LEGENDES MYTHOLOGIQUES DES CONSTELLATIONS – COURONNE BORÉALE III
Connaissance & Partage
LÉGENDE DE LA CONSTELLATION
DE LA COURONNE BORÉALE
Troisième épisode
Premier juillet 2021
DES AMOURS CONTRAIRES A LA MORALE
Poséidon avait accepté d’aider Minos à devenir le nouveau roi de Crête à la condition expresse qu’il sacrifie en son honneur le magnifique taureau qu’il lui avait envoyé au milieu des flots. Or, Minos avait gardé pour ses génisses ce beau reproducteur et avait sacrifié, en l’honneur du Dieu de la mer, un taureau ordinaire, pour ne pas dire en fin de vie.
Voilà pourquoi Poséidon, vexé, cherchait une vengeance. Il savait depuis longtemps qu’Eros, le dieu de l’Amour, avait le pouvoir de faire ou défaire les plus ardentes aventures amoureuses et ce, uniquement en utilisant des flèches dont la pointe était soit en or, soit en fer. Il pouvait même provoquer des amours interdites comme rendre un homme amoureux d’une pouliche ou une femme folle de passion pour un bouc.
Poséidon imagina différentes tactiques : rompre l’union amoureuse entre Minos et Pasiphaé ou, au contraire, rendre Pasiphaé attirée par un membre du personnel du château.
« Et pourquoi ne rendrais-tu pas la femme de Minos amoureuse du magnifique taureau que tu lui as envoyé ? Tout est possible, répondit le dieu de l’Amour. Je suis à ton service. »
Dès le lendemain Eros, envoya une flèche à la pointe en or transpercer le coeur de Pasiphaé et, une autre, de même type, dans le coeur du fameux taureau de Poséidon.
La vie au château royal aurait pu devenir routinière si la reine n’avait pas été soudainement troublée. De plus en plus souvent elle descendait dans les étables et restait de longues heures auprès du taureau de Poséidon Elle passait de longues heures à lui flatter les flancs, l’embrasser sur le museau, le cajoler comme une mère ferait pour son enfant, lui apporter des herbes fraîchement cueillies.
Cependant, une aspiration plus profonde la saisit peu à peu. Elle aurait souhaité que le taureau la considère comme une génisse et qu’il s’unisse à elle. Encore fallait-il qu’elle trouve une stratégie qui rende la chose possible.
Une nuit au cours de laquelle elle ne put fermer l’oeil, elle pensa à solliciter l’aide de Dédale, le fameux ingénieur. Elle le fit venir discrètement dans ses appartements et lui avoua son désir le plus profond :
« J’aimerais que tu construises une génisse artificielle. Il faudrait qu’elle soit creuse afin que je puisse entrer dedans. Montée sur des roulettes, tu pourrais la pousser au milieu du pré en pleine nuit. Je suis sûre qu’au petit matin, le taureau me flairerait et n’hésiterait pas me satisfaire. »
Bien qu’étonné et répugnant à faire ce que la reine lui demandait, Dédale s’exécuta. Un mois après, la reine s’accoupla avec le taureau et mit au monde le fameux Minotaure ou « Taureau de Minos ». Le roi fut si surpris qu’il fit enfermer le monstre dans une étable secrète en attendant de faire construire par Dédale une prison plus conséquente. Minos fut écoeuré du comportement de son épouse tandis que les deux enfants du couple, Ariane et Phèdre, ne purent accepter le fait que leur mère, d’habitude si douce et gentille ait osé s’accoupler avec un taureau. Le couple royal était donc en crise profonde
Mais le roi n’était pas au bout de ses surprises. A peine le Minotaure fut-il enfermé, qu’il dévora son gardien. Ce monstre était non seulement horrible avec sa tête de taureau et son corps d’homme mais, de plus, il ne se nourrissait que de chair humaine. Fort heureusement, les prisons retenaient prisonniers nombre d’Athéniens que le roi Minos jeta en pâture au monstre. C’est à ce moment-là qu’il décida d’imposer à Egée, le roi d’Athènes, de lui fournir tous les ans sept jeunes hommes et sept jeunes filles afin de nourrir le Minotaure tout aulong de l’année.
« Nous avons assez bataillé avec ce roi, dit-il un soir à Pasiphaé, que nous pouvons lui imposer tous les ans ce sacrifice humain. Après tout, lui confia-t-il, de nombreux Crêtois ont perdu la vie dans la guerre qui opposait, il n’y a pas si longtemps, nos deux royaumes. Malheur aux perdants ! »
Minos voulut cependant une prison gigantesque et suffisamment grande pour enfermer le monstre et les quatorze prisonniers crétois. Il confia ce travail à Dédale en lui demandant de construire un labyrinthe d’où personne ne pourrait jamais en sortir.
L’ingénieur conçut une bâtisse inviolable et il dut inventer un stratagème pour ne pas s’égarer lui-même dans ces diverses salles. Il l’enseigna même aux multiples ouvriers qui construisaient le bâtiment. Un jour que la jeune Ariane venait constater l’avancement des travaux, il lui montra son secret :
« Ta soeur Phèdre reste toujours dans sa chambre alors que toi tu fouines un peu partout. J’aimerais te montrer comment tu peux sortir de ce labyrinthe si, par hasard, un jour tu te trouves prisonnière. »
« Il te faut une pelote de fil dont tu noueras une extrémité à la porte d’entrée. Ensuite, tu peux aller où bon te semble dans le labyrinthe en dévidant la bobine. Puis, pour revenir à la porte d’entrée, il te suffira de rembobiner le fil sur la pelote. »
Lorsque le labyrinthe fut terminé, on y introduisit le Minotaure ainsi que les quatorze premiers prisonniers crêtois.
Ce jour-là, Ariane versa ses premières larmes de pitié.
Mais que pouvait-elle faire pour arrêter la cruauté de son père ?
(à suivre)
Bob