PETIT MOT DU DIMANCHE - LA PLANÈTE FANTÔME VULCAIN
Connaissance & Partage
PETITE HISTOIRE DU CIEL
PMDD du 26 mars 2023
Chapitre 24
LA PLANÈTE FANTÔME VULCAIN
Fort du succès de sa découverte de Neptune, Urbain Le Verrier porta son attention sur une énigme que lui présenta d’abord François Arago (1786-1853), directeur de l’observatoire de Paris et concernant l’orbite de Mercure autour du Soleil. Après avoir conçu un modèle prédisant le parcours de la planète, l’astronome fut déconcerté de constater, en 1843, que ses calculs ne correspondaient pas aux observations. Il décida donc de relever le défi et, en 1859, publia une minutieuse étude démontrant que le périhélie de son orbite, (le point le plus proche du Soleil) se déplaçait légèrement plus vite que prévu (1).
Le Verrier déclara que l’explication la plus probable consistait en l’existence d’une planète encore inconnue en orbite entre le Soleil et Mercure et qui aurait une taille semblable à celle-ci. Etant donné la proximité de cette planète par rapport au Soleil, la chaleur y serait telle qu’elle pourrait s’appeler Vulcain, dieu romain du feu et des volcans.
Compte tenu du précédent succès de Le Verrier, il y avait peu de raisons de trouver une faille dans ses affirmations, mais il avait tout de même besoin d’observations empiriques pour consolider sa théorie. Or, celles-ci ne tardèrent pas à arriver. En 1859, Le Verrier fut contacté par un médecin et astronome amateur du nom d’Edmond Modeste Lescarbault, originaire d’Orgères-en-Beauce, qui était certain d’avoir observé la planète inconnue à travers son humble télescope de 95 mm, tandis qu’elle était passée devant le Soleil plus tôt dans l’année.
Le Verrier s’empressa de rendre visite à Lescarbault et, satisfait de son travail, il s’empressa d’annoncer l’existence de Vulcain lors d’une réunion à l’Académie des Sciences de Paris. La planète, déclara-t-il, tourne autour du Soleil à une distance de 21 millions de kilomètres, sur une période de 19 jours et 7 heures.
Le Verrier commença alors à recevoir plusieurs rapports qui appuyaient ses affirmations. En janvier 1860, quatre observateurs londoniens prétendaient avoir été témoins du transit présumé de la nouvelle planète devant le Soleil et, en mars 1862, un certain Mr. Lummis de Manchester jurait avoir observé un phénomène similaire.
Enfin, en juillet 1878, deux observateurs expérimentés, James Craig Watson et Lewis Swift affirmaient avoir vu une planète du type de Vulcain qu’ils décrivaient comme étant de couleur rouge.
Ni confirmée ni démentie, la recherche de Vulcain se poursuivit jusqu’au XXème siècle. Après la publication, en 1916, de la relativité générale d’Albert Einstein (1879-1955), l’idée d’une telle planète fantôme fut finalement abandonnée. D’autant plus que la nouvelle théorie développait une vision révolutionnaire de la gravité de la mécanique classique qui expliquait enfin l’incohérence du périhélie de Mercure.
Enfin, l’éclipse solaire du 29 mai 1919, permit de conclure à l’inexistence d’une planète entre le Soleil et Mercure.
Allait-on s’arrêter là dans la recherche d’une nouvelle planète dans le système solaire ?
C’était sans compter sans la ténacité d’un certain Percival Lowell qui croyait, à la fois aux Martiens, mais aussi à l’existence d’une nouvelle planète au-delà de Neptune…
A suivre donc...
Bonne lecture
Bob
(1) Phénomène dû à ce que l’on appelle la précession des équinoxes. Ce décalage était de 43 secondes d’arc par siècle. Le fait de détecter une variation aussi insignifiante montre à quel point la mécanique céleste fondée sur les lois de Newton avait alors fait de sérieux progrès.