PETIT MOT DU DIMANCHE : « Les comètes sont ce qu’il y a de plus primitif dans le système solaire » (1)
Connaissance & Partage
« Les comètes sont ce qu’il y a de plus primitif
dans le système solaire » (1)
Pmdd du 8 septembre 2024
« Morceaux du système solaire primitif maintenus « au congélateur » les comètes sont des
archives précieuses. Leur exploration détaillée par des sondes a bousculé nos connaissances sur
la formation planétaire », estime Hervé Cottin, astrochimiste à l’université Paris-Est Créteil et
Paris Cité lors d’une conférence dont sont résumées ci-dessous les analyses.
En effet, au fil des siècles, les astronomes ont découvert, grâce aux comètes, bien des choses sur
l’histoire de notre système. Tout d’abord, la confirmation des lois de la gravitation de Newton.
Elles ont également permis de prouver, comme on l’a cru longtemps, qu’il n’y a pas d’orbes
solides sur lesquelles les planètes se déplacent.
En 1682, Edmond Halley, en appliquant les lois de Newton, se rend compte qu’il y a un objet
que l’on appelle comète qui, vraisemblablement, revient de façon régulière dans les parages du
Soleil. Il arrive à en calculer la trajectoire et peut alors formuler une prédiction à savoir l’année
de sa prochaine apparition. Il meurt avant celle-ci, mais le fait que l’astre revienne bel et bien
en 1759, constitue, pour la mécanique céleste, une découverte immense.
En effet, perdurait encore cette
idée ancrée en Occident depuis
Aristote et Ptolémée que les astres
sont fixés sur les orbites solides.
Or, le fait d’avoir des objets qui
passent très près du Soleil et s’en
éloignent ensuite considérable-
ment rend ce schéma impossible.
Par ailleurs, en ce qui concerne la
nature des comètes, les premières
idées sont très récentes car elles
datent des années 1950. En effet,
c’est la théorie de la « boule de
neige sale » de l’Américain Fred
Whipple. Cette idée vient des
observations, notamment en spec-
troscopie.
Dès 1910, on avait détecté le radical CN (cyanure) dans la chevelure de la comète de Halley. Puis
on a déniché de l’eau en phase gazeuse ce qui fait que, forcément, les scientifiques se sont dit
que cette eau venait du noyau de la comète où elle était gelée. Pour eux, à l’approche du Soleil,
la glace se sublimait en vapeur dans l’espace.
En 1950 Wipple a cette vision de la « boule de neige sale » parce qu’il se disait que ce n’était pas
de la glace pure. Des particules de poussières étaient mélangées à cette glace d’eau
accompagnée de dioxyde de carbone et d’ammoniac. Malgré tout, on se représentait les
comètes comme étant assez claires : « des boules de neige plutôt blanches » pensait-on.
Cependant, les sondes qui ont croisé la comète de Halley en 1986 ont changé cette vision. Elles
ont fait des survols de quelques minutes et les résultats ont été surprenants car les clichés
étaient plutôt sombres.Les spectromètres de masse de la sonde européenne Giotto et des sondes soviétiques Véga ont
analysé des poussières qui ont percuté les instruments à environ 70 km/s et qui ont été
pulvérisées. On y a trouvé des fragments de matière organique ce qui signifie que les comètes
possèdent de l’eau mais probablement aussi de beaucoup de matière organique.
Elles auraient pu contribuer donc à la formation des océans sur Terre et amorcer dans ces
derniers la chimie des origines de la vie et donc l’apparition du vivant …
(A suivre)
Bonne lecture
Bob
(1) Extrait d’un article d’Hérvé Cottin, astro-chimiste à l’université Paris-Est Créteil et Paris-Cité