ASTRO-NOTES L’OBSERVATOIRE DU MENUISIER MILLIONNAIRE
Connaissance & Partage
ASTRO-NOTES L’OBSERVATOIRE DU MENUISIER MILLIONNAIRE
Première partie
2 février 2023
Dans la seconde moitié du XIXe siècle, l’un des hommes les plus riches de Californie décida de faire construire un observatoire dans un endroit inhabituel. Pourtant, il ne s’était jamais vraiment intéressé à l’astronomie…
« A ma connaissance, c’est l’unique personne qui a été enterré sous un instrument d’astronomie » souligne Paul Lynam, astrophysicien au mythique observatoire Lick en Californie. En effet, sous ses 11 tonnes repose James Lick, le fondateur de l’observatoire où une plaque de cuivre rappelle son souvenir « Ci-git James LICK ».
Quatre mots au pied d’un édifice exceptionnel pour un homme dont l’histoire l’est tout autant.
Une vie qui commence bien loin des étoiles…
Son père est un menuisier réputé installé dans la campagne de Pennsylvanie. Son fils, James nait en 1796, vingt ans après la déclaration d’indépendance des Etats-Unis. Il est l’ainé d’une fratrie de sept enfants qui apprennent consciencieusement le métier de leur père. Lorsqu’il fut sur le point de convoler, James demanda en mariage la fille d’un meunier, une certaine Barbara déjà enceinte. Cependant le père de celle-ci rêvait d’une union plus ambitieuse que celle avec un modeste apprenti menuisier.
« Quand vous aurez un moulin aussi grand et cher que le mien, vous pourrez avoir la main de Barbara » lui répondit le père. Auquel James répondit par les paroles cinglantes que voici : «
Un jour, je possèderai un moulin qui fera passer le vôtre pour une porcherie ! »
Suite à cette déception amoureuse, le jeune James quitte sa région natale pour Baltimore, où il apprend à fabriquer des pianos avant de s’installer à New York. Là, il voit ses instruments partir par bateau vers Buenos Aires. Puis, poussé par l’idée que ses affaires seraient plus lucratives sur place et peut-être dans l’espoir qu’il allait ainsi pouvoir redemander la main de sa Barbara, il s’embarque pour l’Argentine en 1821.
Malgré l’instabilité politique qui touche le pays, il parvient rapidement, grâce à son talent, à faire prospérer son commerce. En 1824, fatigué par la situation politique et ses maladies fréquentes, il décide de passer un an en Europe pour se refaire une santé. Il se rend alors en Angleterre, en France ainsi qu’en Allemagne dans la région natale de son grand-père.
Sur le bateau du retour, il réchappe à une tempête puis est fait prisonnier par des Brésiliens qui l’emmènent à Montevideo. Fort heureusement, à la faveur de l’enterrement de l’un de ses compagnons de détention, il parvient à s’enfuir et rejoint l’Argentine à pied. Il reprend alors ses affaires à Buenos Aires, les élargit et entame un commerce de fourrures avec l’Angleterre. C’est ainsi, qu’au bout de quelques années, il rassemble un pactole avec lequel il compte reconquérir Barbara.
Mais, en 1832, à son retour en Pennsylvanie il apprend que la jeune fille ne l’a pas attendu ou, peut-être n’avait-elle pas imaginé qu’il aurait pu revenir…Dépité, il retourne en Argentine où la situation politique se dégrade à tel point qu’il décide de repartir à Valparaiso, au Chili. …
(à suivre).
Bob