LÉGENDE DE LA CONSTELLATION DU VERSEAU
Dernier épisode
17 mai 2022
Ganymède est transformé en étoiles
Lorsque Zeus quitta le royaume troyen, il était résolu à faire de Ganymède son échanson malgré le refus de ses parents. A peine arrivé en son palais, il se dirigea vers son immense volière et choisit l’aigle le plus solide et le mieux dressé, en lui confiant une mission délicate : s’emparer de Ganymède sans le blesser.
Un jour que celui-ci se reposait au bord d’une rivière, le rapace le ravit de ses serres puissantes et « délicates » comme le dira Ovide. Il le conduisit ensuite au palais de Zeus. En même temps Hermès, le plus fidèle dieu de l’Olympe, rencontrait le roi et la reine pour leur faire part des décisions de Zeus suite à la disparition de leur fils. Il leur annonça deux bonnes nouvelles :
« Ganymède pourra rejoindre votre château une semaine par mois pour vous rencontrer. De plus, à sa mort, il sera porté au ciel sous forme d’étoiles. Et, pour vous dédommager, il vous fera parvenir 2 juments immortelles et ultra rapides. »
Devant ces promesses, Tros et Callirrhoé acceptèrent les conditions proposées par Zeus, sachant que, quoiqu’ils fassent, ils seraient impuissants à le faire revenir sur sa décision.
De son côté, Ganymède s’adaptait très bien à ses nouvelles tâches, d’autant plus qu’il fascinait tous les dieux par sa gentillesse, la délicatesse de sa gestuelle et sa jovialité communicative. Zeus les surveillait jalousement, craignant qu’un autre dieu ne lui ravisse son amant. Il était effectivement bien placé pour savoir que, chacun d’entre-eux, avait le fâcheux défaut de ravir les amants ou amantes des autres. Au cours des repas, le jeune troyen emplissait de nectar les verres du cristal le plus fin et servait l’ambroisie dans les plats d’or tandis que les dieux attablés menaient un assourdissant vacarme fait d’éclats de rire, de cris ou de chansons paillardes.
Lors de ses visites au château de Troie, Ganymède expliquait à ses parents tout ce qu’il faisait sur le Mont Olympe et leur affirmait qu’il prenait plaisir à servir les dieux. C’est ainsi que le roi et la reine finirent par être fiers de leur fils et pardonnèrent à Zeus de l’avoir ravi. Par ailleurs, ils étaient heureux que celui-ci soit, à sa mort, porté au ciel.
Bien des années passèrent…
Comme tous les mortels Ganymède vieillit lentement et finit un jour par s’éteindre. Le Maître de l’Olympe organisa alors une soirée de « catastérisation » c’est à dire une soirée au cours de laquelle une personnalité était portée au ciel sous la forme d’étoiles.
Bien entendu, l’heureux élu était Ganymède. Il gisait au milieu de toutes les divinités réunies, le corps couvert de fleurs des champs. Après avoir imploré les Destinées et Gaia, la Terre-Mère, le Maître du ciel leva majestueusement les bras et lança un ordre puissant qui fit s’éteindre toutes les étoiles du firmament. Sirius, la plus brillante de toutes disparut, Rigel, l’astre blanc-bleuté, s’éclipsa tandis qu’Antarès, le rouge, s’évanouissait. Séléné, la Déesse-Lune, pourtant en son plein, pâlit et seul resta, à son emplacement, un timide halo jaune pâle.
Lorsque le ciel fut entièrement débarrassé de tous ces luminaires, Zeus s’approcha d’un foyer spécialement allumé pour la cérémonie, saisit une branche enflammée, s’approcha de Ganymède et frotta entièrement son corps avec la branche cramoisie. De la tige rougeoyante jaillirent des milliers d’étincelles qui, soulevées par les forces divines, gravirent le ciel et vinrent se fixer sur le jais du firmament. Devant le miracle, même les dieux les plus avertis des prouesses de Zeus, restèrent interdits : Les étincelles se transformèrent en étoiles et dessinèrent le corps de Ganymède portant une jarre d’où jaillissait un jet d’eau.
Dans un silence de cathédrale, Zeus s’adressa alors à son amant étoilé :
« Désormais et pour la nuit des temps, tu seras l’échanson céleste, celui qui sert aux dieux le nectar divin et l’ambroisie sacrée. Celui aussi, qui aide aux ablutions les divinités de l’Olympe et que nous appelions par amusement, « le Verseau », celui qui verse l’eau… »
Dans la cité troyenne, les habitants étaient particulièrement fiers qu’un tel miracle eut lieu chez eux. Depuis ce temps-là, à la fin de l’été, saison anniversaire de la métamorphose de Ganymède, les jeunes gens organisent des jeux particulièrement appréciés par les plus jeunes. Ils allument d’immenses brasiers autour desquels ils dansent et chantent. Puis lorsque ne restent que des braises, le jeu consiste à sauter au-dessus d’elles, le champion étant celui qui réalise le bond le plus spectaculaire. Quand la nuit était bien noire, tous admiraient la constellation du Verseau qui symbolisait Ganymède, le bel échanson des Dieux.
LA CONSTELLATION DU VERSEAU
Bonne lecture
Bob