ASTRO-NOTES : TÉLESOPES GÉANTS Deuxième partie
Connaissance & Partage
TELESCOPES GEANTS
L’Europe décolle, l’Amérique s’enlise
Astro-notes du 23 mai 2024
Deuxième partie
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, les Etats-Unis sont en train de perdre du
terrain sur les autres pays au niveau des télescopes super-géants. Ce sont les engins de
plus de 24 mètres de diamètre qui, actuellement, annoncent la prochaine révolution
astronomique. Entre autres prodiges, ces appareils seront capables de révéler les secrets
de la formation des premières étoiles de l’univers et d’analyser l’atmosphère des
exoplanètes habitables à la recherche de signes de vie.
Côté Europe, le champion dans la catégorie des « géants » se nomme ELT, ce qui signifie
Extremely Large Télescope avec son miroir de 39 mètres de diamètre. Déjà en construction
au sommet du Cerro Armazones au Chili il doit entrer en service en 2028. Selon son maître
d’œuvre l’ESO (ou Agence Spatiale Européenne), il sera, une fois achevé, « le plus gros œil
ouvert sur le ciel ».
L’écurie américaine, quant à elle, concourt avec deux télescopes : le Giant Magellan
Télescope (GMT) de 24,5 mètres et le Thirty Meter Telescope de 30 m de diamètre. Coût
estimé : respectivement 2,5 et 3 milliards de dollars dont une bonne partie a été levée
auprès d’investisseurs privés.
Pour boucler le budget de ces appareils américains, les astronomes espéraient un coup de
pouce de la National Science Foundation (NSF) qui soutient les gros projets de sciences
fondamentales du pays. Hélas, fin février 2024, l’agence fédérale a annoncé qu’elle n’avait
que 1,6 milliards de dollars à consacrer aux télescopes géants sur les 2,6 escomptés. Ainsi,
ils annonçaient ne pouvoir financer
qu’un seul instrument sur les deux.
Quelle que soit la décision finale de
la NSF, les Etats-Unis semblent donc
en mauvaise posture.
D’un côté, l’ELT européen contre le
GMT américain. Qui va l’emporter ?
Le sommet du Mauna Kea
Le problème c’est qu’à peine commencé, le GMT américain est déjà dépassé. Selon Guy
Perrin (1) : « Cet appareil, composé de sept miroirs de chacun 8,4 m d’ouverture, offre une
surface collectrice de 24,5 m de diamètre. Sa résolution sera donc presque deux fois
moindre que celle de l’ELT européen... »
Par contre, le TMT américain est un adversaire plus à la hauteur du géant européen mais
depuis que le Mauna Kea sur Big Island à Hawaï a été sélectionné pour être son site de
construction, le colosse américain est enlisé dans une bataille politico-judiciaire avec les
peuplades locales.
En effet, pour les Hawaïens natifs, le Mauna Kéa est un endroit sacré. Pour eux, l’érection
d’un nouvel ouvrage de béton et de fer sur ces vénérables terres est un sacrilège. Voilà 15
ans que, de manifestations en blocages sur la route d’accès au sommet, d’arrestations de
protestataires et recours auprès de la Cour suprême, le chantier est à l’arrêt.
Du géant en devenir, seule la première pierre a été posée.
Que peuvent faire les américains ?
Bonne lecture
(à suivre)
Bob