LEGENDES MYTHOLOGIQUES DES CONSTELLATIONS – D'ANDROMÈDE-ACRISIOS LE ROI D’ARGOS
Connaissance & Partage
LEGENDE CONCERNANT LA CONSTELLATION
d’ANDROMÈDE
ACRISIOS LE ROI D’ARGOS
10 décembre 2020
C’était l’hiver en Argolide. Dans le parc d’Acrisios, le roi d’Argos, les arbres rabougris lançaient désespérément leurs vieilles branches dénudées vers le ciel, semblant chercher un peu de chaleur auprès du pâle disque d’or solaire. Au petit matin, alors que le château dormait encore, seule brillait la lumière venant de la chambre du couple royal. A son bureau Acrisios semblait plongé dans une profonde réflexion.
« Que fais-tu déjà levé, lui lança Eurydicé, son épouse. Tu as mal dormi, encore une fois. Tu n’as pas arrêté de bouger au cours de la nuit. Qu’est-ce donc qui te tracasse depuis plusieurs jours ? »
« Je me sens vieux et je songe sans cesse à ma succession sur le trône et… »
« Arrête avec tes idées noires, le coupa Eurydicé ! Tu as encore devant toi une bonne dizaine d’années. Quand je t’ai vu monter à cheval, hier, et faire la course avec les plus valeureux chevalier du royaume, j’ai bien senti que tu avais encore de belles ressources. »
« N’empêche qu’un jour je devrai laisser ma place. Qui donc pourra me succéder ? »
« Notre fille Danaé est pleine de vie et ses jugements sont toujours bien raisonnés et emplis de sagesse. Quant à sa vitalité… »
« Non ! Non ! hurla Acrisios ! Moi vivant, aucune femme ne deviendra reine. Jamais une femme ne dirigera un royaume et il n’est pas encore venu le siècle où elles obtiendront l’égalité avec les hommes ! » (1)
« Ce n’est pas ma faute, cria Eurydicé, si tu n ‘as pas été capable de me donner un fils. Il serait peut-être temps que tu te remettes en cause. »
« Un jour, je l’espère, les dieux me permettront de te donner un brave et solide petit garçon. »
« En parlant des dieux, rétorqua son épouse, je te conseille d’aller consulter un oracle afin de savoir si cet espoir est réalisable. »
« Voilà une bonne idée fit Acrisios. L’oracle d’Apollon à Delphes ne consultant que le sept de chaque mois, nous avons une bonne semaine pour nous organiser. »
Trois jours plus tard, accompagné de cinq gardes, Acrisios prit la route de Delphes. Lorsqu’ils arrivèrent sur place, la foule des consultants était imposante. Quant à la Pythie, elle se purifiait à la source Castalie. Cette cérémonie achevée, elle s’assit sur un trépied et se mit à mâcher des feuilles de laurier, l’arbre du dieu Apollon. Après une profonde communion avec les dieux de l’Olympe, elle fit venir les premiers fidèles qui sollicitaient une faveur ou un avis des divinités.
Deux heures après l’arrivée de la délégation venant d’Argos, ce fut le tour d’Acrisios de consulter. Deux prêtres l’aspergèrent d’eau froide avant de le présenter à la Pythie.
« Que désires-tu demander au très grand Apollon, le fils du Maître de l’Univers, fit-elle ? »
« O, Grande Prêtresse, je suis Acrisios, le roi d’Argos et je sollicite l’aide d’Apollon pour résoudre mon problème de succession. »
« Que désires-tu obtenir d’Apollon, lui demanda la Pythie ? Hâte-toi car la foule est immense ! »
« Voilà mon problème. Je n’ai qu’une fille comme descendante et j’aimerais que mon épouse me donne un fils, seul capable de me succéder. »
La Pythie ferma les yeux, leva la tête vers le ciel et se concentra. Au bout d’un temps, qui parut éternel au roi, elle annonça le verdict :
« La réponse d’Apollon, est claire, fit la Prêtresse : Non seulement tu n’auras jamais de descendant mâle mais, un jour, ton petit-fils te tuera ! »
« Mais, mais, bredouilla Acrisios… »
Sans écouter Acrisios, la Pythie frappa dans ses mains, signal pour que les deux prêtres à son service fassent venir les consultants suivants. Puis, se tournant vers Acrisios, ils lui dirent :
« Tout commentaire de la sentence d’Apollon est exclue. Rentre chez toi et médite »
Lorsque le roi revint en son royaume, sa décision était prise : Il allait emprisonner Danaé afin qu’elle ne puisse jamais rencontrer un homme et se marier. Quand il fit part à son épouse de sa décision, celle-ci versa toutes les larmes de son corps.
« Rien ne sert de pleurer Eurydicé car tu n’arriveras pas à m’infléchir ! Si tu n’es pas d’accord avec moi, je t’enfermerai avec Danaé, la menaça-t-il . »
Le lendemain, sans aucune explication, le roi conduisit sa fille dans la prison située au dernier étage de la tour du château. Seule une table, une petite armoire et une couchette grossière composaient son mobilier. Dans un coin, un ridicule cabinet de toilette permettait à la prisonnière un peu d’intimité. La pièce était sombre car la lumière n’y pénétrait que par une petite fenêtre à barreaux située à hauteur d’homme. Fort heureusement, elle donnait sur le port et son animation, et ce puits de lumière était orienté plein sud ce qui permettait au soleil de réchauffer un peu la sordide pièce.
« Voici quelques couvertures pour te protéger du froid et quelques aiguilles et de la laine pour t’occuper. Deux fois par jour je t’apporterai à manger. A bientôt et… »
« Mais qu’ai-je fait pour mériter une telle sanction, s’écria Danaé ? »
« Silence ! Telle est la sanction du dieu Apollon ! Tu as le devoir de t’y soumettre. »
Cela dit, Acrisios ferma la lourde porte à double tour et accrocha la clé à son ceinturon.
La pauvre Danaé va-t-elle moisir longtemps dans ce trou à rats ? Qui peut donc la sauver ?
(1) Je sens que ce passage va faire un tabac parmi mes lectrices…
(à suivre)
Bob