PRINCIPAUX MYTHES GRECS - ERIGONE ET DIONYSOS
Connaissance & Partage
ERIGONE ET DIONYSOS
26 NOVEMBRE 2020 La tragédie d’Erigoné
A son réveil, Érigoné fut affolée car une odeur de vomi emplissait sa chambre. Elle se précipita dans l’escalier qui menait à sa salle principale et fut stupéfaite : toutes les chaises et la table étaient renversées, les verres brisés jonchaient le sol au milieu de traces de sang et de vomi. L’odeur était écœurante. Elle se rendit dans la chambre de son père pour lui demander des explications mais prit peur lorsqu’ elle constata que son lit n’était même pas défait. Il n’avait pas dormi là. Mais où était-il donc ? Elle revêtit un châle et se précipita vers la maison proche où habitait l’épouse d’un des participants à la réunion d’Icarios. A peine eut-elle frappé à la porte que la voisine en sortit.
« Mon père est-il chez toi, lui demanda-t-elle ? Je n‘y comprends, il est introuvable et n’a pas dormi dans son lit et chez moi tout est sens dessus-dessous. Il y a même du sang et du vomi au sol. Il s’est certainement passé quelque chose de grave cette nuit. Qu’en pense ton mari ? »
« Lui non plus n’est pas rentré de la nuit. Ce n’est pas dans ses habitudes même si, certains soirs, il rentre très tard. »
« Cela n’explique ni le vomi ni le sang qui souillent la grande pièce, fit Erigoné »
Les deux femmes se rendirent chez Icarios et constatèrent les dégâts. Elles en conclurent qu’un drame s’était vraiment déroulé et que tous les participants s’étaient enfuis. Erigoné, affolée prit rapidement sa décision :
« Je vais partir sur le champ à la recherche de mon père. »
« Tu ne sais pas où il est allé, fit la voisine. Quelle direction vas-tu prendre ? »
« Ma petite chienne Maéra le connaît bien. Si je lui fais sentir un de ses vêtements, elle saura me mettre sur sa piste. »
« Attends-moi, je viens avec toi, fit la voisine ! »
Effectivement, dès qu’elle eut reniflé la veste de chasse d’Icarios, la chienne fonça directement vers la montagne.
Erigoné dut lui demander de ralentir afin de pouvoir suivre la cadence.
A la fin de la matinée, la fidèle Maéra se figea et gémit devant un amoncellement de pierres.
Erigoné et sa voisine enlevèrent les pierres et découvrirent le corps inerte et ensanglanté de son père. Érigoné s’allongea sur le cadavre en poussant de terribles cris qui figèrent toute la forêt.
Lorsqu’elle n’eut plus aucune larme dans son corps, elle réfléchit à la raison qui avait pu provoquer ce désastre. La blessure de son père, le vomi et le vin répandu dans la salle de réunion lui permirent de comprendre le déroulement de la séance chez elle. Les voisins avaient bu plus que de raison et étaient devenus fous. Il fallait avertir Dionysos.
Les deux femmes revinrent au village afin qu’Érigoné récupère, chez elle, le papier sur lequel le dieu des vendanges avait noté son itinéraire. Ceci fait, les deux femmes se dirigèrent vers le village où Dionysos devait poursuivre son initiation.
Dès qu’il fut informé du drame, le dieu leur promis son soutien et leur expliqua sa stratégie :
« Je vais mener mon enquête auprès du maire d’Athènes car, à mon avis, c’est dans cette ville que les assassins ont dû se cacher. Quant à vous, récupérez le corps d’Icarios et organisez un enterrement digne de sa valeur. Quand j’aurai des informations je vous rejoindrai et nous verrons ensemble la suite à donner à cette affaire. »
Ainsi fut fait. Tout le village était en pleurs le jour de la cérémonie. Erigoné fut très entourée et sa voisine l’invita chez elle quelques jours. Toutes les femmes du village s’occupèrent du nettoyage de la salle où avait eu lieu la maudite réunion. Finalement, trois jours après la jeune orpheline revint chez elle, la chienne Maèra sur ses talons.
Le soir, se retrouvant seule avec sa chienne, elle fut en proie à une véritable dépression. Voilà maintenant qu’elle était sans père ni mère dans cette grande maison. Son cœur s’emballa. C’est alors qu’elle perdit la raison, se rendit dans la cave, s’empara d’une grosse corde et se pendit à la plus solide branche du magnifique chêne qui ornait sa cour.
La voyant immobile et insensible à ses aboiements, la petite Maéra la pleura toute la nuit prostrée au pied de l’arbre. Au petit matin, alors que la Lune plongeait sous l’horizon, elle se précipita dans le puits qui trônait au milieu de la cour.
C’est ce jour-là que Dionysos se présenta dans le village.
(à suivre)
Bob
(Le dessin d’Erigoné devant le cadavre de son père est tiré du Tome 2 de mes 5 livres sur les légendes des constellations écrites lorsque j’étais directeur du planétarium de la Charente. Le dessin est de Danièle FRAINNET. 1995)