PETIT MOT DU DIMANCHE : PRODUIRE DE L’ENGRAIS AVEC DU RÉGOLITHE LUNAIRE
Connaissance & Partage
PRODUIRE DE L’ENGRAIS AVEC DU RÉGOLITHE LUNAIRE
PMDD du 3 décembre 2023
Tous les experts le disent : l’installation durable d’humains sur la Lune ne sera possible que si l’on parvient à faire pousser des plantes à sa surface. En Norvège, un groupe de scientifiques et d’ingénieurs cherche un moyen de convertir le sol lunaire en le fertilisant.
Il ne s’agit pas encore de transformer la « magnifique désolation » décrite par l’astronaute Buzz Aldrin en jungle luxuriante, mais le sujet d’une étude norvégienne qui, financée par l’Agence spatiale européenne ne laisse pas d’intriguer.. En effet, il s’agirait de « Permettre à l’agriculture lunaire de produire des engrais à partir de régolithe enrichi ». Tel est l’objectif d’Ethel Tolentino et de son équipe de Solsys Mining de Oslo.
A première vue, la juxtaposition des mots agriculture et lunaire paraît incongrue. Et pourtant, si nous voulons un jour nous installer vraiment dans une base permanente sur la Lune, il faudra bien passer par les plantes. Et pas seulement pour se nourrir même si ce sera leur fonction principale. En effet, compte tenu des coûts de l’énergie, il sera impossible sur le long terme de convoyer de la nourriture depuis la Terre.
De plus, les plantes serviront à purifier l’air, à recycler l’eau et, sans doute, à assurer le bien-être psychologique des humains désormais…déracinés. Or, assure l’équipe norvégienne dans la note de présentation de ses études, pour cultiver ces plantes, il n’y aura pas d’autres choix que de « se tourner vers les matériaux disponibles dans l’environnement lunaire ». Il faudra donc jeter notre dévolu sur l’eau présente dans quelques cratères des pôles dont le fond ne voit jamais le jour et vers le régolithe, cette couche de roche pulvérisée qui recouvre la Lune et dans laquelle Aldrin, encore lui, a laissé une empreinte de chaussure célèbre.
Mais, comment s’y prendre ?
En 2022, trois scientifiques américains ont montré que la petite Arabidopsis thaliana pouvait se développer dans des échantillons lunaires tout en soulignant que sa croissance était très lente. En effet, le régolithe lunaire n’est pas un substrat anodin car, sur le sol lunaire, l’exposition continue aux météorites, aux rayons cosmiques et au vent solaire le rend plutôt hostile au développement des racines. Sans compter les différences physico-chimiques entre le sol terrestre qui contient des minéraux, de l’air, de l’eau, de la matière organique et des microorganismes alors que le sol lunaire n’enferme pas de sol au sens biologique du terme.
Mais les chercheurs sont optimistes car ils prétendent qu’à l’exception de l’azote réactif, tous les éléments qui sont nécessaires à la croissance des plantes sont présents dans le régolithe. Leur étude débutée en janvier 2022, devrait s’achever dans les mois qui viennent.
Si ces chercheurs ont de l’humour, ils pourraient appeler leur étude :
« Comment jardiner avec la Lune… » ce qui ne manquerait pas de réjouir les journalistes de la revue horticole « Rustica ».
Bonne lecture
Bob