant à elle, était si ravissante que tous ceux qui la connaissaient en étaient amoureux. Il est impossible de parler de Méduse sans prononcer le mot amour. Toute description d’elle serait une injure à la littérature. Fermez les yeux et imaginez la beauté faite femme : vous avez son image devant vos yeux clos. Maintenant, ouvrez-les ! Vous faites la moue car elle a disparu…
Méduse vivait toujours près de la mer qu’elle adorait. Pas étonnant donc si Poséidon, le Dieu de la Mer et des Océans, la connaissait et faisait tout pour la rencontrer. Bien que marié à Amphitrite, il avait tenté à plusieurs reprises de la surprendre alors qu’elle se promenait sur une plage. Jusqu'à maintenant il avait échoué.
Un jour, cependant, sa tentative fut sur le point de réussir.
Par une belle après-midi, il la vit cheminant sur la grève. Ce jour-là, le ciel était radieux et aucun nuage n’osait s’interposer entre les ardents rayons solaires et la peau soyeuse de Méduse. Celle-ci, se sentant un peu lasse, s’allongea langoureusement sur le sable et, bercée par le doux bruit des vagues, finit par s’assoupir.
Soudain, un léger frôlement dans ses cheveux la réveilla. Quand elle ouvrit les yeux, la panique l’envahit : Poséidon était à genoux près d’elle et caressait ses boucles blondes. D’un bond elle se leva pour fuir mais Poséidon lui parla avec douceur :
« N’aie pas peur, ma belle. Je ne te veux aucun mal, bien au contraire. Depuis le jour où, pour la première fois, je t’ai vue, je ne dors plus car j’ai découvert l’amour. »
« Mais n’êtes-vous pas marié à Amphitrite, la déesse de la mer ? »
« Les dieux n’ont-ils pas le droit d’avoir plusieurs amours ? Zeus nous en a souvent montré l’exemple. »
« Aucun homme n’aura mes faveurs car je connais leur infidélité. A ce jour, je ne désire qu’une seule chose : vivre auprès de mes deux soeurs dans leur grotte. »
Pendant qu’elle exprimait son refus, Méduse, le plus discrètement possible, lançait des regards furtifs vers les environs dans l’idée de s’enfuir. La plage se trouvait au pied d’une falaise au sommet de laquelle on pouvait apercevoir un temple dédié à Athéna, la déesse de la Guerre. Un sentier avait été creusé par des pêcheurs à flanc de paroi. Devant la lourde insistance de Poséidon, Méduse, souple comme une liane, fit un bond de côté, et s’enfuit en empruntant le petit sentier qui conduisait à la chapelle.
Dans son esprit, Méduse imaginait que les ardeurs de Poséidon s’atténueraient si elle parvenait à s’enfermer dans le temple. Elle y parvint sans difficulté, d’autant plus que Poséidon manquait un peu de souffle vu qu’il se laissait souvent aller à la divine bouteille et à la bonne chère. Qu’elle ne fut pas la stupeur de Méduse lorsqu’elle vit le dieu de la Mer ouvrir sans vergogne la porte du bâtiment sacré.
Rempli de désirs difficilement contenus, le dieu de la mer se lança sur la pauvre gorgone.
Nul ne sait ce qui se passa alors car Méduse refusa d’en parler à quiconque, même pas à ses soeurs. Libre court donc à votre imagination…
Une fois son désir assouvi, Poséidon regagna la mer et, dit-on, passa sa soirée sereinement auprès d’Amphitrite. Quant à Méduse, elle dormit dans le temple et se réveilla au petit matin avec une forte migraine. Lorsqu’elle posa ses mains sur son front, elle poussa un cri effrayant : ses magnifiques cheveux étaient devenus autant de serpents sifflants et gesticulants. La peau de ses joues, jadis si douce et fraîche, suppuraient d’un liquide visqueux et nauséabond. Ses yeux la faisaient souffrir le martyre, comme s’ils étaient remplis de lave.
Après avoir pleuré toutes les larmes de son corps, elle sortit de la chapelle. Dans le pré voisin, un pâtre qui la regardait et ses brebis furent instantanément changées en pierre. Arrivée sur la plage, elle croisa quelques pêcheurs qui, eux aussi, furent « médusés ». Affolée, elle se cacha dans un taillis et attendit la nuit pour rejoindre ses deux soeurs.
C’est là que Persée devait la décapiter. Encore fallait-il qu’il trouve la grotte des gorgones.
Allait-il réussir ? Un fils de Zeus pouvait-il échouer ?
(à suivre)
Bob