LEGENDES MYTHOLOGIQUES DES CONSTELLATIONS – LA BALANCE III
Connaissance & Partage
LA CONSTELLATION DE LA BALANCE
Troisième épisode
Une balance aux effets bizarres
16 mars 2021
La balance était maintenant en possession de Ai Vân et de son épouse Hà Than. Le mari l’avait installée sur le Temple des Ancêtres, qui symbolise le respect dû aux anciens et existe dans toutes les maisons vietnamiennes, même les plus modestes.
Le soir de l’acquisition de ce bijou, Ai Vân ne parvenait pas à se calmer tant sa joie était immense. Par contre, son épouse était morte de honte : N’avaient-ils pas volé leurs voisins ? Elle, si croyante, n’avait-elle pas accepté, par son silence, que son mari s’empare du trésor qui appartenait sans doute à un autre ?
Ils se couchèrent fâchés et eurent du mal à s’endormir. Le lendemain Ai Vân se sentit un peu bizarre. Certes, il était toujours fier de son acquisition mais, contrairement à son habitude, il se leva en même temps que son épouse, l’aida à préparer le petit déjeuner et alla réveiller les enfants en leur lançant :
« Debout les enfants ! Le déjeuner est prêt ! Dépêchez-vous car, aujourd’hui c’est moi qui vous emmène à l’école ! »
Ahurie, son épouse lui fit remarquer qu’il ne se comportait pas comme d’habitude.
« C’est que vois-tu, chère Hà Than, maintenant nous sommes riches. Je suis devenu un Notable et je dois me comporter comme eux. »
« Non, tu n’es pas un Notable mais plutôt un voleur ! »
« Bon, je te l’accorde, je ne suis pas très fier de moi. Je ne mérite pas un tel cadeau du ciel. Dès demain je rapporterai la balance à Hien-Thuan. »
Une fois que le petit déjeuner fut terminé, leur père, comme il le leur avait annoncé, conduisit ses enfants à l’école. Les enfants pouffaient de rire car jamais il ne s’était intéressé à leur travail scolaire. Il ne connaissait, ni leur maîtresse, ni leurs copains et copines.
De retour de l’école, Ai-Vân ne rentra pas dans la cabane mais fila au jardin potager et fut ahuri de son état. Il revint au logis et demanda à son épouse :
« Comment se fait-il que tant de pommes de terre jonchent le sol et pourrissent ? Si cela continue, elles vont être irrécupérables ? »
« C’est que mon cher mari, tu ne peux être au lit et au jardin. Voilà plusieurs mois que je te dis qu’il faudrait travailler plutôt que dormir. Moi je ne peux pas tout faire ! »
« Bon, d’accord ! Je reconnais que je me suis un peu laissé aller. Mais maintenant cela va changer ! Je te le promets. »
Abasourdie, Hà Than s’était assise sur une chaise et n’en croyait pas ses yeux : Jamais elle n’avait vu son mari aussi dynamique. Habituellement, il ne sortait du lit qu’au milieu de la matinée et n’avait aucun courage pour travailler. Certes, il sortait dans le jardin mais pour observer les nuages, les petits oiseaux mais jamais les légumes. De temps en temps, il cueillait une ou deux tomates mûres et les rapportait à la cuisine. Puis, après ce gros effort, il s’assoyait une bonne heure, regardant son épouse s’afférer à la cuisine ou repasser les vêtements qu’elle avait lavés.
Or, ce jour-là, il fit de gros efforts. Il travailla toute la matinée et après le déjeuner fut incapable de faire un geste. Manque d’entraînement assurément.
« Je trouve que tu es changé depuis la visite de Hai Tuan. Depuis qu’il nous a apporté ce trésor, tu te conduis comme tous les maris devraient le faire. Cette balance serait-elle miraculeuse ? »
« Tu as raison, je me sens tout bizarre depuis hier. J’ai même un peu honte d’avoir trahi mon ami. Je me demande si je ne ferai pas mieux de lui rendre sa balance. »
« Je n’aurais jamais cru que tu agisses ainsi. Ce n’est pas dans tes habitudes de mentir à un ami. Je suis heureux que tu reviennes à de bons sentiments. Je suis d’accord avec toi : Va rendre cette balance et j’espère que les effets qu’elle a eus sur toi seront permanents. »
Lorsque le lendemain Hai Thuan vit son voisin lui rapporter la balance, il fut très étonné.
Excuse-moi, dit AI Vân, je me suis mal conduit. En voyant cette balance j’ai cru pouvoir devenir riche mais je me suis ridiculisé : je suis, au contraire, devenu un voleur, un moins que rien. Je te demande pardon pour ma cupidité. »
« On n’est pas ridicule quand on fait un bon geste, lui répondit son voisin. Je comprends ce qu’est l’appât du gain et, moi-même, j’étai s sur le point de garder cette balance pour moi.
Crois-moi, Al Vân ! Comme moi, tu as eu le bon réflexe. Tu es devenu un homme honorable !»
My Lan avait accueilli Hà Than la femme de Ai Vân. Celle-ci lui confia :
« Je ne reconnais plus mon mari. Je suis persuadé que cette balance est magique. C’est elle qui, en une seule nuit, l’a complètement changé. Je ne vois aucune autre explication ».
My Lan prit sa voisine dans ses bras et lui proposa de célébrer ce qui paraissait être un miracle. Elle sortit sur le pas de sa cabane et cria aux deux hommes en train de discuter :
« Et si nous arrosions votre visite avec un petit saké ? Les verres nous attendent à l’intérieur. »
Que vont faire maintenant Hien tuan et My-lan de la balance ? Vont-ils la garder pour eux ?
( à suivre)
Bob