LEGENDES MYTHOLOGIQUES DES CONSTELLATIONS – DU CYGNE "ZEUS ET NEMESIS"
Connaissance & Partage
CONSTELLATION DU CYGNE
09 septembre 2021
Zeus à la poursuite de Némésis
Après s’être transformée en couleuvre, Némésis s’approcha de plus en plus de la grotte où résidait sa mère, la déesse de la Nuit. Elle seule était capable de la cacher durablement et de la conseiller efficacement. Après avoir traversé monts et vallées, rivières et lacs, forêts et prairies, la pauvre couleuvre arriva, enfin, chez elle. Ses écailles, soulevées de place en place, laissaient perler quelques gouttes de sang.
« Oh ! ma pauvre enfant, s’indigna Nyx compatissante ! Viens dans mes bras pour que je te console. Mais avant que tu me racontes tes aventures, je vais soigner tes affreuses blessures. »
« O Mère, si tu savais, pleurnicha Némésis. Le grand Zeus s’est épris de moi et je ne puis m’en débarrasser. J’ai beau me métamorphoser en animal, il réussit instantanément à faire de même. Il ne me lâche plus et sans l’intervention d’un brave fermier je serai sa prisonnière. »
« Ma pauvre enfant, voilà un grand malheur, lui répondit sa mère. Reste dans la grotte aussi longtemps que tu voudras mais sache que nul ne peut échapper à son destin. Lorsque le seigneur de l’Olympe est fou d’amour, il parvient toujours à ses fins et on ne connaît aucune mortelle ni aucune déesse qui ait réussi à lui échapper et à lui tenir tête. »
A peine Nyx avait-elle prononcé ces mots qu’un énorme python jaillit entre elle et sa mère. Le reptile fondit sur Némésis pour l’enserrer de ses anneaux puissants. La jeune fille reconnut, là, Zeus métamorphosé. En un réflexe salvateur elle se jeta sur le côté et se transforma en chauve-souris. En un clin d’oeil elle disparut dans la noirceur de la grotte alors que Zeus sidéré la perdait de vue. Redevenu lui-même, il sortit de la grotte et la chercha à l’extérieur.
Dans la salle obscure au plafond couvert de concrétions et de stalactites, une petite rivière serpentait entre des rochers. Sans hésiter, la chauve-souris plongea dans le miroir glacé et devint source fraiche qui s’infiltra dans les anfractuosités des roches calcaires.
Après une course de plusieurs kilomètres, elle parvint dans un torrent impétueux pour arriver dans une large vallée fleurant bon l’herbe grasse et la mousse épaisse. Elle se métamorphosa alors en truite en s’abandonna aux caresses du courant.
Némésis croyait s’être enfin débarrassée du Maître de l’Olympe. Dans l’eau claire et limpide elle se prélassait à l’abri d’un rocher sur le dos duquel les gouttes se brisaient en perles de soleil. Le courant le long de son corps lui produisait des sensations si douces qu’elle remarqua bien trop tard un ours pêchant saumons et truites du bord du torrent.
D’un coup de patte bien ajusté, l’animal envoya le poisson dans les airs. Némésis eut juste le temps, avant d’être jetée au sol de se transformer en cygne. Hélas, dans son envol précipité, l’élégant oiseau ne vit pas les branches d’un saule qui bordait le torrent. Il s‘assomma sur une grosse branche et perdit connaissance.
Cet incident fut remarqué par Zeus qui, vous l’avez deviné, s’était lui-même transformé en ours. Il releva le cygne sans connaissance et examina sa plaie sanguinolente. Sur le crâne de l’oiseau, on voyait la chair meurtrie et même un peu d’os. Il posa l’animal au sol et chercha dans les environs des plantes efficaces pour soigner les plaies, suivant en cela les consignes de son petit-fils Asclépios, le fils d’Apollon et le Dieu de la Médecine par les Plantes.
Jusqu’au soir, Némésis resta sans connaissance et lorsqu’elle se réveilla, elle était dans les bras de Zeus. Trois jours durant, le Maître de l’Olympe soigna ses plaies et ce n’est qu’au matin du quatrième jour que la jeune fille, toujours transformée en cygne, sortit de son étourdissement. Ayant repris ses esprits elle retrouva son aspect humain et remarqua le changement de Zeus. Celui-ci avait maintenant un comportement humain et méritait peut-être qu’elle considère avec plus d’attention ses sentiments. C’est le cinquième jour de sa convalescence, que Zeus se confia à elle :
« Pour te donner une preuve supplémentaire de ma passion, j’ai décidé que le fruit de notre union serait une fille et, que devenue adulte, elle serait la plus belle femme du monde. Je peux même te promettre qu’elle aura une grande destinée et que l’on parlera d’elle des siècles et des siècles durant. »
Némésis dut admettre qu’elle se faisait une idée erronée de Zeus. Elle était persuadée que la trouvant assommée sur la berge du torrent, il allait abuser d’elle. Tout au contraire, il ne se montrait nullement entreprenant mais tendre et sentimental. Lorsqu’elle évoqua son infidélité légendaire, il parut surpris :
« J’ai toujours aimé la gent féminine, qu’elle soit déesse ou simple mortelle. J’ai toujours eu des rapports avec elle et je leur suis fidèle car je leur rends visite dès que mon emploi du temps de Maitre de l’Olympe me le permet. Mes maîtresses donnent toujours naissance à des êtres exceptionnels qui, sans moi, n’existeraient pas. Sans moi, pas d’Arès, le dieu de la Guerre ni d’Hermès, le dieu du Commerce et le Messager des Dieux. Pas d’Héraclès ni de Persée et encore moins d’Apollon.
Je pourrai encore te citer des dizaines de personnages qui ont aidé les hommes à se débarrasser des monstres, vampires et autres calamités qui régnaient sur terre. »
Zeus parlait si bien et paraissait si convaincant que Némésis se blottit dans ses bras. Les deux amants s’unirent et restèrent quelques temps ensemble. Lorsque Némésis décida de rejoindre sa mère, Zeus lui fit une promesse :
« Dans quelques jours, de nouvelles étoiles apparaîtront dans le ciel car, en souvenir de notre aventure, je porterai un cygne sur la voûte céleste. Pour moi il s’agit de la métamorphose la plus élégante que tu aies prise pour échapper à ma poursuite. Quant à nous deux, nous allons nous séparer quelques jours mais je viendrai te retrouver dans la grotte de ta mère. A bientôt Némésis, ma princesse de la nuit. »
Après un long baiser, les deux amants se séparèrent.
Quant aux prédictions de Zeus, elles se réalisèrent effectivement. Némésis mit au monde une fille qu’elle appela Hélène et qui, devenue adulte, fut considérée comme la plus belle femme du monde, la Belle entre les Belles. Préférée à Héra, l’épouse de Zeus et à Aphrodite, la déesse de l’Amour, elle épousera Ménélas le roi de Sparte. Pâris, le fils de Priam, le roi de Troie, l’enlèvera ce qui déclenchera la fameuse guerre de Troie.
Zeus placera effectivement sur la voûte céleste un cygne qui est l’une des plus belles constellations du ciel boréal. Mais pour la représenter, j’attendrai de conter les deux dernières légendes la concernant.
Bonne lecture
Bob
Zeus et Némésis