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ASTRO-NOTES : LES ASTRONOMES EN QUÊTE  DE SOBRIÉTÉ DE CARBONE

PETITES CHRONIQUES DU CIEL EN BREF

ASTRO-NOTES : LES ASTRONOMES EN QUÊTE DE SOBRIÉTÉ DE CARBONE

Connaissance & Partage

LES ASTRONOMES EN QUÊTE

DE SOBRIÉTÉ DE CARBONE

ASTRO-NOTES du 29 février 2024

L’astronomie émet du CO2. Elle est même dans le peloton de tête de la recherche publique. Face au défi climatique, les scientifiques « des étoiles » tentent de s’organiser pour réduire l’empreinte carbone de leur discipline, instruments compris.

Il y a des signes qui ne trompent pas.

En juin 2023, à Strasbourg, lors du colloque annuel de la Société Française d’Astronomie et d’Astrophysique, la session dédiée à la transition énergétique a attiré plus de monde en soulevant une question d’actualité :

« Quels leviers pouvons-nous mettre en œuvre afin de réduire l’empreinte environnementale de

l’astronomie ? ».

Cette question semble désormais pressante car les astronomes viennent de prendre conscience du poids écrasant des grands instruments dans leur empreinte carbone. En effet, selon Jürgen Knödlseder, directeur de recherche au CNRS « Un an d’observation avec le Very Large Telescope au Chili, équivaut à 10 000 tonnes d’émission de CO2.»

C’est ainsi que la revue « Nature Astronomy » a publié une étude qui a fait beaucoup de bruit dans les laboratoires. Pour la première fois, l’empreinte carbone mondiale des infrastructures de recherche en astronomie était soulignée et correspondait à environ 1,2 million de tonnes d’équivalent CO2 par an. Soit, sur tout leur cycle de vie, construction incluse, 20 millions de tonnes équivalent CO2.

A titre d’exemple : 1 million de tonnes pour le télescope Hubble et plus de 500 000 pour le VLT.

Jusqu’alors les astronomes pensaient que leur empreinte carbone était dominée par leurs déplacements en avion vers les lointains observatoires ou à l’occasion des congrès internationaux.

Ces vols pèsent, en effet, car un aller-retour Paris-Santiago correspond à plus de 2 tonnes éq.CO2, émises par personne, soit presque un quart de l’empreinte carbone annuelle d’un Français moyen.

Mais ils le font peu au regard des émissions produites par la fabrication et l’utilisation des grands instruments. Selon une estimation mondiale : « Un astronome professionnel serait à l’origine d’environ 50 tonnes d’émission de gaz carbonique chaque année par sa seule activité professionnelle dont 37 tonnes liées à ses outils de travail ».

Les faits sont là : si nous voulons atteindre la neutralité carbone en 2050, pour espérer limiter le réchauffement climatique à + 1,5° C, il nous faut réduire nos émissions de gaz à effet de serre d’environ 50% d’ici 2030, puis continuer au même rythme les deux décennies suivantes. Dit autrement, il faut baisser les émissions mondiales de 7 à 8 % par an jusqu’au milieu du siècle.

Lorsqu’on sait que les mesures drastiques prises à l’occasion de la pandémie du covid n’ont réduit les émissions en 2020 que de 6,4% par rapport à l’année précédente, on mesure l’ampleur du défi.

Selon Jürgen Knödlseder, « …il faut que les astronomes renoncent à leurs joujoux ! » c’est à dire qu’il faut qu’ils réduisent l’usage et la construction de nouveaux grands télescopes.

Un débat qui risque de soulever pas mal de protestations mais qui paraît indispensable.

Bonne lecture

Bob