LÉGENDE MYTHOLOGIQUE DE LA GRANDE ET DE LA PETITE OURSE
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LÉGENDE MYTHOLOGIQUE DE LA GRANDE ET DE LA PETITE OURSE
18 NOVEMBRE 2021
Avec cette légende, nous remontons à la naissance de Zeus. Cronos son père, de peur d’être détrôné par ses enfants, avait pris la très mauvaise habitude de les avaler sans même les croquer, si bien qu’ils restaient tous vivants…mais dans son estomac. Effectivement, beaucoup de légendes mythologiques, notamment grecques, font fi des réalités terrestres
C’est en cela qu’elles sont des légendes.
Rhéa, l’épouse de Cronos, était donc très en colère contre son mari et n’acceptait pas son attitude. De plus, elle se trouvait à nouveau enceinte. Ainsi, après avoir mis au monde Hestia, Déméter, Héra, Hadès et Poséïdon, elle attendait son sixième enfant. De peur que ce nourrisson ne disparaisse dans les entrailles de son tyrannique époux, elle demanda conseil à sa mère. Celle-ci amena sa fille dans l’arrière-pays grec afin qu’elle puisse mettre au monde son nouveau-né en toute quiétude.
« Je veux bien donner naissance à cet enfant, fit Rhéa, mais, à mon retour, mon mari le réclamera pour le manger. »
« Tu sais bien que tous les soirs Cronos est ivre. Si, sur le chemin du retour, on enveloppe une grosse pierre dans un lange, ton mari tombera dans le piège. Il ne remarquera rien ! »
C’est bien ce qui se passa et c’est dans une grotte que naquit Zeus. En tant que futur maître de l’univers, il était particulièrement bien surveillé. A l’entrée de la grotte, il y avait un nombre imposant de soldats qui faisaient semblant de se quereller afin de masquer ses vagissements et pleurs. Quant à son éducation, Rhéa avait prévu les meilleurs professeurs pour s’occuper de lui : Cynosura et Héliké.
Cynosura était une matrone. Atteignant presque deux mètres de hauteur, elle pesait au moins cent cinquante kilos. Cependant sa douceur, sa délicatesse et sa gentillesse étaient identiques à celles d’une fée. Héliké, bien qu’aussi aimable que son amie, était aussi menue et fragile qu’une libellule. Toutes deux étaient chargées de faire l’éducation du petit Zeus, notamment de lui faire découvrir les beautés de la nature. Pas une plante, pas un animal qui ne donnait lieu à un cours de zoologie ou d’herboristerie.
Tous les matins, les deux maîtresses sortaient le petit Zeus et le promenaient dans les bois et, tous les mètres, s’arrêtaient pour décrire un chardon, un liseron ou une simple coccinelle. Un matin de printemps, alors qu’une légère pluie commençait à tomber, la mère de Zeus proposa aux deux femmes de rester dans la grotte. Celles-ci protestèrent :
« Il y a des pluies de printemps délicieuses où le ciel a l’air de pleurer de joie. C’est une bonne occasion, au contraire de sortir, dit Héliké. »
« C’est également l’ange de la tendresse qui nous invite à nous rafraîchir, poursuivit Cynosura. Cette pluie est fine et légère, comme l’esprit des fées. Profitons au contraire de ses bienfaits. »
Les deux femmes s’aventurèrent en effet dans les bois, tandis que le petit Zeus s’amusait à frotter ses mains sur l’herbe humectée par la rosée qui est, rappelons-le les larmes d’Eos, la déesse de l’Aurore. Il aimait également tenter de saisir de ses petits doigts potelés les perles de rosée retenues par une toile d’épeire.
En route, ils arrivèrent au bord d’un torrent et furent intrigués par des ours qui pêchaient le saumon. Les trois curieux s’assirent sur la berge et profitèrent du spectacle tout en restant à distance.
Au bout de quelques minutes, Cynosura demanda à Zeus de lui décrire ce qu’il voyait. L’enfant, qui à six mois savait déjà marcher, parler et raisonner, répondit :
« Je vois trois groupes d’ours, des petits, des moyens et des énormes. »
« Bien, répondit la nourrice. Les petits sont les ours nés cet hiver, les moyens sont les mamans et les gros, les mâles. Mais que remarques-tu dans leur disposition? »
« Les gros sont tout seuls et parfois se disputent entre-eux alors que mamans et petits restent regroupés. Parfois également, elles jettent aux petits des poissons à moitié morts pour qu’ils apprennent à les attraper. »
« Bravo, fit Héliké en frappant des mains ! Tu es un sacré observateur ! Saurais-tu en tirer une conclusion ? »
« Les mamans ourses font comme vous. Elles s’occupent de leurs jeunes et leur montrent comment faire. Les papas au contraire les délaissent et aiment la bagarre. »
« Bien observé firent les deux femmes en chœur. Pour nous, les ourses sont les meilleures mamans du monde. Tache de t’en souvenir pour toujours les protéger. »
Cette scène resta gravée longtemps dans l’esprit de Zeus. Bien plus tard, lorsqu’il fut devenu le Maître de l’Univers, souvent il rendait visite aux deux femmes qui lui avaient fait découvrir la nature. Celles-ci étaient restées ensemble et
avaient atteint un âge canonique. La joie de revoir celui qu’elles avaient aimé bébé leur provoqua un tel choc émotionnel, que la nuit suivante elles s’éteignirent comme des chandelles fatiguées.
La réaction de Zeus fut immédiate : il allait immortaliser ses deux éducatrices en les portant au ciel sous forme d’étoiles et plus précisément sous forme d’ourse, leur animal favori. C’est ainsi que Cynosura, l’imposante éducatrice, devint la Grande Ourse et que la menue et fragile Héliké devint la petite Ourse.
Bonne lecture
Bob