GAIE-ZEUS and C°- CHAPITRE N°1
Connaissance & Partage
Les évènements dont je vais vous entretenir sont inspirés (le style en moins, l’humour en plus), de la « Théogonie d’Hésiode » poète grec qui vivait au milieu du VIIIème siècle avant J.-C. Avec ces textes, j’abandonne la science et l’astronomie pour parler des légendes et des mythes anciens. On ne peut les ignorer car, comme le dit l’écrivain, critique littéraire et essayiste français Bernard Plessy :
« Les peuples qui n’ont plus de légendes sont condamnés à mourir de froid »
CHAPITRE N°1
Au début était le CHAOS PRIMORDIAL. Combien de temps dura-t-il ? Nul ne le sait puisque ce fameux « NUL » n’existait pas. Il ne pourrait donc témoigner.
La première à apparaître fut GAÏA» , « la TERRE ». Mais attention, pas n’importe quelle Terre. Une Terre dans laquelle rien n’avait encore été créé : Pas un arbre, pas une seule prairie, aucune étendue de sable. Pas le moindre sifflement d’oiseau ou le bourdonnement d’une abeille. Un silence à faire peur !
Et cela dura une éternité. Or, comme le dit Grucho Marx,
« L’éternité c’est long, surtout vers la fin »
Au bout d’un temps incommensurable, Gaïa commença à se plaindre de sa solitude:
- « Bon sang, qu’est-ce que je m’ennuie ! Et dire que cela va durer, durer et encore durer. »
Hélas, personne ne l’entendit, puisqu’elle était seule, la pauvrette !
Mais, un jour, elle eut une idée :
- « Ce serait moins monotone si j’avais des enfants. Je pourrais jouer avec eux, les promener, les cajoler, leur donner le biberon ». (Notez, tout de même, sa grande perspicacité car, en ces temps reculés, les biberons n’avaient pas encore été inventés).
Gaia, réfléchit longuement et en vint à tirer la conclusion des plus logiques :
- « Pour avoir des enfants, il me faudrait un mari ».
Cependant Gaia ne voulait pas n’importe quel mari.
« Il me faudrait un mari qui soit à la hauteur ! »
J’ajouterais même qui soit à la largeur car, pour les câlins, il fallait qu’il s’allonge sur sa femme d’Est en Ouest et du Nord au Sud. Imaginez le gabarit. On ne trouve pas cela sous les sabots d’un cheval, d’autant plus qu’en ces temps-là, les animaux n’existaient pas encore et, bien entendu, les chevaux non plus.
C’est ainsi que, sans l’intervention d’un élément mâle, Gaïa donna naissance à OURANOS.
(Cela se reproduisit beaucoup plus tard avec la vierge des chrétiens…Petits copieurs !)
Maintenant Gaia avait un homme rien que pour elle. Elle en était fort heureuse et jouissait d’un gros avantage. En effet, à l’époque, il n’y avait pas de match de foot à la télé, pas de jeux vidéo abrutissants et pas de sorties en boîte. ! Tous les soirs Ouranos lui appartenait. Il s’allongeait sur elle et lui faisait de gros câlins. En effet, ce mari était, dirions-nous aujourd’hui, un « un chaud lapin ».
Comme en ces temps reculés la contraception n’avait pas encore été mise au point, les ébats furent prolifiques.
En premier, naquirent six filles et six garçons de belle taille.
« Chéri ! Comment les appellerons-nous, demanda Gaia à son mari ? ».
-« Ma petite Galinette (En effet, c’est ainsi qu’Ouranos appelait Gaia dans l’intimité). Ne pourrait-t-on les appeler « Titanides » pour les filles » et « Titans » pour les garçons ?
- « Parfait, mon petit Oura d’amour ! Fais-moi autant de Titans et de Titanides que tu voudras ! Nous ne manquons pas de place pour les loger ni pour qu’ils puissent se dégourdir les jambes. »
En second naquirent six monstres : trois horribles Cyclopes et trois monstrueux Géants-Aux-Cent-Bras. Ils étaient si laids et terrifiants qu’ils faisaient peur à Gaia. Quant à Ouranos, il en vint à les détester car, à l’âge de trois ans déjà, il les surprit en train de comploter.
« Notre père est un incapable disait Cottos, l’aîné des Géants-auxCent-Bras ! Il passe ses journées à se bronzer au Soleil et ses nuits à chevaucher notre pauvre mère. Or, il y a beaucoup à faire sur cette immense Terre. »
Le Cyclope Stéropès
« C’est bien vrai, tonna le Cyclope Argès !
« Et on s’y ennuie à mourir, fit le Géant Briarée. Que de place perdue ! »
« Chassons notre père, s’écria Stéropés qui apeurait ses frères avec son œil unique qui lançait des flammes. A nous six, nous dirigerions le monde bien mieux que lui. »
En entendant ces paroles menaçantes, Ouranos se souvint d’une nuit au cours de laquelle il avait perçu une voix lointaine qui disait « Un jour les enfants renverseront leurs parents afin de prendre leur place. »
Furieux, Ouranos décida de ne pas se laisser faire et décida d’agir. Il réussit à piéger les Cyclopes et les Géants en les enfermant dans le Monde Souterrain pour enchaîner aux parois rocheuses. Or, ce nigaud avait oublié que le Monde souterrain était formé par les entrailles de Gaia, son épouse. Bien entendu, cela finit par causer à Gaïa de terribles coliques…
Un soir, au moment du dîner, elle fit part à son mari de ses ennuis gastriques :
« Figure-toi mon chéri que depuis quelques jours j’ai de terribles douleurs d’estomac. Je ne sais pas ce qui se passe. Je voulais demander au Cyclope Brontès de me soigner avec ses plantes médicinales mais je ne l’ai pas trouvé, ni aucun de ses cinq frères pas plus que les Géants-Aux-Cent-Bras! »
- « C’est normal, lui répondit Ouranos. Je les ai tous enfermés dans le Monde Souterrain. »
- « Mais pourquoi as-tu fait cela, hurla Gaia ! C’est horrible ! »
- « Figure-toi que je les ai surpris en train de préparer une mutinerie. Ils envisagent de m’éliminer afin de me remplacer à la tête de notre monde car je ne serais qu’un incapable. Tu ne voudrais tout de même pas que j’accepte de me faire dévaloriser et détrôner par mes enfants ? Seuls les Titans et les Titanides sont restés neutres. Eux vont rester parmi nous.»
« Il y avait peut-être une autre solution, s’exclama Gaïa ! Tu aurais pu leur parler, essayer de les convaincre ou encore de les…… »
« Ça suffit ! rugit Ouranos en frappant du poing sur la table. Des enfants qui complotent contre leur père sont irrécupérables ! Il fallait les sanctionner sévèrement. Là où ils sont, ils ne pourront pas me nuire ! »
La discussion s’envenima et dura toute la nuit sans que jamais Ouranos n’accepte de revenir sur ses positions. Dans le couple l’atmosphère devenait de plus en plus électrique si bien qu’en désespoir de cause, Gaïa décida de se séparer de son mari. Il fallait libérer les Cyclopes et les Géants-aux-Cent-Bras afin que cessent ses terribles crampes.
Pour chasser son mari, elle ne pouvait compter que sur ses enfants et notamment sur son fils le plus intelligent et le plus habile :
C’est ainsi qu’intervint le Titan CRONOS.
(à suivre)
Robert CARDE