TITIEN - ADAM ET ÈVE
Connaissance & Partage
TITIEN - ADAM ET ÈVE
« Chaque vérité possède quatre coins : je montre un coin, à toi de trouver les trois autres ». Confucius
En plein débat sur les fondements religieux et moraux qui agite le Concile de Trente (1545-1563) dont va sortir la doctrine de la Contre Réforme catholique, la peinture à Venise connaît un âge d’or produisant à foison des tableaux de nus féminins dont la composante sensuelle voir érotisante est parfaitement assumée. Rien à voir avec des images à tendance pornographique qui circulent largement sous le manteau. Ces œuvres se légitiment par un recours à la culture mythologique gréco-romaine, dont seules les classes dominantes possèdent pleinement les codes et sont seules à les voir, dans leurs appartements et leurs palais.
De septembre 2009 à janvier 2010 s’est tenue une superbe exposition au musée du Louvre sous le titre : « Titien, Tintoret, Véronèse … rivalités à Venise ».Toute une étape du parcours était consacrée à La Femme désirée, articulée en 3 moments : “La femme offerte”, “La femme en péril”, “Petits tableaux décoratifs à sujet féminin”. Dans cette production, Titien (1488-1576) tient une place importante.
Héritier d’une Renaissance marquée par le néoplatonisme, Titien se trouve désormais plongé dans les perturbations sociétales qu’engendre la crise religieuse ouverte par Luther. Le Catalogue de cette exposition note qu’une querelle d’interprétation s’est développée autour des nus de Titien. Certains critiques n’y voient « que de simples “pin up” avant la lettre » tandis que d’autres considèrent ses œuvres comme « des images complexes chargées de significations symboliques »
Je vous propose donc de me suivre à la découverte d’une œuvre conservée au musée du Prado qui fut pour moi une révélation et un coup de cœur, il y a une trentaine d’année : Adam et Eve, élaboré par Titien vers 1550 pour le roi Philippe II. Comme je vous l’ai déjà indiqué c’est à peu près le seul thème religieux chrétien qui peut justifier la représentation de nus.
Rubens, venu en ambassade auprès du roi d’Espagne en 1629-30 pour tenter de trouver une issue à la Guerre des Gueux en Flandres (fortement influencée par l’indépendance des provinces du nord, devenue République des Pays Bas en 1580), découvre l’œuvre de Titien et a lui aussi un choc émotionnel et esthétique. Il en fait illico une copie en introduisant cependant quelques modifications qui, à mon point de vue, dénaturent le sens de l’œuvre. A vous de jouer : cherchez les « erreurs ».
BON, DIREZ-VOUS, ADAM ET EVE ON CONNAIT …
Pas si sûr à mon avis. Un bref retour vers les 3 premiers chapitres de la Genèse dans la Bible s’impose. Il s’agit d’un récit qui tisse 2 sources différentes. Le 1er récit désigne Dieu sous le nom d’Elohim tandis que le 2e utilise la dénomination de Iahvé. Lorsqu’Elohim crée le monde, au 6ème jour il crée « l’homme à [son] image » (ch.1 verset 26 : homme est ici à entendre non comme genre mais comme espèce), les crée « mâle et femelle » (ch.1 verset 27), les invitant à fructifier et à se multiplier (ch.1 verset 28), en leur donnant pour nourriture tout ce qui se trouve « sur la surface de toute la terre et tout arbre qui a en lui fruit d’arbre » (ch.1 verset 29 ; c’est moi qui souligne). C’est alors que Iahvé entre en scène et « forma l’homme, poussière provenant du sol » (ch.2 verset 7), cette fois-ci homme valant pour genre. Puis il l’isole du reste du monde, dans un jardin, l’Eden, où se trouvent énoncés pour la 1ère fois 2 arbres spécifiques « l’arbre de vie au milieu du jardin et l’arbre de la science du bien et du mal. » (ch.2 verset 7) avec interdiction d’y toucher. C’est alors qu’il s’avise de la solitude d’Adam « je vais lui faire une aide qui soit semblable à lui » (ch.2 verset 18). Et pas à moi Iahvé : ce qui implique qu’il est genré masculin – l’homme est à son image – et qu’il doit trouver un subterfuge de création. Et nous voilà parvenu à l’épisode le plus vulgarisé par le christianisme : la création de la femme à partir d’une côte de l’homme, un produit dérivé en somme… (ch.2 versets 21, 22, 23). Et privée de ce « petit quelque chose » qui la laisse à l’écart du divin. Ce qu’exploite le serpent (ce « petit quelque chose » absent ?) qui entre alors en scène (ch.3 verset 1), incitant la femme à goûter le fruit de l’arbre interdit qu’elle partage avec l’homme (ch.3 verset 6). « Les écailles leur tombèrent des yeux, ils virent et surent qu’ils étaient nus » (ch.3 verset 7). Iahvé cherchant au jardin ses créatures, l’homme cafarde : « la femme que tu as mise auprès de moi, c’est elle qui m’a donné de l’arbre et j’ai mangé » (ch.3 verset 12). La malédiction de Iahvé tombe sur les protagonistes de cette affaire de désobéissance qui sont chassés du jardin d’Eden par les Chérubins et expédiés à l’orient d’Assur (ch.2 verset 14).
La contradiction entre les 2 récits est flagrante : à l’égalité substantielle de l’homme et de la femme, à l’injonction « croissez et multipliez », sans restrictions sur les fruits des arbres de la Création d’Elohim, celle de Iahvé instaure l’inégalité de genre, des mesures d’interdit, et pour le devenir humain la douleur de l’enfantement et la malédiction de la mort. Il a tellement loupé sa copie qu’il passe par la case Déluge pour la refaire, sans mieux s’en sortir que la 1ère fois. Jésus devra en payer le prix.
Angoisse : la sortie du covid-19 se fera-t-elle en revenant au monde d’avant ?
« Perseverare diabolicum ».
LE SCENARIO EST PLANTE. VOYONS MAINTENANT CE QU’EN FAIT TITIEN.
La disposition générale de la scène a été inspirée à Titien par une œuvre de Raphaël (achevée en 1511) dans la Chambre de la Signature, à l’origine cabinet de travail et bibliothèque du pape Jules II dans ses appartements du Vatican. L’œuvre de taille modeste décore une trompe d’angle de la pièce. La splendeur du jardin d’Eden est signifiée par l’or de la mosaïque.
L’adaptation par Titien introduit plusieurs modifications hautement significatives.
Les 4 protagonistes sont là, et puisqu’il faut les nommer, ce sont Adam, Eve, le serpent et le jardin d’Eden cadre de l’action.
Je vais d’abord vous parler du serpent. Dans la plupart des tableaux du début du 16e siècle les artistes, tels Dürer, Cranach, Baldung Grien, etc. représentent un « vrai » serpent, tandis que vers la fin du siècle, le tentateur prend de plus en plus figure humaine. Anticipant sur cette problématique, celui de Hugo van der Goes dans Le péché originel (1470), est plutôt représenté comme un lézard en conformité avec la lettre du texte de la Genèse.
Ce n’est qu’après la consommation du fruit interdit, étape qui n’est pas encore réalisée, que la malédiction de Iahvé le prive de pattes, l’obligeant à ramper dans la poussière. Mais il est doté d’une tête humaine qui implique que dans ce monde hors de l’Eden, il faut se méfier des tentations proposée par les contemporains. Raphaël reprend cette veine, redoublant le visage d’Eve dans la figure du serpent. Ce que reluque Adam ce n’est pas Eve la pure mais la Femme lubrique que lui révèle le serpent.
C’est cette option que retient Titien dans son tableau. Mais avec une différence de taille qui m’a tout de suite accrochée : la tête du serpent est celle d’un bébé. Il a certes des petites cornes qui émergent discrètement de sa chevelure pour pas qu’on se méprenne : c’est bien le Tentateur. Une autre particularité tranche avec la majeure partie des œuvres que j’avais vu sur ce thème : alors que dans pratiquement tous les cas, le serpent, qu’il soit réaliste ou à figure humaine, se tourne vers Eve à qui il propose le fruit défendu ou l’incite à le cueillir, dans ce tableau il regarde Adam, tandis qu’il tend le fruit défendu à Eve. Cette surprise m’a conduit à suivre le regard du serpent-bébé jusqu’au visage d’Adam.
A cet endroit on peut remarquer un repentir important, que l’on observe aussi au niveau de l’épaule et du torse d’Adam. La version définitive qu’adopte Titien a consisté à incliner plus nettement vers l’arrière le visage pour que le regard d’Adam se porte sur la figure du bébé et non plus sur le fruit comme on peut le deviner sur la première version esquissée.
Ce qui a entrainé la reprise de la position de tout le buste, un peu plus basculé vers l’arrière, et un rétrécissement sensible du côté gauche de la cage thoracique par rapport au côté droit. Face au tableau – je reprends mes notes de 1988, car la reproduction utilisée n’est pas suffisamment précise – la direction du regard de l’œil droit est indiquée par une tache noir, l’iris, placé très haut, juste sous la paupière supérieure totalement relevée. Pris dans cet échange de regard, Adam n’en oublie pas pour autant Eve vers qui il tend sa main gauche, au contact avec l’épaule et la pointe du sein droit de celle-ci.
Chez Raphaël, Eve est debout de face, en “contrapposto” qui entraine une légère bascule du buste, offrant un sein de face et l’autre de profil. Chez Titien Eve est en complet déséquilibre par la torsion qu’elle s’impose au niveau du torse pour saisir le fruit.
Titien s’est ici inspiré de la position de Dircé, au moment de son supplice, dans l’énorme bloc sculpté à Rhodes au 2e siècle av. JC que l’on venait de découvrir en 1546, lors des fouilles archéologiques dans les ruines des thermes de Caracalla à Rome, ordonnées par le pape Paul III (ce groupe est connu sous le nom de Taureau Farnèse, du nom de famille du pape).
Elle le compense en prenant appui de sa main droite sur un petit tronc. Retenons ici le positionnement “curieux” de l’index et du majeur. Comme pour Adam, il y a disjonction entre le geste de la main gauche qui se saisit du fruit et son regard qui se porte vers le visage du bébé, les lèvres entrouvertes exprimant peut être un soupir. Un sourire ?
Au centre du triangle que balise les 3 visages, se trouve la source de tous les emmerdements à venir pour l’humanité, le fruit défendu cause du péché originel.
MAIS DE QUEL PÉCHÉ S’AGIT-IL ?
Le fruit consommé est celui de l’arbre de la connaissance du bien et du mal. La nudité dans laquelle les a créée Iahvé, lorsqu’elle est reconnue, serait donc un mal puisqu’engendrant de la honte ? Iahvé panique : « Voici que l’homme est devenu comme nous, grâce à la science du bien et du mal. Maintenant il faut éviter qu’il étende sa main, prenne aussi de l’arbre de vie, en mange et vive à jamais » (ch.3 verset 22). Ce nous est-il un pluriel de majesté (mais alors on attendrait une majuscule) ou est-il un vrai pluriel (mais qui sont ces nous en configuration monothéiste : les anges non déchus, les chérubins qui vont chasser Adam et Eve du jardin d’Eden ?)
Pour les Vénitiens du 16e siècle, et pour Titien en particulier, la nudité ne semble pas un péché. Ce avec quoi, en fin de siècle, Tintoret prend ses distances : « quelle qu’ait été la beauté des œuvres de Titien elles tendaient à plaire plus qu’à émouvoir » et que « ce n’était pas ainsi qu’il convenait d’évoquer les grands sujets religieux ». Déjà à la fin du 15e siècle, Savonarole avait eu raison de Botticelli. A la fin du 16e siècle, la Contre Réforme fait triompher la pudibonderie et l’hypocrisie en instaurant la censure de l’Index en 1571.
Alors s’agit-il de l’union sexuelle de l’homme et de la femme, le “péché de chair” dans l’interprétation la plus couramment proposée. La gravure de Raimondi d’après une autre œuvre de Raphaël (dont je vous ai déjà présenté un détail – voir : L’ARBRE comme métaphore du CORPS SEXUE dans l’œuvre picturale) est particulièrement explicite.
Titien nous en propose une autre vision. Ce qui meut Adam comme Eve, et ce qui m’émeut à la découverte de cette œuvre, c’est un désir d’enfant. Un désir légitimé par Elohim dans la première partie de la Genèse « croissez et multipliez ». Le Tentateur ne s’y trompe pas : il cible Adam, faisant naitre en lui le désir d’enfant, amorçant à tâtons la démarche qui va le porter vers Eve. La dynamique du bas de son corps, bras et jambe droites, en appui replié, prêts à se détendre pour se redresser, indique qu’il ne va pas tarder à rejoindre le corps d’Eve.
Tout au long des siècles, le désir masculin d’engendrer un héritier mâle, garant de la continuité du lignage et de la perpétuation du nom va imposer des suites de grossesses parfois invraisemblables aux femmrs (16 enfants pour Marie-Thérèse d’Autriche ; 16 enfants aussi pour Marie Lafont, femme d’un métayer du Nord, en 23 ans de vie conjugale – elle meurtà 42 ans – et bénéficiaire du premier prix décernée par la Fondation Cognacq Jay en 1922) ou des répudiations et remariages (15 femmes pour Mahomet dont 11 reconnues par tous les musulmans ou Henri VIII qui “la joue petit bras” avec seulement 6 femmes, mais qui tous deux n’auront aucun garçon et fonderont une religion)
Eve sait-elle ce qui l’attend ? Titien lui en tous cas le sait et nous le signale métaphoriquement par l’écartement des doigts de la main droite d’Eve sur le tronc qui assure son équilibre.
Il convient donc d’aborder maintenant le 4e personnage, le jardin d’Eden où se déroule toute cette scène. Un vrai paysage loin de l’or abstrait du tableau de Raphaël.
A gauche, l’arbre derrière Adam est un figuier, aisément identifiable à ses feuilles et aux figues qu’il porte sur ses branches. La Genèse signale expressément la présence de cet arbre au jardin d’Eden puisqu’Adam et Eve, découvrant qu’ils sont nus, se font des ceintures de ses feuilles (ch.3 verset 7). L’évocation de cet arbre semblait une évidence au Proche Orient où nait le monothéisme hébraïque car il y est cultivé et apprécié depuis les Sumériens. S’accrochant au moindre creux de rocher, à la moindre fissure capable d’aller chercher profondément l’eau nécessaire à sa survie, il symbolise en l’homme le courage, l’intelligence et la volonté qu’il est nécessaire de déployer pour vivre. Mais c’est aussi une figure porteuse d’un dualisme. Si la forme externe des figues évoque les testicules, l’apparence interne évoque le sexe féminin. Coupé, le pédoncule de la figue laisse couler un latex blanc évoquant aussi bien le sperme masculin que le lait féminin. Ce couplage exprime en fin de compte l’énergie vitale portée par la sexualité dès lors que le masculin s’investit dans le désir d’enfant. Ce qu’exprime puissamment Titien dans l’échange de regard entre Adam et le bébé-serpent.
Au centre, l’arbre au tronc puissant sur lequel est installé le serpent est un pommier. Dans la Genèse les 2 arbres interdits ne sont pas nommés en terme d’espèces végétales. Ce n’est que très tardivement en Occident (autour du 11e siècle) que l’arbre de la connaissance du bien et du mal est assimilé à un pommier. Titien illustre cette assimilation par le fruit, bien mis en valeur au milieu de la fourche des 2 queues du serpent, très fidèle dans sa représentation. Mais le travail pictural sur la recherche du volume de la pomme anticipe sur le travail des impressionnistes : devant le tableau, j’ai immédiatement pensé aux pommes de Cézanne…
L’hypothèse la plus souvent retenue est l’assimilation qui s’opère en latin, tant dans la graphie que dans l’homophonie entre le terme désignant le pommier et le mal, le mauvais : “malus”. A partir de la Renaissance la symbolique de la pomme s’enrichit de l’héritage de la mythologie antique : c’est le fruit que GaÏa offre à Hera lors de son union avec Zeus en promesse de fécondité ; c’est Dyonisos qui crée ce fruit pour l’offrir à Aphrodite qu’il convoite ; c’est Eris qui jette la « pomme de discorde » au sein de l’Olympe créant la zizanie entre Hera, Aphrodite et Athena que doit arbitrer le malheureux Pâris, les humains, Troyens et Grecs, payant un lourd tribut aux caprices des Dieux. Tout cela se retrouve dans la polysémie de la pomme chrétienne.
Restons sur le côté d’Eve. L’arbre sur lequel elle prend appui semble bien d’une autre sorte. Plutôt un arbuste par sa souplesse qui cède au poids du corps d’Eve. Les feuilles sont différentes de celles du pommier (plutôt trapues et arrondies) : étroites et allongées elles sont feuilles d’un pêcher. Le fruit qu’il porte est nettement marqué par un léger sillon plus rouge, trait qu’on ne rencontre pas sur les pommes mais sur les pêches.
Si l’on énonce ce collage d’Eve à l’arbre, « le corps d’Eve et le pêcher », cela assone en français comme « le corps d’Eve est le péché » Mais qu’en est-il en Italien au 16e siècle ? La dérive du latin donne “pessica” au cours du Moyen Age puis “pesca” proche de “peccata”, les péchés. Mais là rien d’évident n’émerge.
Par contre au bord droit du tableau une fleur très aisément identifiable, juste en arrière des cuisses d’Eve, doit bien avoir une fonction symbolique : il s’agit d’une rose trémière.
Dans le monde des plantes, la rose trémière symbolise avant tout la fertilité. De manière plus nuancée elle représente la simplicité de l'amour tout en évoquant l'ambition féminine et sa puissance de création.
Certains ouvrages médiévaux vont plus loin et lui attribuent la propriété de reconstituer les virginités perdues. Au cas où vous seriez intéressées, lectrices fidèles, voici la recettes : brûler une belle rose trémière séchée, mêler ses cendres à de la rosée matinale et un peu de crottin de cheval. Laisser reposer ce mélange au soleil pendant au moins un mois afin d’obtenir une pommade restauratrice des vertus perdues ... Si vous y rajoutez un peu de pomme épineuse (datura) et de poudre de mouche cantharide, vous pouvez enfourcher votre balai car vous serez admises au grand sabbat des sorcières.
Titien nous propose encore une clé de lecture. En arrière des pieds d’Eve, un renard allongé sur le sol pointe son museau. Dans la tradition populaire, alimentée initialement par la Bible, le renard incarne la ruse et la méchanceté, jamais en reste d’astuces perfides, et dont la couleur et l’odeur l’associe immédiatement à la figure du Diable, le “Malin”. Un contresens machiste serait d’en faire la nature profonde de la femme, ce qui serait contradictoire avec la symbolique de la rose trémière. Se tenant derrière Eve, il en est le manipulateur et renvoie à la figure du serpent-bébé tentateur.
Mais c’est aussi lui qui par son regard vous invite à entrer dans la scène du tableau. Lorsque je l’ai découvert, ce regard sans agressivité, sans rictus du style « je vous ai bien eu » m’a mis sur une tout autre piste. A la Renaissance, celui qui vous convie dans l’œuvre par son regard est généralement un autoportrait du peintre : « voyez ce que j’ai su faire ». Mon hypothèse est qu’il s’agit de Titien lui-même, démontant le mythe du péché originel, véhiculé par l’Eglise qui peut imposer ainsi son intercession, pour restaurer la dignité de l’amour porté par le désir d’enfant.
TITIEN, un malin sans malignité ?
Et pour vous exercer au bonheur de l’exploration, maintenant que vous avez toutes les cartes en main, je vous “offre” en prime ces 2 tableaux que j’aime aussi beaucoup.
Ce tableau est tout juste postérieur à celui du Titien. Compte tenu des critiques de Tintoret à Titien plongez dans cette représentation « convenable d’un sujet religieux ».
Jean BARROT