ASTRO-NOTES SCHTROUMPFER SUR LA LUNE
Connaissance & Partage
ASTRO-NOTES
16 mars 2023
SCHTROUMPFER SUR LA LUNE
Les Schtroumpfs habitent dans des champignons et nous pourrions bientôt les imiter car, depuis quelques années, architectes et exobiologistes développent des concepts de myco-architecture pour de futurs habitats lunaires ou martiens.
La perspective d’une installation durable des humains sur la Lune (et pourquoi pas dans un futur plus lointain sur Mars) n’en finit pas de stimuler l’imagination des scientifiques. Après les briques de régolithe cimentées à l’urine des astronautes, après les habitats pliables comme des cocottes en papier, voici que certains envisagent de construire les futures bases grâce à des champignons. Selon ces visionnaires l’avenir appartiendrait semble-t-il aux cosmoschtroumpfs ou aux schtroumpfonautes…
Aux premiers rangs d’entre eux, l’exobiologiste Lynn Rothschild du Nasa Ames Research Center, en Californie. Associée à l’architecte américain Chris Maurer, elle étudie depuis plusieurs années le potentiel des champignons dans l’architecture : « Dans un environnement où les ressources sont rares, il sera plus malin de faire pousser les habitations plutôt que de les construire… » assure-t-elle dans un article paru cet automne.
Bien sûr, il ne s’agit pas de vivre dans des cèpes géants, mais d’utiliser le mycélium des champignons, ces longs et fins filaments qui courent dans le sol et permettent aux champignons de se développer et de se nourrir.
S’il peut sembler étrange de s’appuyer sur ce matériau vivant pour bâtir, c’est que nous avons oublié, prétend Lynn Rothschild que « …la construction des habitats humains a impliqué des matériaux biologiques depuis la préhistoire. Avant d’être en briques, nos maisons étaient en bois et, avant d’être en bois, elles étaient en peaux… ».
Par ailleurs, de la fabrication de la bière à celle du pain, de la production d’antibiotiques à celle des fertilisants, les champignons sont partout. Alors, pourquoi ne pas utiliser les formidables propriétés du mycélium et sa croissance rapide pour imaginer nos futures habitations lunaires ?
Le mycélium permettrait de réduire considérablement les besoins en ressource et en énergie pour construire un habitat sur un autre corps céleste assure la chercheuse et son équipe. Ainsi, plutôt que de transporter de lourds parpaings il serait mieux de les construire sur place.
Un habitat à base de mycélium pourrait, par ailleurs, participer au recyclage des déchets, à la filtration de l’eau, voire même à l’éclairage via la bioluminescence. Mieux encore : Comme certains champignons, riches en mélanine, ont la capacité de résister à la radioactivité, le mycélium pourrait être utilisé pour assurer la protection des astronautes contre les rayons cosmiques.
Grâce au financement de la Nasa, la chercheuse et son équipe ont déjà testé l’élasticité et la résistance du mycélium de plusieurs espèces de champignons et les résultats sont positifs. D’ailleurs, en Namibie, on fabrique déjà des briques à partir du mycélium de champignons cultivés sur des copeaux de bois d’acacia.
Alors pourquoi ne pas les fabriquer sur la Lune, voire sur Mars ?
A réfléchir !
Bonne lecture
Bob