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LEGENDES MYTHOLOGIQUES DES CONSTELLATIONS – LE CORBEAU I

PETITES CHRONIQUES DU CIEL EN BREF

LEGENDES MYTHOLOGIQUES DES CONSTELLATIONS – LE CORBEAU I

Connaissance & Partage

LÉGENDE DE LA CONSTELLATION DU CORBEAU

1er juin 2021

OBSERVATION SUR LES RELATIONS ENTRE LES DIEUX OLYMPIENS ET LES ANIMAUX

Les principaux dieux olympiens étaient en relation plus ou moins directe avec un animal. Par exemple, Zeus, le « Maître de l’Univers », avait un aigle comme animal favori alors que son épouse Héra, préférait le paon. Athéna choyait la chouette alors qu’Aphrodite adorait la colombe. Artémis aimait la biche et Poséidon le cheval. Dans la légende qui va suivre, il sera question du corbeau d’Apollon. Mais attention, pas un corbeau noir, avec un gros bec et un chant des plus lugubres comme le sont les corbeaux actuels. Non ! A l’époque tous les corbeaux étaient blancs, avaient un bec des plus fins et chantaient aussi bien sinon mieux que les rossignols. De plus, celui dont je vais vous conter la légende savait parler comme vous et moi et était plus malin et rusé qu’un renard.

Premier épisode

Apollon est amoureux

Quand on est amoureux, on n’est pas normal : on rit d’un rien, on explose de joie à n’importe quelle occasion, on ne voit jamais le mal car tous les évènements glissent sur notre perpétuelle bonne humeur.

Telle était l’état d’âme d’Apollon au début de cette légende. Fier de son aventure coquine, il allait à un rendez-vous avec Daphnée, la fille du dieu du fleuve Pénée. Il l’avait rencontrée la veille, nageant comme une sirène dans les eaux limpides du fleuve. Lorsqu’elle sortit des flots, nue comme une sirène, il fut immédiatement séduit. Il faut dire qu’à cette époque-là, les dieux avaient le sang chaud, à l’instar de Zeus dont on ne compte plus les aventures.

Voyant Apollon, la belle se couvrit et, comme dit le poète, une seule feuille de vigne lui suffit. Bien qu’intimidée, Daphnée fut immédiatement séduite par le bel Apollon. Il faut reconnaître que le jeune dieu avait de nombreux arguments pour séduire une jeune fille. Je suis d’ailleurs sûr que la plupart de mes lectrices auraient succombé au premier regard du bellâtre…

Le jeune dieu cheminait donc sur une sente avec, accroché à son épaule, un carquois rempli de flèches acérées. Son corbeau voletait autour de lui et parfois, venait se poser sur son autre épaule ou encore sur sa tête. Soudain Apollon vit arriver, cheminant sur le même sentier, Eros, le dieu de l’Amour qui, chacun le sait, est le fils d’Aphrodite.

« Et bonjour Apollon, fit le jeune dieu, où vas-tu d’un pas si alerte ? Tu m’as l’air tout guilleret. Seuls les amoureux ont une allure si dynamique. »

« J’ai une belle qui m’attend au bord de la rivière, répondit Apollon. Je la connais depuis peu mais mon coeur s’enflamme dès que je pense à elle. »

« Quelle est donc cette charmante personne qui chavire ton coeur avec une telle ardeur ? »

« Peut-être la connais-tu ! Il s’agit de la ravissante Daphnée, la fille de Pénée le dieu du fleuve de Thessalie. »

« Bien sûr que je la connais et c’est vrai qu’elle est ravissante. Cependant, si j’ai un conseil à te donner, méfietoi d’elle car, selon ce que l’on dit, elle accorde facilement ses faveurs… »

« Tu dis cela parce que tu es jaloux, rétorqua Apollon. Bien sûr qu’avec ton physique ingrat tu n’as aucune chance de séduire une fille aussi belle qu’elle. »

A ces mots, le corbeau intervint pour calmer le débat entre les deux divinités. Se posant sur l’épaule de son maître il lui souffla à son oreille :

« Du calme mon maître ! Du calme ! Sais-tu qu’Eros possède des pouvoirs extraordinaires, justement en ce qui concerne les aventures amoureuses. Il est capable de faire se disputer les plus fidèles amants ou se chérir les pires ennemis ».

Mais Apollon, sûr de ses pouvoirs, crut bon de tenir tête à Eros, allant jusqu’à se moquer de son tout petit carquois contenant de minuscules flèches.

« Tu les utilises pour tuer les mouches ou les papillons ? » lui lança-t-il en éclatant de rire. Vexé, Eros salua le jeune prétentieux et poursuivit sa route en ayant dans l’idée de se venger de cet individu trop sûr de lui.

Il faut dire que, quoique minuscules, ses flèches avaient d’extraordinaires pouvoirs. Il en existait de deux sortes : les unes avaient une pointe en or, les autres une pointe en plomb.

Si deux êtres, qu’ils soient humains ou animaux, avaient leur coeur transpercé par une pointe à l’extrémité en or, ils devenaient irrémédiablement amoureux l’un de l’autre. C’est ainsi que Pasiphaé, la femme du roi Minos et le taureau de Crête furent attirés l’un par l’autre et engendrèrent le fameux Minotaure. Si au contraire, deux coeurs amoureux étaient transpercés par une flèche à l’extrémité de plomb, ils se détestaient à jamais. Est-il nécessaire de préciser que tout cela se passait sans que la personne ou encore l’animal ne sentit la moindre douleur.

Eros osera-t-il utiliser ses flèches pour se venger d’Apollon ?

(à suivre)

Bob