ASTRO-NOTES : ITER : UNE ETOILE DOIT S’ALLUMER SUR LES BORDS DE LA DURANCE
Connaissance & Partage
ITER : UNE ETOILE DOIT S’ALLUMER SUR LES BORDS DE LA DURANCE
ASTRO-NOTES du 8 juin 2023
(Premier chapitre)
Voici un siècle que l’humanité connaît le secret de l’énergie des étoiles : la fusion nucléaire. Et s’il était temps, désormais, de la domestiquer ?
Près du village de Saint-Paul-lez-Durance, (Bouches du Rhône) physiciens et ingénieurs de plus de trente pays vont tenter l’exploit. Là, plusieurs immenses bâtiments se construisent à la fois. Cinq cent entreprises interviennent sur le site où « Nous espérons réaliser notre première expérience de fusion nucléaire vers 2035 » confirme le physicien Alain Bécoulet.
Depuis 2005, sur un site de 180 ha dont une bonne moitié est laissée aux bons soins de la nature avec ses chauve-souris barbastelles et ses scarabées, la Chine, l’Inde, le Japon, la Corée du Sud, la Russie, les Etats-Unis et l’Union Européenne travaillent ensemble pour tenter de domestiquer la plus puissante source d’énergie qui soit : « Celle qui fait briller le Soleil depuis 4,5 milliards d’années » s’enthousiasme Alain Bécoulet, le responsable de toute l’ingénierie du projet.
Si ce scientifique de renom s’est engagé dans l’aventure de la fusion il y a plus de trente-cinq ans, c’est autant par gout des équations compliquées que pour leurs promesses bien concrètes : « La fusion nucléaire de 1 gramme d’hydrogène en hélium produirait autant d’énergie que la combustion de 8 tonnes de pétrole. Et ceci, sans émettre de gaz à effet de serre ! »
En effet, la réaction de fusion de l’hydrogène en hélium va puiser au coeur de la matière. Alors que la combustion chimique détruit et crée des molécules libérant de l’énergie en réarrangeant des assemblages d’atomes, la combustion nucléaire modifie les édifices de protons et de neutrons. Comme l’avait compris en son temps l’astrophysicien britannique Arthur Eddington (1882-1944) ainsi
que le Français Jean Perrin (1870-1942) à la même époque, la réaction nucléaire transforme les noyaux atomiques eux-mêmes.
Bien sûr, pour déclencher cette réaction…il faut payer le prix. C’est à dire, dépenser de l’énergie pour précipiter violemment les noyaux les uns contre les autres. C’est tout le défi de la mise au point d’un réacteur à fusion nucléaire : il faut qu’il puisse produire, en continu, plus d’énergie qu’il n’en consomme pour entretenir la réaction.
C’est en Californie que vient d’être franchi, le 5 décembre 2022 et ce pour la première fois ce seuil symbolique, dit « seuil d’ignition ».
Nous en reparlerons dans le deuxième chapitre.
Bonne lecture
Bob