LIBAN COMMUNAUTAIRE
Connaissance & Partage
LIBAN
COMMUNAUTAIRE
A rebours d’une opinion généralement très favorable au Liban, un temps considéré dans les années 50-60 comme la Suisse du Proche Orient, l’historien orientaliste Maxime Rodinson dans une tribune du Monde de 1989 – «De la peste communautaire » – suite à « l’affaire des foulards » de Creil y voit un véritable cauchemar : l’État comme fédération de « communautés ». Ce qui a conduit dans l’environnement régional très conflictuel après la « Guerre des 6 jours » à une interminable guerre civile qui s’amorce à partir de 1967 et qui n’a jamais vraiment cessé depuis, alimentée par les interventions plus ou moins directes des voisins, qui trouvent un relais dans les factions et les milices qui clivent la population libanaise.
LA PREMIERE QUESTION A AFFRONTER EST DE VOIR CE QUI DANS LE SYSTEME LIBANAIS EMPECHE DE FAIRE SOCIETE.
Précisons ce terme : faire société présuppose le regroupement de personnes libres, souveraines dans leurs choix, qui peuvent en changer au fil du temps, ce qui a pour corollaire le respect de l’opinion des autres, sans que la diversité des opinions ne soit remise en question par la volonté hégémonique de l’une d’entre elle. La forme politique « Etat » est ce qui doit permettre de maintenir la fluidité des positions au sein de la société tout en organisant sa cohésion. Mais contradictoirement cette forme s’est forgée au fil de l’histoire comme l’expression et le moyen d’exercice du pouvoir d’un groupe, d’une classe, d’une caste etc. La résolution de cette impasse apparente réside dans l’option de la « République », forme appelée à gérer le bien public pour garantir le bon fonctionnement en « société ». L’égalité fondamentale des personnes trouve sa réalisation dans la « citoyenneté ». Comme les personnes sont en permanence libres de leur choix, le pouvoir qu’exerce l’Etat peut en permanence être interrogé, contesté, renversé (ce qui se passe actuellement au Belarus en est une illustration flagrante). Cet « ordre », toujours instable et transitoire, implique donc la responsabilité du « citoyen » comptable du bon fonctionnement de la société par la discussion, le débat, la confrontation des opinions qui mutent au fil des transformation des conditions sociales. Quand un peuple fait « société », la conflictualité des opinions se résout sous la loi du droit commun, tout citoyen pouvant avoir des adversaires mais pas d’ennemis, tant que ce droit commun, garantissant le respect des personnes et des opinions, sans cesse réévalué par la jurisprudence, est respecté.
Le communautarisme refuse précisément ce droit commun, refus qu’il justifie par l'appartenance à une « communauté » spécifique (ethnique, religieuse, linguistique, sexuelle etc.) lieu préalable d’assignation des individus, ainsi privés de leur reconnaissance comme personne libre et changeante. Le communautarisme exige de régler les problèmes qui surviennent entre ses membres, ou les impliquant, selon des lois propres, dérogatoires à la loi commune. Pensez aux « expéditions punitives » tchétchènes à Dijon et à Saint-Dizier en ce mois d’août, encensées par ce « démocrate » avéré qu’est Kadyrov : « Je pense que les actes des Tchétchènes ont été corrects ! ». Le communautarisme apparaît comme la réactivation d’une structure bien acceptée dans les systèmes politiques de type Empire mais contre lesquels la Révolution française a cherché à faire naitre une « Nation », un peuple souverain et solidaire, portée par l’option de la « République ». Si l’idéal reste à mon sens inatteignable – l’idée d’un effacement des conflits, d’une disparition des contradictions, d’une « fin de l’histoire », relevant du fantasme – un grand pas a été fait en 1905 en coupant radicalement le cordon ombilical associant Etat et Religion. Car pour désamorcer la contestation, tous les pouvoirs ont eu tendance à revendiquer un mandat divin pour se légitimer vis-à-vis de « sujets ».
La laïcité, en désacralisant le pouvoir, en le révélant pour ce qu’il est, un rapport de force social éminemment transitoire, est un des fondements de la liberté des personnes et de l’exercice de la citoyenneté.
QU’EN EST-IL AU LIBAN ?
Se définissant comme une République, l’article 9 de sa constitution pose le principe de « la liberté de croyance » mais précise tout de suite que « l'État, en s'acquittant des devoirs de révérence envers Dieu Tout-Puissant respecte toutes les religions et sectes » et qu’ « il garantit également aux personnes de confessions différentes le respect du système de statut personnel et des intérêts religieux ». [c’est moi qui souligne]. Le code pénal libanais punit les personnes qui accomplissent des actes considérés comme un blasphème contre le nom de Dieu et impose des sanctions pénales aux personnes qui insultent publiquement les pratiques religieuses de quelque religion que ce soit.
Les questions de droit privé relevant du statut personnel (comme le mariage, la filiation, les successions) sont traitées par les juridictions de chacune des 18 communautés religieuses reconnues par l’État (douze chrétiennes, cinq musulmanes et une juive). Chaque communauté possède sa propre juridiction et gère ses propres organisations sociales et éducatives.
Ce pays fait donc reposer son existence sur le confessionnalisme.
On conçoit dans de telles conditions qu’Hassan Nasrallah, le chef politico-religieux de la « communauté chiite », ait tourné en dérision les appels des manifestants dans la rue au « dégagisme » du personnel politique corrompu – le Hezbollah en fait partie – pour la constitution d'un gouvernement "neutre", affirmant qu'il "n'existe pas de personnes neutres au Liban" (dépêche AFP 14/8/2020).
Dans sa réalité, ce pays a été « inventé » par la France, en digne « fille aînée de l’Eglise » à partir du 19e siècle sous le pouvoir de Napoléon III « le petit », venant au « secours » des chrétiens du Mont Liban, persécutés par les musulmans des régions voisines. Son territoire est découpé en 1920 dans l’espace confié par un mandat de la Société Des Nations à la France en conclusion du démembrement de l’empire Ottoman. Le mandat entérinait le partage conclu en 1916, au cours de la guerre, entre la France et la Grande Bretagne par les accords Sykes-Picot dans le plus pur esprit colonial qui règne alors. La France entreprend d’occuper le territoire promis dès le 8 octobre 1918 – débarquement à Beyrouth et occupation de la côte – alors que la guerre se poursuit avec l’Allemagne. Un royaume arabe tente de s’implanter sur le territoire syrien avec Fayçal à sa tête et Damas comme capitale, comme cela avait été promis par les Britanniques qui ont poussé à la révolte arabe contre le pouvoir turc ottoman. Mais la France ne l’entend pas ainsi et s’en tient aux accords Sykes-Picot : elle fragmente les territoires occupés en micro-états (des Alaouites, du Liban, des Druzes, d’Alep, de Damas) puis, forte des résolutions du traité de Sèvres, son armée occupe Damas au cours de l’été 1920 (mais la conquête du territoire durera 3 ans !), tandis que le Mont Liban peuplé de chrétiens décide de son indépendance par rapport à la Syrie musulmane.
Le 1er septembre 1920, le général Gouraud proclame la création de l'État du Grand Liban. Pour rendre viable cet état dont la population chrétienne est concentrée dans le nord de la montagne libanaise et en noyau à Beyrouth – constitué après la création du port par la France en 1887 – il a englobé dans ses frontières, sous la pression du patriarcat maronite, de larges parts de territoires agricoles peuplés de musulmans. Ce Grand Liban, pure création confessionnelle, se proclame République en 1926 dans le cadre du mandat français, mais structurant le système étatique dans un partage communautaire religieux entre chrétiens sunnites et chiites. L’indépendance n’est acquise qu’en 1943, la fin du mandat étant imposée par la puissance britannique aux représentant d’une France vaincue et occupée et d’une France Libre encore dans les limbes.
L’organisation politique confessionnelle, amorcée sous le mandat est entérinée dans la constitution du pays sur la base d’une distribution des pouvoirs selon la composition religieuse de la population du pays en 1932, premier et unique recensement réalisé. Comme si l’Histoire s’était figée depuis bientôt un siècle…
Vous comprenez maintenant pourquoi Macron s’est précipité au Liban après l’explosion dans le port de Beyrouth.
CE DRAME A DECLENCHE UNE VAGUE DE SOLIDARITE POUR « AIDER LE PEUPLE LIBANAIS ».
MAIS C’EST QUOI « LE PEUPLE LIBANAIS » ?
Lors du recensement de 1932, on compte 785 mille habitants. Les chrétiens sont alors majoritaires – un peu plus de 51% - mais d’obédiences diverses : les maronites sont 226 mille mais il y aussi de forts contingents de grecs orthodoxes, de grecs catholiques, d’arméniens myaphisites, etc. Chez les musulmans, les sunnites dominent – 195 mille – devant les chiites – 136 mille– et les druzes.
Mais aujourd’hui savoir combien il y a de Libanais relève du casse-tête. Faute de recensement on ne peut que retenir des estimations d’autant plus contestées et contestables que chaque communauté tend à gonfler ses effectif pour justifier ses revendications dans le partage du gâteau accessible par le pouvoir : le Hezbollah avance le chiffre de 65 % de musulmans dont 40 % de chiites alors que l'Église maronite cite le chiffre de 50 % pour les chrétiens. Selon l'Annuaire de la démographie religieuse internationale de 2019, il y aurait 38% de chrétiens et 62% de musulmans (avec peut-être plus de chiites que de sunnites, mais à moins de 30% chacun selon les estimations les plus crédibles), ce décompte étant effectué sur les personnes ayant le droit de vote aux élections législatives au Liban.
Trois facteurs sont à prendre en compte pour aborder ce problème démographique :
*Avec les conflits à ses frontières, une masse considérable de réfugiés, Palestiniens pour les plus anciens, Syriens pour les plus récents, résident dans le pays. Prenons le cas des Palestiniens. L’UNRWA (L’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine) en compte 475 mille, l’Université américaine de Beyrouth les estime autour de 270 mille, tandis que le Bureau Central des Statistiques Palestinien en dénombre 175 mille. Pour les Syriens les données varient de 1,2 million à plus de 1,5 million dont environ 500 mille enfants.
*L’émigration à toujours été une tendance forte à partir de la fin du 19e siècle et s’est accélérée durant la période de la guerre civile (1975-1990) surtout pour les chrétiens et s’est maintenue depuis les années 80 sur un rythme soutenu mais avec désormais une prédominance nette des musulmans. Une vaste et puissante diaspora de l’ordre de 4 millions de Libanais pour la génération la plus récente, est estimée à plus de 14 millions en intégrant 4 générations depuis les premières vagues, dont plus de la moitié réside au Brésil (6 M.) et en Argentine (1,5 M.)
*L’afflux récent de population a généré un véritable baby boom dans le pays. Alors que le taux de fécondité continue à décroître chez les Libanaises « de souche », il reste nettement supérieur à 2,1 chez les immigrées. Mais comme le droit libanais ne reconnaît pas le droit du sol, ces enfants nés au Liban depuis une décennie sont apatrides, donc sans droits.
Pour une population qui était encore estimée inférieure à 3 M. d’habitants en 1990, à la fin de la guerre civile, l’estimation la plus récente que j’ai trouvée (juillet 2020 ) est de peu inférieure à 8 M. Si l’on déduit environ 2 M de réfugiés ou d’étrangers résidents, on constate un doublement de la population libanaise « de souche » dont la moitié s’agglutine à Beyrouth (3M), mais dans un espace nettement ségrégé depuis la guerre civile, et à Tripoli (1M).
Dans ces conditions, la distribution du pouvoir selon le rapport de force des communautés de 1932 même amendée à la marge par les accords de Taëf (1989) n’est vraiment plus de mise. Mais conserver le système tel quel, maintient l’opacité sur la composition de la population – qui voulez-vous aider et comment dans ces conditions ? – favorise les proliférations mafieuses et la corruption généralisée qui dès les années 60 qui ont conduit à la guerre civile, prolongée par l’occupation syrienne et désormais par l’ingérence iranienne. Chaque clan, pour défendre ses ressources et son territoire – Beyrouth Ouest musulman contre Beyrouth Est chrétien – s’est doté alors d’une milice armée, dont la plus puissante est celle du Hezbollah auréolée de sa résistance à l’occupation israélienne du sud Liban.
LE COMMUNAUTARISME C’EST AU MINIMUM LA MAFIA AU PIRE LA GUERRE CIVILE.
Bien au-delà du Liban et le plus souvent sur une base confessionnelle le communautarisme exacerbe les tensions et ravage les « Etats nations » créés lors de la décolonisation et la fin de la Guerre froide, du plus grand – Modi revendiquant une Inde purement hindouiste – au plus petit – le démantèlement de la Yougoslavie à nos portes en offrant son lot de confettis mafieux (pensons au Monténégro déjà né et au Kossovo peut-être à naître…). Et cela quelle que soit la religion : catholiques et protestants en Ulster, vieil héritage des guerres de religions de l’Europe occidental, bouddhistes contre tamouls hindouistes au Sri Lanka, bouddhistes contre musulmans au Myanmar, musulmans contre chrétiens et animistes en Centrafrique et au Soudan débouchant dans ce dernier cas sur la sécession du Sud Soudan. L’actualité vous permet d’allonger cette liste sans peine…
Le Liban constitue cependant un cas d’école.
Il illustre parfaitement la thèse que défend l’anthropologue Maurice Godelier dans son ouvrage LES TRIBUS DANS L’HISTOIRE ET FACE A L’ETAT (CNRS Editions – 2010) : « Si bien des tribus ont été à l’origine de divers Etats, beaucoup d’entre elles n’ont pu continuer d’exister que parce qu’un Etat les soutenait dans leur existence ».
De 1920 jusqu’en 1975, 26 familles, à base clanique, féodale ou commerçante dans l’Empire Ottoman, vont monopoliser à elles seules le tiers des sièges de députés, avec une continuité sans faille. Aujourd'hui encore, on hérite souvent, de père en fils, des sièges de députés et des présidences des partis. La guerre civile (1975-1990) marque une rupture toute relative : les milices vont fonctionner comme des appareils de mobilité sociale ascendante pour les enfants des classes moyennes, Aoun poussé par le clan Gemayel et Hariri émergeant grâce à son succès économique mais relais du clan syrien des Assad. Mais leurs chefs sont restés des membres des grandes familles. Seul le Hezbollah qui se forme au début des années 80 présente une configuration nouvelle, inspiré des partis de style soviétique, les grandes familles chiites féodales du Sud et de la Bekaa – Zein, Osseirane, Hamadé, Khalil, Asaad – étant laminées dès le début de la guerre.
Comme le Liban s’est formé autour du noyau chrétien maronite, ce sont les familles de ce groupe – les Gemayel, Frangié, Lahoud, Chamoun, Mouawad entre autres – qui ont dominé jusqu’en 1975. Depuis la fin de la guerre civile, elles sont en perte de vitesse mais conservent au niveau local, une base forte fonctionnant en clientèle. Les familles sunnites ont, elles aussi, vu leur influence s'effriter depuis la fin de la guerre, en partie parce qu'il n'y a jamais eu de milice sunnite proprement dite mais surtout parce qu’aucune n’a été en mesure de faire contrepoids aux Hariri, soutenus par l’Arabie Saoudite.
Les émigrations massives de chrétiens et de sunnites ainsi que les dynamiques démographiques ont renforcé le poids de la communauté chiite qui a évoluée d’une tentation « socialiste » à un intégrisme religieux devenant par ses financements un instrument de la géopolitique de l’Iran : du communisme au khomeinisme en quelque sorte…
Le pouvoir actuel a pour pivot l’alliance entre le Hezbollah de Hassan Nasrallah et le Courant patriotique libre de Michel Aoun avec en renfort le mouvement Amal de Nabih Berri et en poire pour la soif Saad Hariri, à qui la consolidation du pouvoir d’Assad en Syrie offre un avenir. Leur ciment ? le rejet des Palestiniens, des réfugiés syriens, majoritairement sunnites hostiles à Assad et la volonté farouche de maintenir en place le système. Tous peuvent se satisfaire des propositions d’aide internationale mais pas de ses conditionnalités (pas d’enquête internationale sur l’explosion du port par exemple) mettant en cause la nature maffieuse de l’Etat. Et comme les politiques de l’opposition ont tout autant profité du système, on comprend le dégagisme que revendiquent les manifestants dans la rue depuis le drame.
Car le plus grave est à venir pour le pays. Ayant calé sa monnaie sur le dollar, le pays s’est lancé dans une course folle pour attirer les capitaux étrangers – en particulier ceux de la diaspora – en proposant des taux de rendement délirant (jusqu’à 18% !). Tout le système bancaire libanais, cautionné par la Banque centrale, s’est lancé dans une pyramide de Ponzi (les intérêts sont financés grâce aux nouveaux capitaux déposés). Aujourd’hui, toutes les banques libanaises sont techniquement en faillite. Pour l’éviter, les comptes des déposants sont bloqués, la Banque centrale laisse la monnaie se déprécier à grande vitesse et les services de base ne sont plus financés (les hôpitaux ne sont pas payés depuis deux ans !). Mais cet argent n’a pas été perdu pour tous le monde. Hady Farah, fondateur de Hiram Finance et membre très influent de la diaspora, estime à plus de 40 milliards de dollars le total des fonds détournés par les hommes politiques libanais, tous partis confondus. Comme les envois de fond de la diaspora avoisinent les 7 milliards de dollars par an (7,2 en 1918) « Ceux qui ont travaillé cinquante ans pour se construire un petit trésor au Liban risquent de tout perdre ».
Avez-vous dans ces conditions, envie de remplir le tonneau des Danaïdes ?
EN GUISE DE CONCLUSION JE VOUS OFFRE « L’ELEPHANT ROSE » DE L’ECRIVAIN AMIN MAALOUF
[Les citations sont extraites d’une interview accordée au Point le 13-8-2020]
« Ce qui a causé le drame, c’est la corruption, et c’est l’incurie. Le pays est truffé de zones de non-droit où les diverses factions se livrent à leurs trafics lucratifs.[… ] Seul un État fort et omniprésent aurait pu souder la population libanaise, renforcer les liens entre les citoyens et les pouvoirs publics, et réduire de la sorte la dépendance des Libanais envers les dirigeants de leurs communautés respectives ».
La condamnation est sans appel mais la solution laisse plus que rêveur : « Il faudrait une initiative globale à laquelle prendraient part les cinq membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies : la France, les États-Unis, la Russie, la Chine et le Royaume-Uni. J’insiste : tous les cinq, ensemble et, dans un premier temps, personne d’autre, sauf peut-être l’Union européenne. Ensemble, ils mettraient en place une administration provisoire, chargée de reconstruire le pays sinistré dans tous les secteurs qui ne fonctionnent plus ».
Comment penser à ce « miracle d’unanimisme » pour sauver le Liban alors que depuis plus d’un demi siècle les résolutions concernant Israël et la Palestine, votées à l’ONU, restent lettres mortes. Comment penser que les Etats Unis qui ont sabordés l’accord sur le nucléaire avec l’Iran vont s’entremettre pour un pays qui ne représente rien pour eux ?
« Être libanais, c’est croire profondément en la nécessité impérative d’une coexistence harmonieuse, et peut-être même fusionnelle, entre les différentes composantes de l’humanité… Et, en cela, je suis et je resterai libanais jusqu’à mon dernier souffle ».
Ce que Maalouf définit comme « libanais » est ce que j’appelle un « républicanisme laïc » dans le début de ce texte. Il faut faire confiance aux manifestants dans leur rejet du confessionnalisme qui, outre la structuration maffieuse du pays, est un vecteur des ingérences des puissance voisines.
« Libanais, sauvez vous vous-même,
ni Dieu ni César, ni tribuns… »
Mais sortir des griffes des maffias n’est ni simple ni rapide, l’exemple de l’Italie nous le rappelle sans
cesse : l’assassinat d’Hariri en 2005 fait écho à celui du juge Borsellino en 1992.
Le 19 Août 2020
Jean BARROT