LEGENDES MYTHOLOGIQUES DES CONSTELLATIONS – LA BALANCE I
Connaissance & Partage
LÉGENDES MYTHOLOGIQUES DES CONSTELLATIONS
(Lettre B)
LA BALANCE
Premier épisode : 9 mars 2021
Il y a deux mille ans, suite au mouvement de précession des équinoxes, le point de l’équinoxe d’automne tombait devant les étoiles de la constellation de la balance. Cela signifiait qu’à cette époque-là, les nuits et les journées étaient de la même durée. Voilà pourquoi, Virgile écrivait dans les « Géorgiques » : « Quand la Balance rend égale les heures de travail et les heures de sommeil, quand le jour et la nuit partagent également le monde, laboureurs, conduisez les taureaux aux champs. »
Des traditions diverses voient dans cette constellation la balance d’Astrée, la déesse grecque de la justice, fille de Zeus et de Thémis ou encore le visage de Mechus, dieu grec des poids et mesures.
Personnellement, il y a quelques années, en journée je popularisais l’astronomie dans les Hautes Pyrénées et en soirée je racontais des légendes du ciel aux touristes. A la fin d’une de ces soirées, un couple de vietnamiens m’a parlé d’une légende de leur pays, légende que l’on pouvait rapprocher de la balance de justice d’Astrée. Selon celle-ci, une balance sacrée rendait généreux et honnêtes les gens qui la possédaient.
C’est cette légende que je vais vous narrer après l’avoir un peu romancée.
LA BALANCE D’OR
D’HIEN TUAN ET DE MY-LAN
On est dans la Baie d’Ha Long, au nord du Vietnam et de nombreuses barques de pêcheurs sillonnent les flots à la recherche de la moindre pitance. Au loin, les nuages s’amoncelaient dans un sinistre ciel d’encre, alors que les éclairs zébraient le ciel sans que la pluie ne daigne s’abattre sur le sol brûlant. Travailleurs des champs et pêcheurs se hâtaient pour rejoindre leur maison où ils espéraient se mettre à l’abri avant que ne se déchaîne la tourmente.
Dans une petite cabane faite de joncs et de roseaux entrelacés, une femme s’activait auprès d’un feu qui se consumait dans un trou ménagé au centre de la pièce principale. Elle s’appelait My-Lan, mot vietnamien qui signifie « La belle orchidée ». En attendant le retour de son mari pêcheur, elle faisait cuire quelques coquillages qu’elle avait ramassés sur les rochers.
Pendant ce temps, son mari, Hien Tuan « Le bel homme sage », péchait près de la côte afin de ramener quelques poissons. My-Lan, voyant le ciel s’obscurcir de plus en plus, commençait à s’inquiéter pour lui. Après avoir hésité, elle décida de se mettre sur le pas de la porte afin de voir si son mari se décidait à rentrer. Le voyant près d’accoster, elle plaça un fichu de laine sur ses frêles épaules et emporta un vêtement chaud pour lui.
Maintenant la pluie tombait à verse, se précipitant drue et serrée sur le sol détrempé. Sur le chemin défoncé, elle faisait mousser et crépiter de larges flaques d’eau si bien que la pauvre femme, aux premiers pas, eut les pieds trempés. Arrivée près de Hien-Tuan, elle couvrit ses épaules du vêtement chaud et l’aida à héler la barque sur la berge puis à l’attacher à un pieu solidement fixé au sol. Après quoi, sans perdre une minute, tous deux coururent jusqu’à la cabane.
Lorsqu’ils furent rentrés dans leur modeste abri, Hien-Tuan prit amoureusement son épouse dans ses bras et posa un tendre baiser sur ses joues rougies par le froid.
« Chérie, lui dit-il, pourquoi es-tu sortie ? Tu t’es mouillée pour rien ! Sûr que, vu le temps, j’allais rentrer et me mettre à l’abri. »
« J’ai eu trop peur pour toi, répondit-elle. Il ne manquerait plus que tu tombes malade ! »
« Tu es un amour, lui dit-il. »
Puis, se saisissant de son grand cabas de pêche, il ajouta :
« Je crois que je n’ai pas perdu ma journée. Regarde ! ».
Hien Tuan saisit alors son sac de pêche et en sortit quelques poissons ainsi qu’un lourd objet recouvert d’algues.
“ Je ne sais pas de quoi il s’agit fit le pêcheur. Quand j’ai soulevé mon filet, j’ai trouvé qu’il était inhabituellement lourd. En l’ouvrant, au milieu de quelques poissons, j’ai découvert ceci. Avant de le rejeter à la mer j’ai écarté les quelques algues qui le recouvraient et, à sa surface, j’ai aperçu un objet brillant. N’ayant pas le temps de m’attarder, j’ai décidé de le ramener. »
Aussitôt, le couple s’affaira auprès du mystérieux objet et, après l’avoir nettoyé, ils comprirent qu’il s’agissait d’un vrai trésor. Devant leurs yeux ébahis, ils reconnurent une balance richement recouverte de bijoux. Montants, fléaux et plateaux étaient sertis de perles précieuses.
« Cette balance doit avoir une valeur inestimable, fit My-Lan. »
« Elle doit appartenir à des gens de chez nous, lui répondit Hien-Tuan. Souviens-toi, il y a quelques années, la tempête fut si violente que de nombreux bateaux ont chaviré. Dès demain, j’irai rendre visite à notre voisin Ai Vân (1) et à son épouse Hà Than (1). »
« Bonne idée, s’enthousiasma My-lan. Eux, si démunis, vont être très heureux de profiter de ce trésor ».
« Si toutefois, il est bien à eux, fit remarquer Hien-Tuan. »
« Hà Than m’a déjà annoncé qu’ils avaient perdu beaucoup de matériel dans leur naufrage, répondit My-Lan et, qu’avant cette catastrophe, ils étaient riches.»
« Demain, nous serons renseignés, répondit son mari. Au retour de la pêche, j’irai leur rendre visite. »
Quelle va être la réaction des voisins ?
INFORMATION SUR LES NOMS VIETNAMIENS
(1) : Ai Vân : « Celui qui aime les nuages ». Hà Than : « Rivière limpide »
(à suivre)
Bob