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Connaissance & Partage

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JARDIN V- 1, 2, 3, Soleil ! - FIN

PETITES CHRONIQUES DE CONFÉRENCIERS

JARDIN V- 1, 2, 3, Soleil ! - FIN

Connaissance & Partage

1, 2, 3, Soleil !

Pour cette dernière étape, je vous entraine dans 7 jardins – c’est un crève-cœur car il y en a tant que j’ai aimé, et que je laisse la France hors-jeu – sélectionnés selon le rythme de ce jeux d’enfance que je vous propose en titre :

1 jardin d’émotion, 2 jardins initiatiques, 3 jardins botaniques et un jardin « Soleil ! ».

UN JARDIN D’EMOTION :

SHUKKEI-EN A HIROSHIMA (2008)

Créé en 1620 pour la famille du daimyo Asano (seigneur féodal) d’Hiroshima, il est offert en pleine propriété par ses descendant en 1940 à la ville qui en fait un parc public. Inspiré du lac de l’ouest de Hangzhou – la référence absolue du jardin parc chinois, Shukkei-en (ce qui peut se traduire par "jardin à rétrécir les paysages") – il est totalement ravagé par le bombardement atomique du 6 août 1945. Seul un ginkgo biloba a survécu dans le parc. De nombreux habitants venus y chercher refuge, abandonnés dans la ville dévastée, vont y mourir de faim de soif, de leurs blessures et des radiations. Ils sont inhumés en ce lieu redevenu paisible, un modeste autel gardant mémoire de leur présence.

Restauré en partie, il est rouvert au public en 1951, mais la restauration n’a été achevée qu’en 1974. Aujourd’hui ses arbres ont repris une ampleur majestueuse. De l’allée d’entrée, un chemin mène à une maison de thé, élément structurant d’un jardin japonais. En arrière-plan, l'architecture végétale du jardin se dévoile, gravitant autour d'un magnifique étang qui fait la renommée du site. Presque toutes les vues du parc ont un point commun de focalisation mais sous des angles divers : le pont Koko-kyo, rescapé du bombardement, est devenu le symbole du lieu. Cette grande arche de granit divise l’étang principal en 2 bassins communicants qui abritent une dizaine d’ilots, avec bien sûr ile tortue et ile grue. Au fond du parc se cache le jardin d’herbes médicinales, Yakuso-en, encadré de bambous. Tout au long du parcours des lanternes de pierres scandent les diverses étapes jusqu’à l’autel mémorial des morts d’Hiroshima.

DEUX JARDINS INITIATIQUES :

JARDIN DE LA VILLA BARBARIGO A VALSANZIBIO (2014)

La villa rurale de la riche famille aristocratique des Barbarigo, est transformée dans la seconde moitié du 17e siècle en résidence de prestige par Grégorio Barbarigo qui débute une carrière de diplomate avant d’être nommé cardinal en 1660 par le pape Alexandre VII (depuis 1960, c’est un saint, canonisé par Jean XXIII). Ayant à cœur d'appliquer dans son diocèse les mesures érigées par le Concile de Trente, il fonde de nombreuses œuvres de bienfaisance, dont les Écoles de la doctrine chrétienne et institue au séminaire qu’il a créé des cours d'hébreu, de grec, d'araméen, afin de mieux comprendre la philosophie des églises orientales, car il ne se résout pas au schisme du 11e siècle. Son souci de culture lui fait élaborer le jardin, pour approcher la villa, comme une allégorie du progrès de l'homme vers sa propre perfectibilité et son salut.

Le jardin est organisé selon un plan orthogonal strict. Le portail d’entrée ouvre sur le grand axe est-ouest dont la vue se perd sur la colline à l’horizon. La villa est invisible car elle se trouve à l’extrémité nord du second grand axe nord-sud qui tranche le vallon dans lequel se développe le jardin. L’accès au jardin se fait par un vaste portail baroque dominé par la statue de Diane. Il se dresse au dessus d’un bassin extérieur au jardin qui est le reste du canal qui reliait Venise à la villa. Car au 17e siècle, elle était accessible par bateau, le bassin étant orné, pour mémoire, des mêmes poteaux que ceux utilisés dans la ville pour amarrer les gondoles.

Ce grand axe auquel on accède est dédié au thème de l’eau, captée en amont au pied du versant de la montagne et qui s’écoule en bassins successifs jusqu’au grand quadrilatère du bassin aux poissons, juste en arrière du portail. Cet axe placé sous l’égide de Diane et des dieux païens de la mythologie, dont les statues agrémentent les différents bassins est celui de l’Erreur, des errements de la religion antique. Si on le remonte jusqu’à son origine, au delà du bassin de captage rectangulaire mais aux rives enherbées, l’homme se perd dans la nature sauvage et obscure de la forêt qui drape le versant de la colline.

Mais à l’intersection des 2 axes, un signal fort se révèle au chrétien en quête de salut. Ce carrefour est le lieu d’une fontaine octogonale élevée sur 3 degrés (la Trinité) et si le visiteur tourne son regard sur sa droite il aperçoit la villa. Cette forme octogonale de la fontaine est celle adoptée depuis le concile du Latran (5e siècle) pour les baptistères et popularisée ensuite dans les enluminures médiévales pour les fontaines de vie, les bains de jouvence assimilés à la résurrection des corps. Le message est donc de changer d’axe pour accéder au salut. Mais dans quel sens partir ?

En bifurquant vers la gauche on atteint un labyrinthe. D’étroites allées bordées de hautes haies de buis fermant toute vue permettent, au terme d’un périple de 1,5 km et de multiples allers-retours dans des impasses, d’atteindre la butte centrale surélevée où le pécheur retrouve la vue et peut à nouveau s’orienter vers son salut. De part et d’autres du labyrinthe, deux jardins sauvages évoquent aussi l’érémitisme et la solitude monacale comme voie possible du salut.

Mais pour le plus grand nombre la voie du salut c’est d’emprunter le grand axe qui conduit à la villa - une demeure de cardinal tout de même ! - à partir du bassin baptistère qui sanctifie l’approche. Mais à condition de ne pas se perdre en route. De part et d’autre de cet axe, deux jardins clos rappellent à ceux qui seraient encore tenté de s’écarter du droit chemin les contraintes de la vie terrestre. Celui de gauche évoque avec sa garenne et sa volière sur une ile l’enfermement qu’est la condition terrestre de l’homme. Dans celui de droite, une grande statue de Chonos s'appuie sur un sablier et malgré ses ailes déployées, il reste cloué au sol. Son visage se détourne nettement des dieux païens et s’oriente vers la villa, espérance du Paradis. Seul un élan spirituel peut lui permettre d’atteindre le but, image de l’homme englué dans les contraintes de son enveloppe matérielle.

En revenant sur le droit chemin une nouvelle fontaine hexagonale nous confirme sur la voie du salut. Une halte sur les bancs déclenche une fontaine qui nous baptise de ses jets. Nous voilà prêts pour y accéder au but. Ne restent que quelques marches à franchir. Sur les contremarches un sonnet est gravé délivrant le message final, dont je ne retiens que la conclusion « L'enfer est tout là-bas, ici le Paradis » Le terre-plein devant la maison représente donc l'étape ultime du parcours de l'homme en quête de salut. Il est occupé par un bassin ceinturé de roses blanches, seules fleurs du jardin, qui renvoient à une image de pureté et à la promesse du paradis qui s’ouvre au-delà de la villa dans la trouée ascendante sur le versant de la montagne, jalonnée par d’immenses cyprès.

La maison reste un domicile privé qui ne se visite pas. Elle a connu des extensions par des ailes latérales précédées d’une large allée est-ouest structurée par des topiaires. Avec ses 16 fontaines d’origine toutes en état de fonctionnement et ses 70 statues légendées, ce jardin a récemment reçu le prix international de "Plus beau jardin d'Europe".

JARDIN DE LA QUINTA DA REGALEIRA A SINTRA (2006)

A la fin du 19e siècle, c’est encore une vieille ferme au cœur d’un vaste domaine agricole occupant tout un flanc de colline dominant le vieux centre de Sintra. L’ensemble est racheté en 1892 par Carvalho Monteiro qui se lance alors dans la construction du palais et des jardins que l’on visite aujourd’hui. Né au Brésil, héritier d'une grande fortune familiale, constituée dans ce pays grâce au commerce du café et des pierres précieuses, il s’installe définitivement au Portugal en 1876 où il a obtenu son diplôme de docteur en droit. Philanthrope passionné d’entomologie, collectionneur d'art, bibliophile, il est aussi féru d'opéra. Pour construire son palais qu’il veut de style manuélin – un gothique flamboyant tardif évocateur de la splendeur du Portugal de la fin du 15e siècle – il fait appel à l’architecte Manini dont l’essentiel de la carrière s’est déroulé comme scénographe au Teatro La Scalla puis à São Carlos et dans les principaux théâtres portugais. L’objectif fixé à Manini est d’en faire un manoir philosophique où vont s’entremêler diverses traditions occultistes – francs maçonnerie, rose croix, templière, alchimiste – au cours d’un parcours de visite initiatique dans lequel on est en permanence confronté au dualisme : vie/mort, lumière/ténèbres, aérien/souterrain, parfait/imparfaait etc. Mais aussi évocateur des grands classiques de la littérature : la Divine comédie de Dante, les Lusiades de Camoens et le Songe de Poliphile de Colonna, si influent notamment en architecture et dans l'art des jardins.

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Le parcours se déroule au sein d’une forêt aux essences très variées, mêlant plantes exotiques, surtout brésiliennes, et espèces locales, ordonnée et bien rangée dans la partie inférieure du domaine mais devenant plus touffue et plus sauvage jusqu'au sommet du versant, où souvent persiste une brume humide qui participe aussi au mystère du domaine tout en favorisant la présence d’épiphytes.

Carvalho Monteiro a voulu retrouver dans son jardin l’ambiance végétale rencontrée dans sa jeunesse brésilienne et manifester ainsi au sein du domaine la présence de l’empire portugais au moment où celui-ci se décompose : proclamation de la République au Brésil en 1889 et en 1910 au Portugal (année de l’achèvement des travaux du domaine), ce qui vaut à Carvalho Monteiro, monarchiste convaincu, quelque mois de prison peu après cette proclamation.

L’itinéraire initiatique débute par l’église où se côtoient les symboles catholiques, templiers et francs-maçons, où le Delta lumineux de l’œil de Dieu surmonte « un portail flanqué de sculptures ressemblant à des démons pétrifiés ». Longeant diverses fabriques toutes baignées des mêmes symboles dans le style architectural manuélin, on parvient au pivot de l’initiation : le puits inspiré de la Divine Comédie de Dante.

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Profond de 27m, on y descend par un escalier en spirale bordé d’une superbe colonnade, organisé en 9 paliers, qui se termine sur un sol de marbre où s’inscrit une rose des vents centrée sur une croix templière. Du fond du puits, une galerie souterraine s’amorce qui se subdivise en plusieurs branches menant à d’autres orifices (l'Entrée des gardiens, le lac de Cascata et le Puits imparfait) discrètement cachés au long de l’itinéraire dans le parc. La sortie la plus rapide s’effectue au niveau d’un petit bassin que l’on traverse par un pas japonais pour regagner la terre ferme et la lumière du jour. On parcours ainsi un cycle de la vie : descente sous terre comme une mise au tombeau, parcours de l’âme dans le dédale souterrain que Carvalho Monteiro avait lui même nommée "La Cathédrale" et renaissance dans une matrice humide qui vous expulse vers le jour comme lors de l’accouchement. Mais on peut aussi faire l’itinéraire inverse : en empruntant une des entrées des galeries souterraines, on parvient au fond du puits pour en ressortir en remontant l’escalier en spirale : après avoir errer dans les ténèbres de l’ignorance, l’esprit accède à la lumière et à la connaissance par l’effort. Le point d’orgue de l’initiation s’achève par l’ascension de la Tour parfaite qui, en double inversé du puits, vous fait accéder à la dimension céleste de l’âme. Chaque étape du parcours dans le parc (banc, pont, ziggourat, rocaille, etc.) est à déchiffrer comme moment de la Révélation dans l’initiation.

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Au terme du parcours, pour quitter le jardin on emprunte une allée bordée de 9 statues, renvoyant à la mythologie gréco-latine mais qui ne sont pas choisie au hasard. On croise ainsi Fortune (évocation du destin avec toutes ses inconnues), Orphée (initiateur des cultes à mystère et revenu des Enfers grâce à la puissance de sa musique et de son chant), puis deux paires divines exprimant des complémentarités : Vénus (déesse de l’amour, de la séduction, de la beauté féminine) et Flore (déesse des floraisons, assurant dans le monde végétal le même rôle que celui de Vénus pour les humains), Cérès (déesse de l'agriculture, des moissons et de la fertilité) et Pan (protecteur des bergers et du croit des troupeaux). La séquence s’achève avec Dionysos (dieu du vin et de ses excès, le vin étant considéré à l’origine comme une des formes du feu), Hermès (messager des dieux mais aussi celui qui conduit les morts vers les Enfers – par extension protecteur des voyageurs) et Vulcain (dieu du feu, des volcans, de la forge, pivot de toute opération alchimique)

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Mais si vous ne parvenez pas à décrypter tous les signes semés au fil du parcours, pas de panique : laissez vous emporter par la beauté du jardin, parfaitement entretenu. Après être passé en plusieurs mains privées, le domaine est depuis 1997 propriété de la ville de Sintra et ouvert au public.

TROIS JARDINS BOTANIQUES :

SITIO BURLE MARX A BARRA GUARATIBA, RIO DE JANEIRO (2007)

Roberto Burle Marx (1909-1994) est un des plus célèbre architecte paysagiste du 20e siècle. Ses premières inspirations paysagères lui viennent en 1928-29 alors qu'il étudie la peinture en Allemagne : il fréquente assidument le jardin botanique de Berlin Dahlen [SPLENDIDE ! UNE VISITE A NE PAS MANQUER SI VOUS ALLEZ A BERLIN] et rentré au Brésil se passionne pour la flore locale, négligée au profit d’espèces européennes dans l’aménagement des parcs et jardins du pays. A partir de 1932, il collabore assez régulièrement avec les architectes Costa et Niemeyer.

En 1949 il achète le sitio et l’aménage pour y vivre, créant sa maison, son atelier, un pavillon de réception pour les amis et restaurant une vieille chapelle présente sur le site. Il façonne le jardin et le parc selon les principes directeurs qu’il a forgé dans ses créations : utilisation de la végétation tropicale endémique comme un élément structurel de la conception générale en exploitant les contrastes de tailles et couleurs des plantes ; rupture des motifs symétriques dans la conception des espaces ouverts en valorisant ce que suggère le relief naturel ; traitement coloré des chaussées et cheminements au sein du parc ; utilisation de formes libres en s'inspirant des caractéristiques de l'eau présente dans le jardin.

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Cultivant les formes de vagues, les courbes souples et légères, Burle Marx a harmonieusement associé son style nouveau avec sa connaissance des plantes tropicales et subtropicales Sur le site de 36 ha, il a acclimaté plus de 3500 espèces de plantes dont il a récupéré un certain nombre au fil de ses explorations dans la forêt brésilienne (plus de 30 plantes qu’il a identifiées portent son nom), forêt dont il fut jusqu’à son dernier souffle un défenseur acharné, dénonçant sans cesse les défrichements dans ce splendide héritage naturel.

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Ayant légué son domaine au gouvernement brésilien lors du retour à la démocratie dans son pays, après 20 ans de dictature militaire, il souhaitait préserver ainsi l'intégrité et l'intimité de sa demeure tout en permettant la création d'une école de paysagisme, de botanique et des arts en général sur le domaine. Il est géré depuis sa mort par l'Institut du patrimoine Historique et artistique National. Ouvert au public sur rendez-vous, on visite sa maison, où sont restées en place ses affaires personnelles, sa très belle collection de pièces précolombiennes, et son atelier qui conserves ses propres toiles et sculptures.

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Puis on peut déambuler dans les cours ombragées et parcourir le jardin pour un moment de paix, à l’écart de la folie urbaine de Rio de Janeiro, à 25 km de là.

JARDIN KANDAWGYI A PYIN OO LWIN, MYANMAR (2013)

Situé en altitude à plus de 1000 m, à 70 km à l’est de Mandalay, Pyin Oo Lwin (Maymyo durant la colonisation britannique de la Birmanie), est un ancien petit village shan très vite devenu une destination estivale prisée des colons britanniques pour échapper aux très fortes chaleurs de la plaine. De son rôle de station coloniale d’altitude la ville conserve un patrimoine architectural typiquement « british », mais désormais noyé par la croissance urbaine et l’immigration chinoise car Pyin Oo Lwin est une ville étape importante sur la route entre Mandalay et Dali en Chine.

Le jardin botanique y a été créé en 1915 autour d’un vaste lac sur 12 ha à l’initiative d’un colonel anglais, Alex Roger, assisté de Lady Wheeler-Cuffe, une botaniste amateur passionnée qui a travaillé 6 ans durant à l’organisation et la plantation selon les conseils des responsables des Jardins botaniques royaux de Kew en Angleterre. Les gros travaux ont été menés à bien grâce au travail forcé de prisonniers de guerre turcs de la Première Guerre mondiale. En 1924 il est reconnu par le gouvernement colonial comme réserve botanique. Considérablement agrandi pour couvrir alors 100 ha il est classé « zone protégée » en 1942. Le jardin prend son nom officiel actuel – Jardins botaniques nationaux Kandawgyi – en 2000 et sa surface est portée à 177 ha. Au centre du lac, sur une ile, une pagode flambant neuve rappelle que l’identité bamar (= birmane) passe par le bouddhisme Théravada, allégeance qui se manifeste partout et à tous propos dans le pays.

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Centre de recherche botanique réputé, le jardin est associé au Centre de Recherche en Sériciculture (plantation des muriers et récoltes - feuilles pour les vers à soie et écorce pour la fabrication de papier artisanal ; élevage des vers ; dévidage de la soie des cocons). Mais Pyin Oo Lwin est aussi devenu le principal centre floricole national. La ville produit des chrysanthèmes, des asters et des glaïeuls, vendus dans toute la Birmanie tout au long de l'année, les fleurs ayant un rôle très important dans la pratique du culte bouddhiste.

Le jardin se développe autour de pelouses soigneusement tondues sur lesquelles s’inscrivent des massifs floraux organisés pour faire contraster les couleurs et où quelques grands arbres sont mis en valeur. Il comporte une volière, et 3 musées : le musée des fossiles (fossiles d’animaux), le musée des bois pétrifiés (fossiles de plantes)en partie en plein air et le musée des papillons.

Tout autour de cette immense clairière de pelouses centrées sur le lac, une ceinture forestière est organisée de manière à évoquer plusieurs écosystèmes. On parcourt ainsi une forêt de pins, une zone de marécage, une forêt pluviale tropicale, un bois de bambous, un jardin de crotons. Globalement on y rencontre environ 350 espèces d'arbres, des dizaines d'espèces de bambous et de crotons. Une section de 16 ha constitue une réserve forestière naturelle accueillant plusieurs espèces animales sauvages menacées. Mais ce jardin est surtout célèbre pour son jardin d'orchidées, avec plus d'une centaines d'espèces que l’on peut rencontrer dans le pays.

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Géré par une société privée, il offre aussi des attractions pour les familles et depuis 2006, tous les ans au mois de décembre, un grand festival floral anime le jardin 2 semaines durant.

JARDIN VIERA Y CLAVIJO A TAFIRA, ILE DE LA GRANDE CANARIE (2005)

Ce jardin botanique de 27 ha. est le plus grand d’Espagne et un des plus beau que je connaisse, plus proche que les deux précédents si vous êtes tenté par une visite...

Son nom est un hommage au naturaliste canarien qui au 18e siècle avait envisagé la création d’un jardin botanique sur l’ile, mais sans parvenir à faire aboutir son projet. On doit ce jardin à un botaniste suédois, Eric Sventenius (forme latinisé de Svensson, son nom initial ; 1910-1973), qui après une visite des iles Canaries en 1931, devient rapidement un espagnol de cœur. Ses études sur la flore des iles, en grande partie endémique, le poussent au début des années 50 à reprendre le projet de Viera y Clavijo. Il retient pour son implantation le versant escarpé du ravin de Guiniguada, à peu près orienté nord-sud, à 7km de Las Palmas. Les travaux débutent en 1952 et le jardin est ouvert au public en 1959. Comme tout jardin botanique, il est couplé à un centre de recherche et doté de l'unique banque de graines des plantes endémiques des archipels macaronésiens (Canaries, Madère, Açores et Cap Vert).

Son organisation s’articule sur les 2 ensembles topographiques du jardin : la plaine, étroite, allongée au long du ravin et le versant très raide exposé à l’ouest.

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L’entrée dans le jardin par la plaine ouvre sur la place des palmiers dominée par le palmier canarien endémique que l’on rencontre sur toutes les iles de l’archipel. La zone centrale de la plaine est occupée par une strate herbacée où 7 rocailles symbolisent les iles et sont entourées des diverses espèces que l’on peut y rencontrer. Vers l’amont, on rencontre ensuite un jardin de succulentes avec plus de 2000 espèces représentées puis le jardin macaronésien qui fonctionne comme un conservatoire des plantes endémiques les plus menacées mais aussi comme un magnifique répertoire des plantes de grande valeur ornementale. A l’extrémité de cet axe, une palmeraie regroupe bon nombre des espèces présentes dans le monde. Tout au long de la plaine, plusieurs bassins apportent une touche de fraicheur et favorisent la faune.

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La zone de contact entre la plaine et le versant est essentiellement boisée. On rencontre ainsi de l’aval vers l’amont à partir du bâtiment consacré aux expositions, un massif forestier dense, sombre et humide, reconstitution de la laurisylve qui recouvrait l’essentiel des iles entre 300 m. et 1000 m. d’altitude, avant les défrichements de la colonisation européenne et l’introduction d’espèces étrangères entrées en concurrence avec les endémiques. Viennent ensuite une forêt de pins canariens et un beau massif de dragonniers. Une cascade alimente un bassin, domaine du jardin humide avec ses plantes d'eau.

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Le versant est un domaine sec dont la pente est entrecoupée de ressauts rocheux formant des terrasses naturelles. La végétation dominante y est buissonnante ou arbustive, parsemée de succulentes, devant composer avec un sol maigre ou inexistant sur la roche nue. Mais il en émerge des dragonniers, des oliviers sauvages et quelques rares “cèdres des Canaries”, implantés au sommet de la falaise près du restaurant du site.

Une visite de 4h n’est pas disproportionnée vu la richesse de ce jardin et des cheminements bien organisés qui permettent de le découvrir.

« SOLEIL ! » :

MASCARIN, JARDIN BOTANIQUE DE LA REUNION A SAINT-LEU (2012)

Mon coup de cœur pour terminer : il y a des fleurs et du volcan, alors…

L’ile de La Réunion, née d’un volcan toujours actif, n’a émergé qu’il y a 3 millions d’années. Mais culminant à plus de 3.000 m. au Piton des Neiges, elle offre une diversité de microclimats qui s’organisent grossièrement selon une double grille : l’opposition côte au vent et côte sous le vent et un étagement selon l’altitude. L’implantation végétale ne s’est donc faite que par des apports des vents et des courants marins et par l’installation d’une avifaune ensemençant les laves fraiches de leurs déjections et des graines apportées dans leurs plumes. Son isolement dans l’océan Indien a permis le développement d’un endémisme de la vie sur l’île qui est très élevé pour les plantes à fleurs mais aussi pour les insectes et les mollusques terrestres. Encore de nos jours, près de 50% de la flore indigène de la Réunion est constituée de plantes qui n’existent que là et dans les Mascareignes, malgré l’implantation humaine qui remonte à 4 siècles au plus. Une des fonctions du jardin botanique du Mascarin est de préserver ce qui subsiste de cette biodiversité originelle.

Mais l’implantation humaine a entrainé une modification profonde des paysages végétaux de l’ile et de la faune. Ainsi ce jardin est implanté sur 8 ha. de la vaste propriété agricole (660 ha. !) détenue par la famille d'Armand de Châteauvieux sur ce site depuis 1857. Elle produisait de la canne à sucre et du géranium rosat, dont l’huile essentielle joue un grand rôle en parfumerie. En jardinage, les oignons du domaine étaient réputés et les vergers assuraient une bonne production de pommes, fruit exotique pour cette ile. Les bâtiments de l'ancienne propriété, y compris son église de basalte, classé monument historiques sont aujourd'hui entièrement restaurés, ce qui permet de conjuguer la découverte du patrimoine naturel réunionnais avec l'histoire et les traditions culturelles locales. Le Conservatoire Botanique national du Mascarin est créé sous forme associative en1986 sous l’impulsion de botanistes, dont Thérésien Cadet (1937-1987), et d’élus, obtient l’agrément des Conservatoires Botaniques Nationaux en 1993, dès lors géré par le Conseil départemental de la Réunion.

Le jardin se compose de 8 sections, chacune offrant une mise en scène spécifique.

La collection dite «Réunion» présente ce que devait être la forêt semi-sèche aujourd’hui disparue qui bordait le littoral des bas de l’Ouest, il y a plus de 4 siècles. Cette section est celle qui compte plus d’espèces endémiques menacées de disparition.

La section des «Plantes lontan» propose un parcours chronologique qui retrace les principales étapes de l'évolution du paysage végétal de la Réunion, sous l'effet de la mise en place des cultures entrainant déforestation et extension des terres agricoles. On retrouve ainsi les moments de l’introduction du café, du tabac, des épices, de la canne à sucre et du géranium rosat. En appendice de cette section une collection de « Caféiers du monde » a été créée en partenariat avec l'IRD.

Le «Verger créole» occupe une succession de terrasses précisant l’origine des espèces fruitières introduites à La Réunion. Il nous présente une cinquantaine d’espèces fruitières, plus ou moins oubliées aujourd’hui ou au contraire à fort potentiel économique actuel.

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La collection des «Palmiers» fait la part belle aux endémiques de l’île, le latanier rouge et le palmiste Roussel. Mais elle présente aussi des espèces tropicales et subtropicales provenant de diverses régions du globe en mettant l’accent sur l’utilisation diversifiée que l’homme peut faire d’un même végétal mais aussi les risques que comporte cette exploitation.

La collection de «Succulentes» est installée sur un versant ensoleillé, sec et rocailleux. Elle illustre l’adaptation aux conditions extrêmes de sécheresse et d’aridité des nombreuses espèces de cactus, agaves, aloès, euphorbes et autres plantes grasses vivant dans des régions semi désertiques et désertiques. Sélection naturelle, adaptation ou convergence sont autant de phénomènes auxquels ces espèces ont eu à répondre.

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La section des «Orchidées et Fougères» met en valeur la biodiversité tant par les feuillages que par les fleurs de ces deux familles de plantes qui comptent plusieurs milliers d’espèces et qui partagent une forte capacité à se disperser. Elle est d’abord destinée à sensibiliser les visiteurs à la fragilité de la flore indigène locale, au delà de sa beauté.

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Enfin la «Ravine Bambous» offre un cheminement en partie aérien sur un système de passerelles donnant l’impression de parcourir une “cathédrale végétale” tant la densité et la tailles des bambous forment une nef ombreuse dans laquelle on circule.

La Réunion ?

Sans masques, sans distances, sans couvre-feu, sans limite de nombre ?

Alors oui, « SOLEIL ! »

Jean Barrot