LEGENDES MYTHOLOGIQUES DES CONSTELLATIONS – DU CYGNE- PHAETON DEMANDE CONSEIL A SA MERE CAR IL VEUT RENCONTRER LE SOLEIL
Connaissance & Partage
LÉGENDE DE LA CONSTELLATION DU CYGNE
Deuxième épisode
Phaéton demande conseil à sa mère car il veut rencontrer le Soleil
23 septembre 2021
Les propos injurieux du roi d’Egypte avaient profondément bouleversé Phaéton. Il avait ressenti chacune de ces paroles comme autant de flèches transperçant son coeur. Sa mère, la nymphe Clyméné, lui avait maintes fois assuré que son père était le Dieu-Soleil mais jamais elle ne lui avait fourni de preuves tangibles. Certes tout, en lui, rappelait l’astre du jour mais, ni sa chevelure de feu, ni son corps luminescent, ni même les éclairs que ses yeux étaient capables de lancer ne constituaient des preuves suffisantes.
Cette incertitude qui l’assaillait depuis sa plus tendre enfance lui fit prendre la route de la forêt où vivait Clyméné. Il la trouva au milieu des autres nymphes, cueillant des fleurs pour orner les branches du chêne sacré de Dodone dont le bruissement des feuilles permettait d’entrer en communication avec les dieux et ainsi, formuler des oracles.
A peine Phaéton eut-il salué sa mère qu’il lui posa la question sur ses origines.
« Mais mon chéri, fit Clyméné, tu m’as posé cette question mille fois et chaque fois je t’ai donné la même réponse : c’est bien vrai, j’ai vécu une extraordinaire nuit d’amour avec le Dieu-Soleil et tu es le résultat de cette union. Tu es la preuve de cette étreinte. Quand je te vois, il me semble que je regarde ton père. Quant aux preuves tangibles, même lui serait bien embarrassé pour te les fournir. »
« Eh bien, c’est ce que nous verrons, dit le jeune homme en regardant fixement sa mère. J’en ai assez de vivre dans le doute et je veux avoir des certitudes sur mon géniteur. Puisque tu ne peux me fournir de preuves irréfutables, j’irai voir mon père et je suis sûr que lui pourra répondre à mon attente. »
« Mais tu es fou, s’écria Clyméné ! Aucun humain ne peut rencontrer Hélios de sa simple initiative. Si j’ai eu ce privilège, il y a dix-huit ans, c’est parce qu’il m’a choisie et invitée à rejoindre sa couche. Les dieux ont tous les pouvoirs et, comme bon leur semble, ils peuvent te châtier ou te gratifier. Si tu transgresses cette loi sacrée, tu cours à ta perte. »
« Laisse-moi juger seul des dangers de mon entreprise, lui répondit son fils au comble du désespoir. Par contre tu peux m’aider en me racontant comment se déroule la journée du Soleil, de son lever à son coucher. Toi qui l’aimes, parle-moi de lui. »
Clyméné, la mort dans l’âme, comprit que son fils ne changerait jamais d’avis. Elle décida donc de lui parler d’Hélios :
« Tous les matins, alors qu’Hélios dort encore et que Nyx, « La Déesse-Nuit », règne sur les
ténèbres, sa soeur Eos, « La déesse Aurore » entame sa partition. De sa clarté diaphane, peu à peu, elle chasse l’obscurité. Sa première pensée est pour Orion, son grand amour. Alors qu’ils s’aimaient si tendrement, il est parti poursuivre ses aventures. Voilà pourquoi elle pleure tous les matins et que ses larmes se transforment en rosée qui scintille sur les plantes et que les araignées utilisent pour orner leurs toiles. »
« Que fait donc mon père le Soleil pendant qu’Eos entame la journée, demanda Phaéton ? »
« Patience, mon fils, patience ! Hélios s’éveille peu à peu et ce n’est qu’au son de la trompette d’Eos qu’il daigne se lever. Lentement, il prépare ses huit flamboyants coursiers et se dirige vers l’Est, son point de départ. »
« Est-ce le Soleil qui éteint les étoiles ? »
« Non, mon fils ! Non ! Lorsque celles-ci l’aperçoivent, elles pâlissent de crainte d’être foudroyées et attendent le retour de la nuit pour réapparaître. »
« Il est temps alors, pour lui, de se lancer dans sa folle course céleste, affirma Phaéton ? »
« Exactement ! Le Dieu-Soleil s’élance alors et tous, hommes, femmes et animaux, baissent les yeux car, si on le regarde fixement, on est sûr de perdre la vue à jamais. »
« Et son char, dis maman, l’as-tu vu ? »
« Parler de lui serait une insulte à la beauté car aucun adjectif ne peut rivaliser avec sa splendeur. »
« Essaie tout de même maman ! Rien que pour moi, supplia Phaéton. »
« Le char tout entier est l’oeuvre d’Héphaïstos qui est le Forgeron-des-Dieux. Ses essieux sont en or, d’or aussi le timon et les rayons des roues dont le cerclage est en lapis-lazuli. Les rênes et les harnais sont serties de perles fines tandis que le manche du fouet a été taillé dans une énorme pierre de jade.
« Et son chemin dans le ciel, fit Phaéton. Peux-tu me parler de lui ? »
Clyméné, lancé sur la description de la vie de son Amour-Céleste paraissait ne pas pouvoir s’arrêter.
« Installé sur une constellation du zodiaque dont il change tous les mois, ton père guide ses huit coursiers à travers le ciel sans quitter la route tracée par Zeus, le Maître de l’Univers. Seule Séléné, sa soeur la Lune, est autorisée à le suivre et à briller timidement. Il faut dire que c’est, à jamais, la favorite de son coeur. Tantôt elle grossit, tantôt elle maigrit en suivant un rythme immuable. Elle a même obtenu le droit de briller la nuit alors que son frère dort.
Elle s’amuse parfois à être aussi ronde que lui, même si elle brille infiniment moins. Une fois par mois, elle disparaît complétement. Elle plaisante alors en disant qu’elle est nouvelle. »
« Que se passe-t-il lorsque le Soleil s’approche de l’ouest, demanda Phaéton ? »
« Le Soleil descend lentement car il doit faire grimper son équipage sur la Barque Solaire.
Là, il installe chacun de ses huit chevaux dans leur stalle respective et part se coucher non sans avoir salué Eole, le « Dieu des Vents » qui va souffler sur les voiles toute la nuit pour ramener la barque à l’Est, son point de départ. »
« Sais-tu à quel moment je pourrais tenter de parler à mon père ? »
« Dès l’instant qu’il s’est occupé de ses chevaux et qu’il leur a donné à manger, tu pourras essayer de le voir mais je ne t’assure pas de la qualité de l’accueil… »
Quelle va être la réaction d’Hélios ?
(à suivre)
Bob