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PETITES CHRONIQUES DU CIEL EN BREF

PETIT MOT DU DIMANCHE : « Les comètes sont ce qu’il y a de plus primitif dans le système solaire » (1)

Connaissance & Partage

« Les comètes sont ce qu’il y a de plus primitif

dans le système solaire » (1)

Pmdd du 8 septembre 2024

« Morceaux du système solaire primitif maintenus « au congélateur » les comètes sont des

archives précieuses. Leur exploration détaillée par des sondes a bousculé nos connaissances sur

la formation planétaire », estime Hervé Cottin, astrochimiste à l’université Paris-Est Créteil et

Paris Cité lors d’une conférence dont sont résumées ci-dessous les analyses.

En effet, au fil des siècles, les astronomes ont découvert, grâce aux comètes, bien des choses sur

l’histoire de notre système. Tout d’abord, la confirmation des lois de la gravitation de Newton.

Elles ont également permis de prouver, comme on l’a cru longtemps, qu’il n’y a pas d’orbes

solides sur lesquelles les planètes se déplacent.

En 1682, Edmond Halley, en appliquant les lois de Newton, se rend compte qu’il y a un objet

que l’on appelle comète qui, vraisemblablement, revient de façon régulière dans les parages du

Soleil. Il arrive à en calculer la trajectoire et peut alors formuler une prédiction à savoir l’année

de sa prochaine apparition. Il meurt avant celle-ci, mais le fait que l’astre revienne bel et bien

en 1759, constitue, pour la mécanique céleste, une découverte immense.

En effet, perdurait encore cette

idée ancrée en Occident depuis

Aristote et Ptolémée que les astres

sont fixés sur les orbites solides.

Or, le fait d’avoir des objets qui

passent très près du Soleil et s’en

éloignent ensuite considérable-

ment rend ce schéma impossible.

Par ailleurs, en ce qui concerne la

nature des comètes, les premières

idées sont très récentes car elles

datent des années 1950. En effet,

c’est la théorie de la « boule de

neige sale » de l’Américain Fred

Whipple. Cette idée vient des

observations, notamment en spec-

troscopie.

Dès 1910, on avait détecté le radical CN (cyanure) dans la chevelure de la comète de Halley. Puis

on a déniché de l’eau en phase gazeuse ce qui fait que, forcément, les scientifiques se sont dit

que cette eau venait du noyau de la comète où elle était gelée. Pour eux, à l’approche du Soleil,

la glace se sublimait en vapeur dans l’espace.

En 1950 Wipple a cette vision de la « boule de neige sale » parce qu’il se disait que ce n’était pas

de la glace pure. Des particules de poussières étaient mélangées à cette glace d’eau

accompagnée de dioxyde de carbone et d’ammoniac. Malgré tout, on se représentait les

comètes comme étant assez claires : « des boules de neige plutôt blanches » pensait-on.

Cependant, les sondes qui ont croisé la comète de Halley en 1986 ont changé cette vision. Elles

ont fait des survols de quelques minutes et les résultats ont été surprenants car les clichés

étaient plutôt sombres.Les spectromètres de masse de la sonde européenne Giotto et des sondes soviétiques Véga ont

analysé des poussières qui ont percuté les instruments à environ 70 km/s et qui ont été

pulvérisées. On y a trouvé des fragments de matière organique ce qui signifie que les comètes

possèdent de l’eau mais probablement aussi de beaucoup de matière organique.

Elles auraient pu contribuer donc à la formation des océans sur Terre et amorcer dans ces

derniers la chimie des origines de la vie et donc l’apparition du vivant …

(A suivre)

Bonne lecture

Bob

(1) Extrait d’un article d’Hérvé Cottin, astro-chimiste à l’université Paris-Est Créteil et Paris-Cité

PETIT MOT DU DIMANCHE : LA TERRE et LA LUNE Un tandem pour la vie

Connaissance & Partage

LA TERRE et LA LUNE

Un tandem pour la vie

PMDD du 30 juin

On l’a vu dans les chapitres précédents : la Terre et la Lune ont deux histoires intimement liées. Sans notre

satellite notre planète serait sans doute bien différente, voire méconnaissable. Des modèles l’ont montré :

les forces de marée qu’exerce la Lune ont ralenti peu à peu la rotation de la Terre, permettant d’aboutir

aujourd’hui à des rotations de 24 heures. Mais l’influence la plus notable de la Lune sur notre planète est la

stabilisation de son axe de rotation.

Le consensus scientifique, fondé au départ sur des travaux de l’équipe scientifique de Jacques Laskar (1)

datant de 1993, indique que sans la Lune, l’axe selon lequel la Terre tourne sur elle-même par rapport à son

plan de révolution autour du Soleil ne serait pas fixé à 23°,4 comme à présent. Il pourrait varier entre 0 et 85°

avec des conséquences notables sur le climat : à 0°, les saisons n’existeraient pas et à 85° elles seraient bien

plus marquées qu’aujourd’hui avec des mois complets sans soleil pour de vastes régions de la Terre.

Voilà pourquoi certains scientifiques parient sur l’hypothèse selon laquelle la présence de la Lune aurait

favorisé l’habitabilité de la Terre et sa capacité même à accueillir la vie. Selon Denis Andrault, de l’université

Clermont-Auvergne « La Lune faciliterait l’existence d’un mouvement à l’intérieur du noyau terrestre et

contribue, ainsi, au maintien sur le long terme de son champ magnétique. »

Sans notre satellite, ce bouclier aimanté qui nous protège des particules très énergétiques en provenance du

Soleil auraient pu disparaître il y a plusieurs milliards d’années, à mesure que le noyau refroidissait. « De plus

en plus, affirme Denis Andrault, nous avons de sérieuses raisons de penser qu’une bonne partie de l’eau

présente sur la Terre était là, juste après sa formation, prisonnière des roches du manteau. La collision et le

dégazage qui s’en est suivi ont pu contribuer à l’apparition des premiers océans et de l’atmosphère. L’impact

aurait donc permis de créer un terreau particulièrement propice à l’émergence de la vie. »

Pas de doute, notre satellite mérite amplement toute l’attention que les scientifiques lui portent. Ils

attendent désormais avec impatience la collecte de nouveaux échantillons lunaires, provenant d’autres

régions que celles explorées par les missions Apollo. Dans le viseur, bien sûr, le futur programme Artémis de

la Nasa.

Qui sait ?

Peut-être que l’étude de ces roches les invitera à réécrire une fois de plus la folle histoire de notre bonne

vieille Lune.

Bonne lecture

Bob

(1) Astronome à l’observatoire de Paris

ASTRO-NOTES : GALILEE

Connaissance & Partage

GALILEE

Le génie universel italien

Astro-notes du 27 juin 2024

Deuxième et dernière partie

Après avoir publié ses découvertes, Galilée continua de dévoiler les secrets du ciel. En

publiant « Trois lettres sur les taches solaires » il prouva que ces phénomènes de taches

n’étaient pas des satellites du Soleil, comme on le pensait à l’époque, mais faisaient partie

du Soleil lui-même.

Plus important encore, il montra comment Vénus passait par une séquence de phases

similaires à celles de la Lune. Ce fut une remise en cause du système de Ptolémée.

Galilée s’était donné beaucoup de mal pour présenter ses découvertes de façon empirique

et comprit les perturbations qu’elles engendraient dans le milieu bienpensant de l’époque.

En effet, la résistance de la religion à l’héliocentrisme (1) se fondait sur des références bibliques comme le psaume 104-5 :

« Le Seigneur a établi la Terre sur ses fondements ; et elle ne sera jamais ébranlée »,

ou encore l’ecclésiaste 1:5, « Le Soleil se lève, le Soleil se couche, puis il se hâte de

retourner à son point de départ ».

Galilée contredisait les textes sacrés et, même si ses observations étaient soutenues par

de nombreux savants jésuites, l’astronome fut forcé, durant des années, de se défendre

d’accusation d’hérésie .

Le point culminant de cette affaire fut son procès et sa condamnation par l’Inquisition de

l’Eglise catholique pour avoir soutenu la théorie héliocentrique en 1633. Galilée fut alors

déclaré « hautement suspect d’hérésie » pour « avoir tenu des propos et défendu une

opinion comme s’ils étaient probables, après qu’ils eurent été déclarés contraires aux

Saintes Ecritures ».

On exigea de lui qu’il « abjure, maudisse et déteste » ses opinions et il fut puni

d’emprisonnement. Cette peine fut atténuée plus tard en assignation à résidence et il

resta ainsi enfermé pour le reste de sa vie.

Heureusement que les temps ont bien changé.

(1) L’héliocentrisme, (comme quoi les planètes tournent autour du Soleil), s’opposait

au géocentrisme, (comme quoi les planètes tournent autour de la Terre).

Bonne lecture

Bob

PETIT MOT DU DIMANCHE : LA TERRE et LA LUNE

Connaissance & Partage

LA TERRE et LA LUNE

Un tandem pour la vie

Pmdd du 23 juin 2024

La Lune serait née de la collision entre une petite planète disparue (Théia) et la toute jeune Terre. Comment exactement ? L’enquê- te bat son plein. Mais une chose est sûre : sans son satellite, la planète bleue serait aujourd’hui bien différente.

De gros fragments de la petite planète appelée Théi-

(1), responsable de la naissance de la Lune sont-ils toujours cachés dans le manteau terrestre, à 2 900 km sur la surface ? Voilà qui apporterait un nouvel éclairage sur cet événement fondamental de l’histoire de la Terre. Le manteau abriterait donc en son sein un bout de Théia !

Bien sûr, l’idée doit encore faire son chemin et rien n’indique qu’elle ne sera pas

abandonnée dans quelques années à la faveur de nouvelles observations. Mais elle

témoigne de l’intérêt porté au mystère de l’origine de la Lune. Il faut dire, en effet, que ce

satellite apparaît bien spécial. Parmi les quatre planètes telluriques (2), seules la Terre et

Mars en possèdent. Les compagnons de Mars, Phobos et Déimos sont deux tout petits

corps pas assez massifs pour être sphériques et qui orbitent à seulement quelques milliers

de kilomètres de leur planète. Notre Lune, flottant à quelques 380 000 km de nous est un

véritable colosse en comparaison. Son diamètre équivaut à plus d’un quart de celui de la

Terre ce qui en fait, en taille, le cinquième satellite du système solaire. Normal donc que

les scientifiques s’interrogent si longtemps sur le mécanisme ayant produit un satellite

aussi imposant.

Plusieurs scénarios ont été élaborés par le passé. Selon Bernard Bourdon, directeur de

recherche au CNRS, « Celui de la capture de la Lune par la Terre ou encore celui de la

fission qui imaginait une jeune Terre tournant si vite sur elle-même qu’un morceau entier

s’en serait détaché. ». Selon lui « Aujourd’hui il n’y a plus vraiment de débat : C’est

l’hypothèse de l’impact géant qui domine. »

En effet, le meilleur moyen de recréer dans une simulation le système Terre-Lune

semblable au nôtre est d’invoquer une collision entre la jeune Terre et un autre astre que

l’on a baptisé Théia, Titanide fille d’Ouranos et de Gaia et mère de la Terre et du Soleil

dans la mythologie grecque. De la taille de Mars ce corps rocheux aurait percuté la jeune

Terre à une vitesse comprise entre 10 et 20 km/s, arrachant une partie de sa croûte et de

son manteau. A la suite de l’impact, un disque de débris se serait retrouvé en orbite autour

de la Terre. La Lune serait née par accrétion rapide de ces débris.

Selon Bernard Bourdon : « Ce scénario a reçu une confirmation de poids : l’étude des

échantillons de sol lunaire récoltés lors des missions Apollo montre que ceux-ci se sont

révélés étrangement similaires à ceux du manteau terrestre et différents de tous les autres

astres du système solaire. »

Selon les scientifiques l’unique scénario permettant d’expliquer cette étrange similitude

est bel et bien celui de l’impact géant survenu il y a 4,51 milliards d’années.

Cependant, selon Jacob Kegerreis de l’université de Durham du Royaume-Uni « Le puzzle

n’est pas tout à fait complet et quelques pièces importantes manquent encore. »

C’est ce que nous tenterons de comprendre lors du prochain PMDD.

Bonne lecture

Bob

(1) Du nom de la déesse grecque, Titanide, fille d’Ouranos et de Gaia, mère du Soleil et de La Terre.

(2) Rocheuses donc comme Mercure, Vénus, la Terre et Mars

ASTRO-NOTES : GALILEE (1)

Connaissance & Partage

GALILEE (1)

Le génie universel italien

Astro-notes du 20 avril 2024

Les idées sur la forme du cosmos et les mythologies qui les accompagnaient varièrent

grandement au cours des siècles et les cultures mais, peu importait l’étendue de

l’imagination, même les plus brillants esprits du passé étaient bloqués par les limites de

l’œil humain. Au XVIIe

siècle, des milliers d’observations à l’œil nu avaient fini d’éplucher

le royaume céleste jusqu’à la limite des possibilités du regard humain.

C’est en 1608 qu’un changement arriva lorsqu’un fabricant de lunettes germano-

néerlandais du nom de Hans Lippershey déposa un brevet pour un instrument permettant

de « voir les choses lointaines comme si elles étaient proches ». Cette nouvelle de l’arrivée

de « la lunette d’approche hollandaise », (2) dotée d’une lentille convexe et d’une lentille

concave se répandit en Europe grâce à un rapport diplomatique néerlandais rédigé lors

d’une visite de l’ambassadeur du royaume de Thaïlande.

La communauté scientifique s’em-

para alors de l’invention : depuis

l’anglais Thomas Harriot qui, dès

1609, mit au point une lunette six

fois plus puissante que celle de

Lippershey jusqu’au génie univer-

sel Galilée. Celui-ci avait passé 18

ans à enseigner les mathémati-

ques à Padoue mais, lorsqu’il

construisit et présenta sa première

lunette huit fois plus puissante que

celle de Lippershey à Venise en

1609, il rencontra un tel succès

qu’on lui proposa le poste prestigieux de mathématicien et de philosophe auprès de

Cosme II de Médicis, grand-duc de Toscane.

Bientôt, Galilée construisit à Florence une autre lunette vingt fois plus puissante et

commença, grâce à elle, à faire ses célèbres découvertes, tandis qu’un océan de

phénomènes célestes et de nouvelles étoiles inédites s’ouvraient à l’œil humain pour la

première fois de l’histoire.

En mars 1610, Galilée publia Sidereus nuncius (Le Messager des étoiles), un bref recueil de

ses premières découvertes aux effets retentissants, accompagné de plus de soixante

illustrations.

Comme il se rendit compte qu’il pouvait voir, avec ses lunettes, au moins dix fois plus

d’étoiles qu’à l’œil nu, il redessina certaines constellations comme celles d’Orion, du

Taureau ainsi que l’amas des Pléiades. Il en déduisit également que la Voie Lactée était un

regroupement de milliers d’étoiles réunies en amas.

Lorsqu’en 1610, il tourna sa lunette vers la planète Jupiter, il constata qu’elle se déplaçait

en compagnie de trois étoiles ordonnées (3) en ligne droite mais qui, parfois

disparaissaient derrière la planète. Il en déduisit que ces astres tournaient autour de

Jupiter et étaient donc des satellites. Galilée les nomma « étoiles médicéennes » en

l’honneur de Cosme II de Médicis.

L’idée que la Terre n’était pas la seule planète à posséder un satellite naturel fut un

nouveau coup dur pour les modèles géocentriques de Ptolémée et de Tycho Brahé . Galilée

observa en détail la surface de la Lune qu’on croyait alors parfaitement lisse. Il y découvrit

de grandes montagnes ainsi que de nombreux cratères.

Les ennuis allaient commencer

Bonne lecture

Bob

(1) 1564-1642

(2) Le terme de télescope fut inventé trois ans plus tard par Giovanni Demisiani.

(3) En fait quatre satellites visibles à la lunette.

PETIT MOT DU DIMANCHE : NICOLAS –LOUIS DE LACAILLE L’arpenteur du ciel austral Quatrième et dernier chapitre

Connaissance & Partage

NICOLAS-LOUIS DE LACAILLE

L’arpenteur du ciel austral

Pmdd du 16 juin 2024

Quatrième et dernier chapitre

Pour organiser son planisphère du ciel de l’hémisphère sud, De Lacaille reprend d’abord les

constellations grecques et latines ainsi que celles des premiers navigateurs portugais. Il y

ajoute les quatorze nouvelles constellations de son cru qu’il nomme d’après des objets

scientifiques et artistiques emblématiques de son époque. Entre autres, on y trouve

l’Horloge, le Chevalet du peintre, l’Atelier du sculpteur, le Compas, la Règle et l’Equerre,

l’Octant, le Télescope et le Microscope.

Il introduit aussi une constellation qui représente la montagne de la Table, dominant la

ville du Cap, et qui est recouverte dans le ciel par le grand nuage de Magellan, évoquant la

nappe nuageuse fréquente sur la montagne. Son amie, la peintre Anne-Louise Le Jeuneux,

réalisera en 1755 une version colorée de ce planisphère aujourd’hui conservé à

l’observatoire de Paris.

Après ce projet de longue haleine, Lacaille entreprend une mission en forme de retour aux

sources : la première mesure de l’arc de méridien dans l’hémisphère sud. Il monte une

expédition dans les régions au nord du Cap pour réaliser la triangulation et mesure la

droite de 12,6 km qui lui sert de base à l’aide de perches de 6 m de long.

Le résultat de cette mission est étonnant : il trouve que la longueur d’un degré de méridien

à la latitude du Cap, c’est à dire 33° sud, équivaut environ à celle qu’il a mesurée en France

à 45° nord......

Autrement dit, la Terre aurait une forme de poire, plus aplatie au sud qu’au nord.

Cette conclusion, que l’on sait fausse aujourd’hui, est peut-être due à l’influence

gravitationnelle locale des montagnes de la région sur le fil à plomb de l’instrument qui

déterminait les latitudes mais certainement pas aux mesures de Lacaille, qu’il a

scrupuleusement vérifiées et revérifiées maintes fois.

En juin 1754, l’astronome retourne en France où après un passage à l’ile Maurice et à l’ile

de la Réunion, il reprend son poste de professeur au collège Mazarin et écrit de nombreux

articles et ouvrages exploitant les données qu’il a récoltées au Cap. De plus, il poursuit ses

observations du ciel et ses recherches sur les méthodes astronomiques de navigation en

mer. En 1759, il est témoin du retour de la comète de Halley (dont il propose le nom) et

en1761 il assiste au transit de Vénus devant le Soleil.

Bien qu’il n’ait pas participé directement à une découverte majeure, l’astronome a laissé

un héritage conséquent, dont son relevé austral, ses nouvelles constellations ainsi que ses

travaux en astronomie nautique.

Elles aideront bien des marins jusqu’à l’aube du XIXe siècle.

Bonne lecture

Bob

ASTRO-NOTES : TÉLESOPES GÉANTS troisième partie

Connaissance & Partage

TELESCOPES GEANTS

L’Europe décolle, l’Amérique s’enlise

Astro-notes du 13 juin 2024

Troisième partie

A la fin du dernier article sur les travaux d’installation du télescope géant, nous avons

évoqué le blocage du chantier par les Hawaiiens. Mais, estime Yuko Kakazu, une

scientifique liée au projet, responsable des programmes d’éducation pour le Thirty Meter

Telescope :

« Après des manifestations massives en 2015 et 2019, la pandémie du Covid nous a donné

l’occasion de réfléchir sur nos actions et de trouver d’autres voies pour dialoguer avec les

communautés locales."

Et de poursuivre : « En 2023, un nouvel organisme de gestion du site a vu le jour. La Mauna

Kea Stewardship and Oversught Authority est désormais l’instance qui tranche sur l’avenir

de la Montagne Blanche, notamment pour l’astronomie. Or, elle est en partie composée

d’Hawaïens natifs qui ont donc voie au chapitre. »

Pour convaincre qu’un télescope géant au sommet du Mauna Kea bénéficiera à toute l’île,

Yoko Kakazu et son équipe organisent de multiples projets visant à soutenir

l’enseignement des sciences dans les écoles rurales et défavorisées. Sans oublier de faire

amande honorable, elle affirme : « Les évènements de ces dernières années ont brisé des

familles. De jeunes policiers Hawaïens ont dû passer les menottes à leurs anciens très

respectés, les Kupunas. Nous demandons pardon pour cela. Aujourd’hui, nous avons

renouvelé le dialogue et la majorité des Hawaïens natifs, autrefois protestataires sont

désormais acquis à la cause du YMT. Mais il reste des opposants et nous ne sommes pas là

pour les faire changer d’avis. Nous nous contentons de les écouter ».

Pour en revenir au retard de l’équipe américaine dans la course aux télescopes géants, il

faut savoir que celui-ci s’explique par un sérieux désavantage politique... Mais pas

uniquement. C’est aussi une question de culture du financement. « Les Etats-Unis ont

presque toujours construit leurs télescopes en levant de l’argent auprès d’investisseurs

privés » rappelle Guy Perrin (1). Selon lui, si ce modèle s’est avéré très efficace pour les

petits et relativement peu couteux télescopes du Mont Wilson et du Palomar, il est au

contraire peu performant quand il s’agit de lever des centaines de millions de dollars.

« Ainsi les télescopes géants ne sont financés qu’à 25 % pour le GMT et 70 % pour le TMT »

affirme Guy Perrin.

A blâmer également : l’esprit de compétition qui, valorisé outre-Atlantique, a longtemps

poussé les deux projets dans une concurrence contre-productive. Ainsi, comme l’affirme

John Monnier, professeur d’astronomie à l’université du Michigan : « Un télescope unique

aurait plus probablement permis de collecter suffisamment de fonds privés que de diviser

les ressources limitées en deux ».

C’est seulement en 2018 que, pour faire face à leurs problèmes financiers respectifs les

deux rivaux s’unissent en une

seule et même équipe : l’US-

ELTP (Extremely Large Telesco-

pe Program). Une décision qui

a valu au groupement d’appa-

raître comme une des priorités

majeures d’Astro 2020, l’étude

prospective décennale de l’as-

trophysique US.

Face à la stratégie libérale

américaine, l’Europe a choisi

de miser sur un seul cheval

tout en déployant une tactique

beaucoup plus collective.

C’est déjà grâce à ce dispositif

public et communautaire que,

dès les années 1990, l'illustre

Very Large Telescope a été

financé. LE VERY LARGE TELESCOPE DU CERRO PARANAL

Composé de quatre unités de 8 mètres de diamètre, le VLT orne le sommet du Cerro

Paranal au Chili.

Nous verrons, dans le prochain et dernier chapitre, les exploits qu’il a déjà accomplis.

Bonne lecture

Bob

(1) Docteur en astrophysique et techniques spatiales de l’université Paris 7

PETIT MOT DU DIMANCHE : NICOLAS –LOUIS DE LACAILLE L’arpenteur du ciel austral troisième partie

Connaissance & Partage

NICOLAS-LOUIS DE LACAILLE

L’arpenteur du ciel austral

PMDD du 9 juin 2024

Troisième partie

Le 1

er novembre 1750, Lacaille embarque à bord du « Glorieux » dans le port de Lorient et

le navire lève l’ancre le 21. Pour se distraire durant les longues semaines de voyage,

l’astronome a adopté un chiot, qu’il baptise Gris-Gris et qu’il emmène avec lui. Il peut

également compter sur le capitaine, d’Après de Mannevillette, pour converser sur

l’astronomie et la navigation, en particulier après que l’observation d’une éclipse de Lune

proche du Cap-Vert leur révèle que la position estimée du bateau est fausse.

Bientôt, l’astronome s’essaie lui-même à la navigation, en testant en particulier la

méthode des distances lunaires entre la Lune et diverses étoiles puis la compare à des

valeurs préétablies afin de déterminer l’heure locale. Cependant, afin que la méthode

fonctionne, il faut que la position de la Lune puisse être prédite puis mesurée avec

précision, ce qui n’est pas encore le cas lors du périple vers le Cap. De plus, les calculs sont

fastidieux, et on ne peut espérer être précis qu’à 200 km près...

Plus tard, Lacaille mettra au point une méthode graphique et publiera des tables de la

position de la Lune afin d’aider les marins dans leur navigation.

Après une escale à Rio de Janeiro en janvier 1751, l’expédition arrive au Cap le 20 avril. La

ville, dominée par la plate et bien nommée Montagne de la Table, n’est alors qu’une

colonie de 12 000 habitants, dont 6 300 esclaves, contrôlée par la Compagnie néerlandaise

des Indes orientales. Lacaille est reçu par le gouverneur, qui lui fait le meilleur accueil et

facilitera tout son séjour. Il est logé chez un officier de la citadelle et fait construire un

petit observatoire dans le jardin de son hôte où sont installés ses instruments.

Le but de Lacaille : un relevé systématique du ciel

austral qui nécessite, selon lui, 100 nuits claires

pendant au moins 6 heures consécutives pour

parcourir les 25 zones selon lesquelles il a

découpé le ciel. Le 6 août 1751, il se met au

travail. Minutieusement, il relève la position de

quelques 10 000 étoiles, en observant leur

passage au méridien et en relevant leur

coordonnées spatiales (1).

Les conditions de travail sont sommaires dans son petit observatoire qui n’est, en réalité,

qu’une pièce de 5 mètres de côté avec un bureau et un lit pour se reposer. Jean Sylvain

Bailly, astronome et futur révolutionnaire raconte la dure vie que s’impose l’astronome :

« Qu’on s’imagine un homme qui passe chaque nuit 7 à 8 heures l’œil continuellement

attaché à une lunette où il observe toutes les étoiles qui peuvent être observées, tantôt

debout, tantôt couché, regardant le zénith, toujours combattant le sommeil. Le travail

forcé, les veilles, jointes à la chaleur du climat, échauffèrent tellement son sang qu’on fût

obligé d’avoir recours à des saignées pour en prévenir l’inflammation. »

Lacaille tombe malade en février 1752 mais, par chance, il guérit et peut poursuivre ses

observations. Dans un rapport, il admet que « c’est un travail fort ardu... cependant plus

j’avance, plus je suis content de l’avoir entrepris ».

En juillet, soit onze mois après l’avoir commencé, il achève enfin son relevé. Il dresse alors

un planisphère du ciel de l’hémisphère Sud en sélectionnant près de 2 000 étoiles sur les

9 766 observées.

Nous verrons cela lors du quatrième et dernier chapitre.

Bonne lecture

Bob

(1) Ascension droite et déclinaison... qu’utilisent les utilisateurs de télescope.

PETIT MOT DU DIMANCHE : NICOLAS –LOUIS DE LACAILLE L’arpenteur du ciel austral

Connaissance & Partage

NICOLAS-LOUIS DE LACAILLE

L’arpenteur du ciel austral

Pmdd du 26 mai 2024

Deuxième partie

Avant de partir pour les contrées lointaines de la pointe de l’Afrique, Lacaille, accompagné

de Cassini de Thury, passe quelques années à parcourir la France à la demande de

l’Académie des Sciences. Les deux scientifiques ont pour mission de mesurer précisément

le méridien de Paris (1) afin de régler la controverse sur la forme de la Terre qui faisait rage

en ce milieu du XVIIIe siècle. D’un côté, les partisans de Newton qui avait prédit que notre

globe était légèrement aplati aux pôles, de l’autre, les astronomes conservateurs menés

par les Cassini, dont les mesures semblaient indiquer au contraire que notre planète était

allongée vers les pôles, un peu comme un ballon de rugby. Ces données ont déjà été

contredites par deux expéditions au Pérou à partir de 1735 et en Laponie en 1736, mais

l’Académie voulait clore le débat une fois pour toutes.

C’est la raison pour laquelle elle lança une nouvelle mesure de l’arc du méridien de

Perpignan à Dunkerque. Le principe était simple : mesurer la distance séparant les deux

villes en utilisant les méthodes de triangulation. Il faut donc établir un réseau de triangles

dont on connaît une des bases, mesurer les angles que forment les différents côtés et en

déduire les distances grâce à la trigonométrie. Les astronomes arpentent donc tout le pays

jusque dans des régions reculées.

A en croire Cassini de Thury, Nicolas Louis De Lacaille fit preuve d’un infatigable

acharnement. Il écrit même que « Dans le fort de l’hiver de 1740, dans un temps où toute

la Terre était couverte de neige et que les chemins étaient impraticables, il continuait à

entreprendre la vérification de quelques angles sur les montagnes d’Auvergne. »

Au bout de trois ans d’efforts, la mesure fut bouclée et donna raison aux partisans d’une

Terre aplatie aux pôles. Fort de ce succès, Lacaille retourna à Paris et devint professeur de

mathématiques au collège Mazarin, où il enseigne à de nombreux élèves dont certains

deviendront des scientifiques renommés comme le chimiste Lavoisier. Il y fait également

construire un observatoire dont il se sert pour mener à bien ses recherches sur la position

des étoiles, du Soleil et des comètes. C’est ainsi qu’il entre à l’Académie des sciences.

Mais, après quelques années d’enseignement et de recherches en France, l’aventure

frappe à sa porte.

Nous sommes en 1750, et un officier de la Compagnie Française des Indes orientales ,

Jean-Baptiste d’Après de Mannevillette, est chargé d’une mission de repérage

hydrographique autour du Cap, suite au naufrage d’un navire de la compagnie. Il se rend à

Paris pour acheter des instruments et y rencontre Lacaille.

Or, cela faisait un certain temps que ce dernier songeait à une mission dans l’hémisphère

sud qui permettrait, couplée à une campagne simultanée dans l’hémisphère nord de

mesurer plus précisément la distance du Soleil, de la Lune et des planètes, ainsi que de

cartographier en détail le ciel austral.

Bien entendu, Nicolas Louis Delacaille saute sur l’occasion. En quelques semaines, il

présente son projet à l’Académie et reçoit le soutien de personnalités comme le secrétaire

d’Etat de la Marine de Louis XV.

En à peine un mois, le projet est accepté...

(à suivre)

Bonne lecture

Bob

(1) Ligne imaginaire reliant les pôles et passant par la capitale.

ASTRO-NOTES : TÉLESOPES GÉANTS Deuxième partie

Connaissance & Partage

TELESCOPES GEANTS

L’Europe décolle, l’Amérique s’enlise

Astro-notes du 23 mai 2024

Deuxième partie

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, les Etats-Unis sont en train de perdre du

terrain sur les autres pays au niveau des télescopes super-géants. Ce sont les engins de

plus de 24 mètres de diamètre qui, actuellement, annoncent la prochaine révolution

astronomique. Entre autres prodiges, ces appareils seront capables de révéler les secrets

de la formation des premières étoiles de l’univers et d’analyser l’atmosphère des

exoplanètes habitables à la recherche de signes de vie.

Côté Europe, le champion dans la catégorie des « géants » se nomme ELT, ce qui signifie

Extremely Large Télescope avec son miroir de 39 mètres de diamètre. Déjà en construction

au sommet du Cerro Armazones au Chili il doit entrer en service en 2028. Selon son maître

d’œuvre l’ESO (ou Agence Spatiale Européenne), il sera, une fois achevé, « le plus gros œil

ouvert sur le ciel ».

L’écurie américaine, quant à elle, concourt avec deux télescopes : le Giant Magellan

Télescope (GMT) de 24,5 mètres et le Thirty Meter Telescope de 30 m de diamètre. Coût

estimé : respectivement 2,5 et 3 milliards de dollars dont une bonne partie a été levée

auprès d’investisseurs privés.

Pour boucler le budget de ces appareils américains, les astronomes espéraient un coup de

pouce de la National Science Foundation (NSF) qui soutient les gros projets de sciences

fondamentales du pays. Hélas, fin février 2024, l’agence fédérale a annoncé qu’elle n’avait

que 1,6 milliards de dollars à consacrer aux télescopes géants sur les 2,6 escomptés. Ainsi,

ils annonçaient ne pouvoir financer

qu’un seul instrument sur les deux.

Quelle que soit la décision finale de

la NSF, les Etats-Unis semblent donc

en mauvaise posture.

D’un côté, l’ELT européen contre le

GMT américain. Qui va l’emporter ?

Le sommet du Mauna Kea

Le problème c’est qu’à peine commencé, le GMT américain est déjà dépassé. Selon Guy

Perrin (1) : « Cet appareil, composé de sept miroirs de chacun 8,4 m d’ouverture, offre une

surface collectrice de 24,5 m de diamètre. Sa résolution sera donc presque deux fois

moindre que celle de l’ELT européen... »

Par contre, le TMT américain est un adversaire plus à la hauteur du géant européen mais

depuis que le Mauna Kea sur Big Island à Hawaï a été sélectionné pour être son site de

construction, le colosse américain est enlisé dans une bataille politico-judiciaire avec les

peuplades locales.

En effet, pour les Hawaïens natifs, le Mauna Kéa est un endroit sacré. Pour eux, l’érection

d’un nouvel ouvrage de béton et de fer sur ces vénérables terres est un sacrilège. Voilà 15

ans que, de manifestations en blocages sur la route d’accès au sommet, d’arrestations de

protestataires et recours auprès de la Cour suprême, le chantier est à l’arrêt.

Du géant en devenir, seule la première pierre a été posée.

Que peuvent faire les américains ?

Bonne lecture

(à suivre)

Bob

PETIT MOT DU DIMANCHE : NICOLAS –LOUIS DE LACAILLE

Connaissance & Partage

NICOLAS –LOUIS DE LACAILLE

L’arpenteur du ciel austral

Pmdd du 19 mai 2024

Première partie

Au XVIIIème siècle, l’un des scientifiques les plus zélés de son temps se rend au Cap pour

réaliser le premier relevé stellaire du ciel austral. En poussant l’astronomie

observationnelle dans ses retranchements, Lacaille contribue à déterminer les distances

célestes.

Réticule, Boussole, Burin ou encore Machine pneumatique... Si certaines constellations de

l’hémisphère Sud portent des noms baroques et moins féeriques que notre Andromède,

Orion et autres célébrités mythologiques, ce n’est pas dû au hasard, mais au rationalisme

de notre Nicolas-Louis de Lacaille. Au cours d’un séjour au Cap, alors colonie de la toute

puissante Compagnie Néerlandaise des Indes orientales, il décide de créer de nouvelles

constellations pour les besoins du catalogue

céleste qu’il est en train de réaliser.

Cependant, il a ses propres idées :

« Au lieu de se baser, comme les portugais, sur

l’imitation des Anciens, à savoir des images

d’animaux inconnus en Europe et qui sont par

conséquent ridiculement représentés sur les

cartes célestes, je dessinerai les figures des

principaux instruments des beaux-arts ». (1)

Ces quatorze nouvelles constellations, encore

utilisées de nos jours (2) constituent pro-

bablement l’héritage le plus manifeste de

Lacaille. Hélas sa renommée s’est aujourd’hui un peu tarie car il est beaucoup moins cité

que d’autres astronomes français de son temps comme la dynastie des Cassini ou même

Charles Messier.

Cependant, Lacaille est l’un des astronomes les plus importants de son siècle et présenté

par ses biographes comme « l’observateur du ciel le plus zélé, le plus assidu qui ait jamais

existé » ou « Le Christophe Colomb du ciel austral. »

Né à Rumigny dans les Ardennes en 1713, il étudie au collège de Mantes-sur-Seine, puis de

Lisieux où il suit des cours de Rhétorique et de philosophie. En 1732, alors qu’il suit des

cours de théologie au collège de Navarre afin de devenir prêtre, il se prend de passion

pour les mathématiques et l’astronomie, qu’il apprend seul. Manquant de justesse de

rater son examen final de théologie à cause d’un examinateur peu disposé, il n’adopte le

titre d’abbé que de manière honorifique.

Il décide, alors, de se consacrer pleinement à l’astronomie. Très vite il fait la connaissance

de Jacques Cassini, directeur de l’observatoire de Paris et devient son élève. C’est là qu’il

développe de grands talents d’observateur, ce qui lui servira plus tard lors de son

expédition au Cap.

Mais avant de partir pour les contrées lointaines de la pointe de l’Afrique, Lacaille,

accompagné par Cassini passe quelques années à parcourir la France à la demande de

l’Académie des Sciences, sa mission consistant à mesurer précisément le méridien de

Paris...dont nous parlerons dans la deuxième partie.

(1) Selon ses écrits dans « Relation abrégée du voyage fait par ordre du Roi au Cap de

Bonne-Espérance ».

(2) Voici les 14 constellations imaginées par LACAILLE :

Machine pneumatique, Burin, Compas, Fourneau, Horloge, Table, Microscope,

Règle, Octant, Peintre, Boussole, Réticule, Sculpteur et Télescope.

( à suivre donc !)

Bob

ASTRO-NOTES : TÉLESOPES GÉANTS : L’EUROPE DÉCOLLE, L’AMÉRIQUE S’ENLISE...

Connaissance & Partage

TÉLESOPES GÉANTS :

L’EUROPE DÉCOLLE, L’AMÉRIQUE S’ENLISE...

Astro-notes du 16 mai 2024

Première partie

C’est désormais une évidence : dans quelques années, le plus grand télescope optique du

monde sera européen... et non américain, comme cela a longtemps été le cas. Ce

revirement découle d’aléas, mais pas seulement. La stratégie différente de financement

aux Etats-Unis et en Europe joue aussi un rôle important.

Plongeons-nous un peu dans l’histoire de ces fameux observateurs du ciel, des étoiles et

autres galaxies.

D’abord le télescope de 2,5 mètres du Mont Wilson achevé en 1917 dans le comté de Los

Angeles. Puis celui de 5 m du mont Palomar inauguré en 1949 près de San Diego, dans le

sud de la Californie.

Pendant des décennies, les Américains ont toujours eu une longueur d’avance sur les

Européens en matière de télescopes optiques « Et même une sacrée longueur d’avance ! »

insiste Guy Perrin, astronome à l’observatoire de Paris-Meudon et représentant de la

France dans la collaboration ESO (1)

En 1976, l’Europe inaugurait le télescope de 3,6 mètres à l’observatoire de La Silla, au Chili,

alors que cela faisait déjà trente ans que les Etats-Unis observaient le ciel avec un engin de

5 mètres de diamètre au Mont Palomar au nord-est de San Diégo, en Californie.

En menant ainsi la course en tête pendant près d’un siècle, les astronomes américains ont

accumulé les découvertes fracassantes. Ainsi, depuis le Mont Wilson, l’expansion de

l’univers et le big bang qui en est l’origine...Depuis le Palomar, la découverte de la comète

Shoemaker-Levy 9, les planètes naines Eris et Quaoar ainsi que des flopées d’astéroïdes et

de sopernovae.

Oui, mais voilà ! Cela est en train de changer !

Contre toute attente, les Etats-Unis sont tout simplement en train de perdre cette nouvelle

manche décisive de la compétition : celle des télescopes super-géants.

Comme nous le verrons au cours du deuxième chapitre la semaine prochaine.

Bonne lecture

Bob

(1) Observatoire européen austral.

PETIT MOT DU DIMANCHE : A LA MORT DU SOLEIL

Connaissance & Partage

A LA MORT DU SOLEIL

DES PAYSAGES LUNAIRES...SUR LA TERRE !

PMDD du 5 mai

Si nous revenons à l’image réjouissante de notre planète à la mort du Soleil imaginée lors

du premier chapitre, nous avons vu que des paysages désertiques auront fait leur

apparition sur notre pauvre planète avec des continents aux océans évaporés. Quelques

centaines de milliers d’années encore et, comme dans les bouches volcaniques

d’aujourd’hui, la pierre elle-même entrera en fusion. En cascades rougeoyantes, des

nappes de lave incandescente descendront des montagnes et s’amasseront au fond des

antiques fosses océaniques.

Le ventre rouge du Soleil continuera son inexorable progression, projetant devant lui un

formidable vent torride issu de ses entrailles. Sous l’impact, les planètes intérieures

Mercure, Vénus, la Terre et Mars, peut-être se vaporiseront progressivement. Leur matière

se joindra à cet ouragan et,

en flots tumultueux, foncera

vers l’espace.

Plus tard encore l’événe-

ment devrait prendre l’allure

richement colorée des nébu-

leuses planétaires familières

à l’astronome... de la Terre à

la belle époque. Ce proces-

sus se poursuivra jusqu’au

moment, très lointain, où les

planètes extérieures comme

Jupiter, Saturne, Uranus

Neptune et Pluton se volatiliseront sous l’impact de ces bouffées torrides.

Enfin, l’événement prendra l’allure richement colorée des nébuleuses planétaires

familières à l’astronome d’aujourd’hui. Le Soleil mourant ne s’effritera pas complètement.

Un cœur dénudé restera sur les lieux et il deviendra une « naine blanche » comme celle

qui, en ce moment, gravite autour de l’étoile Sirius.

La matière de notre planète vaporisée retournera au gaz galactique dont elle a été formée

il y a 4,6 milliards d’années. A partir de cette matière diluée, de nouvelles nébuleuses

s’assembleront. Dans ces nébuleuses, de nouvelles étoiles et de nouveaux cortèges

planétaires apparaitront !

Comme dans un éternel recommencement...

Bonne lecture

Bob

ASTRO-NOTES : LES ÉTOILES VARIABLES

Connaissance & Partage

LES ÉTOILES VARIABLES

Astro-notes du 2 mai

Hormis les étoiles simples, il en existe des types particuliers que nous allons étudier

maintenant. Les « étoiles variables » présentent un changement important de couleur ou

de luminosité sur des périodes plus ou moins brèves de l’ordre de quelques jours à

quelques mois. Les « étoiles doubles » se caractérisent par le fait qu’elles sont liées entre

elles par la gravité, tournant autour d’un centre commun, chacune pouvant influencer

l’évolution de l’autre. Quant aux « étoiles variables », elles se caractérisent par une

luminosité changeante. Pour quelques-unes d’entre elles, le changement de luminosité

n’est pas réel mais apparent. Il s’agit, dans la plupart des cas, d’étoiles qui font partie de

systèmes binaires. Dans ce cas, en effet, lorsque le plan orbital du système est plus ou

moins aligné avec la ligne de vue de l’observateur, l’une des étoiles peut être éclipsée

partiellement ou totalement par sa compagne et apparaît donc moins brillante. Ces étoiles

sont également qualifiées de « variables à éclipse ».

Hormis ces étoiles variables, on trouve également des « variables intrinsèques » dont les

variations de luminosité sont dues aux modifications de leurs paramètres physiques,

comme par exemple leur diamètre ou leur température. Les astronomes ont observé une

grande variété de ces étoiles variables. A l’heure actuelle 30 000 ont été répertoriées

uniquement dans notre galaxie. On observe, pour certaines des variations de magnitude

épisodique qui peuvent se répéter à intervalles réguliers. Ces étoiles appartiennent à la

catégorie des « variables éruptives » ou « variables cataclysmiques » dont font partie les

novas et les supernovas.

Pour d’autres étoiles la magnitude

peut varier de manière extrême-

ment régulière et les modulations

observées peuvent être périodi-

ques. La différence de magnitude

enregistrée entre un maximum et

un minimum successifs déterminent

l’amplitude de la courbe de lumière,

tandis que l’intervalle de temps

entre deux maximums successifs

définit la période de variabilité de

l’étoile. Les étoiles de ce type sont

appelées « variables pulsantes ».

La comparaison entre les caractéristiques des courbes de lumière de ces étoiles variables

et la longueur de leurs périodes fournit, en outre, un critère supplémentaire de

classification. Les étoiles variables sont alors divisées en différentes catégories selon leur

lien de parenté avec une étoile prototype, laquelle donne son nom à chaque catégorie. On

parle ainsi des « Céphéides » pour indiquer la catégorie d’étoiles variables qui a les mêmes

caractéristiques que l’étoile Delta Céphéi de la constellation de Céphée. (1)

Bonne lecture

Bob

(1) Je rappellerai que le fameux Edwin Hubble a prouvé, grâce à la découverte d’une céphéide dans la

nébuleuse d’Andromède, que celle-ci était, en fait, une véritable galaxie.

PETIT MOT DU DIMANCHE : L’AVENIR DU SOLEIL

Connaissance & Partage

L’AVENIR DU SOLEIL

... et de la Terre

PMDD du 28 avril 2024

Les réserves d’hydrogène au sein du Soleil nous promettent encore cinq milliards d’années

de tranquillité. Durant tout ce temps, notre astre du jour restera ce qu’il est, à savoir une

étoile jaune dont le disque énorme, à cause de sa distance, gardera la même taille

apparente que la Lune. Dans son cœur, porté à 15 milliards de degrés, l’hydrogène se

transforme, peu à peu, en hélium. Mais ce stade ne durera pas éternellement !

Avec l’épuisement de l’hydrogène central, il va devenir une géante rouge et amorcera la

fusion de l’hélium en carbone et oxygène. Bételgeuse, l’épaule gauche d’Orion, Aldébaran,

dans le Taureau, Antarès du Scorpion sont à ce stade-là. On le voit, même à l’œil nu mais

encore mieux avec des jumelles, voire un télescope que ce sont des étoiles rouges !

Géantes, ces étoiles le sont vraiment. Si, par la pensée, on superposait le centre d’Antarès

à celui du Soleil, le volume de cette étoile engloberait non seulement le Soleil mais aussi

les orbites de Mercure, de Vénus et de la Terre.

Quand le Soleil atteindra cette phase, son volume va croître et sa surface se refroidira

lentement. De jaune, sa lumière virera à l’orange puis au rouge. Le bleu du ciel et les

douces teintes des aubes et des

crépuscules, tous les phénomènes

atmosphériques en seront profon-

dément altérés.

La Terre se refroidira-t-elle ?

Non, au contraire. Selon les

spécialistes, l’accroissement de la

surface solaire va compenser la

diminution de la température. Le

disque rouge aux dimensions

croissantes nous enverra bien plus de chaleur que notre disque jaune familier. C’est ainsi

que sous la chaleur accrue, les glaces polaires vont commencer à fondre élevant

progressivement le niveau des océans et exhalant dans l’atmosphère d’épaisses couches

nuageuses qui, pour un temps, cacheront les étoiles.

Ces nuages effaceront largement les contrastes climatiques entre les pôles et l’équateur.

Une vaste zone amazonienne, chaude et humide s’étendra sur toute notre planète où,

comme dans une serre, une végétation luxuriante s’installera. Enfin, peu à peu,

l’atmosphère commencera à s’évaporer dans l’espace. Sous l’ardeur de l’immense disque

rouge solaire, la végétation desséchée flambera spontanément.

D’interminables feux de broussailles achèveront de consumer tout ce que la surface

terrestre contient d’éléments organiques.

Quelques centaines de milliers d’années encore et, comme dans les bouches volcaniques

d’aujourd’hui, la pierre elle-même entrera en fusion. En cascades rougeoyantes, des

nappes de lave incandescente descendront des montagnes et s’amasseront au fond des

antiques fosses océaniques.

Le ventre rouge du Soleil continuera son inexorable progression, projetant devant lui, issu

de ses entrailles, un formidable vent qui provoquera l’évaporation des planètes

intérieures.

Je vous propose une suite à ces réjouissances dans le prochain PMDD.

Bonne lecture

Bob

ASTRO-NOTES : LES ASTRONAUTES DE LA MISSION D’ARTEMIS 2 S’EXPRIMENT AVANT LEUR DÉPART

Connaissance & Partage

LES ASTRONAUTES DE LA MISSION D’ARTEMIS 2

S’EXPRIMENT AVANT LEUR DÉPART

Astro-notes du 25 avril 2024

Interrogés sur la difficulté de leur prochaine mission de 10 jours vers la Lune, les quatre astronautes

américains répondent aux journalistes de la revue scientifique « Ciel et Espace ».

Reid Weisman donne son avis sur la nouvelle fusée :

« Il est vrai que la fusée SLS est une « bête » différente de celle que nous avons utilisée jusqu’à présent mais

nous sommes impatients de sentir ses quatre moteurs RS25 s’allumer car nous sommes tout à fait confiants

et qu’ils ont bien fonctionné lors d’Artémis 1 ».

Quant à Jeremy Hansen il est conscient de la difficulté de la mission :

« Bien sûr, je serai probablement tendu la veille du décollage et au moment de dire au revoir à ma

famille...mais nous ne sommes pas nerveux au quotidien. D’abord parce que nous sommes concentrés sur les

tâches à accomplir d’ici le vol et parce que nous avons rencontré les femmes et les hommes qui ont conçu et

qui testent ces machines chez Airbus à Brème, chez Boeing mais également chez Lockheed-Martin aux Etats-

Unis. Leur niveau de compétence est tel que nous avons confiance en eux. »

Christina Koch, de son côté répond :

« Nous avons rencontré ceux et

celles qui se trouveront au centre de

contrôle pendant que nous serons

dans l’espace. Des personnes qui

connaissent la moindre connexion

électrique, qui savent quelle partie

du réservoir de C02 utiliser en cas de

problème, qui devront nous sauver

la peau si un scénario type Apollo

13 devait se produire. On a vu à

quel point tous ces gens, dont notre

vie dépend, sont compétents dans

leur travail. C’est grâce à eux que

nous ne sommes pas nerveux. »

Quant à savoir quel est le rôle de

chacun, Reid Weisman donne son

avis :

Victor Glover, Jeremy Hansen, Christina Koch et Reid Wiseman

« Il est essentiel que tout le monde à bord manipule Orion, sans tenir compte de sa fonction. Nous devons en

apprendre chacun le plus possible sur le vaisseau dans le but de partager notre expérience avec les équipages

suivants. »

Et Jeremy Hansen, d’ajouter :

« Dans Orion, Reid et Victor occuperont les sièges de commandant et de pilote pour le lancement et

l’atterrissage. Ils seront donc responsables de ces phases. Mais pour le reste de la mission, nous disposons

d’une grande flexibilité dans la répartition des rôles. Chacun d’entre nous contrôlera le vaisseau, ce qui nous

permettra de revenir sur Terre avec quatre expériences à partager au lieu d’une seule. Nous savons d’ores et

déjà que nous exécuterons chacun des manœuvres manuelles. Durant les neuf jours de vol nous allons donc

effectuer, chacun à notre tour, tous les actes que l’on peut réaliser sur Orion. »

L’objectif d’Artémis 2 consiste à tester la vie à bord du vaisseau pendant neuf jours. Quant aux astronautes,

ils devront survivre, dormir, manger, faire de l’exercice et évacuer leurs déchets (3). Un peu comme nous

tous... en somme...mais les pieds dans l’espace alors que les nôtres restent sur Terre. C’est tellement plus

confortable !

(3) Avec Artémis 2, les astronautes ne se poseront pas sur notre satellite, cette mission étant prévue avec

Artémis 3 en 2025.

Bonne lecture

Bob

PETIT MOT DU DIMANCHE : COMMENT LES ETOILES

Connaissance & Partage

COMMENT LES ETOILES

deviennent-elles des poussières ?

PMDD du 21 avril 2024

L’astronome Eric Lagadec a transposé sur le papier la recette qui a fait son succès sur les

réseaux sociaux, à savoir une vulgarisation limpide de ses propres recherches sur « Les

étoiles en fin de vie ».

Dans son livre « L’odyssée cosmique », selon lui, les étoiles sont des usines à poussières. A

leur mort, la majorité d’entre elles enfle, devient de plus en plus instable et se met à

pulser en dispersant de la matière qui se transforme en poussières dont 99% des

astronomes se préoccupent car elles gênent leurs observations.

Eric Lagadec, lui, fait partie des 1% qui s’y intéressent...

Selon lui, l’expression « Poussières d’étoiles » n’est pas du tout galvaudée. Il y aurait deux

types de poussières : Celles riches en oxygène qui sont composées de silicates et que l’on

pourrait comparer à des grains de sable et celles qui sont riches en carbone qui

ressemblent à de la suie.

Ces poussières, toujours selon l’auteur, ont un rôle crucial. A la fois dans la formation des

planètes et dans l’apparition de la vie. Sur Terre, les silicates composent l’essentiel de la

croûte terrestre et le carbone est l’ingrédient principal de la chimie organique et donc de

la chimie du vivant.

Pour étayer mon propos, dit-il, je prendrai la découverte que j’ai faite en 2009 au Very

Large Télescope avec l’instrument Vizir alors que j’étudiais, trois nuits durant, les étoiles

dites « post AGB ». C’est une phase de la mort des étoiles qui correspond au court

moment, à l’échelle astronomique, où elles ont déjà expulsé leur enveloppe de gaz mais

où celle-ci ne brille pas encore dans le visible. Alors que cet instant crucial est difficile à

observer et que l’on me prédisait de n’en observer que quelques-unes, j’ai réussi à en

débusquer une centaine.

Soudain, l’étoile Iras 17163-3907 me parut

entourée d’un nuage de poussières dix fois

plus grand que tout ce que j’avais observé

jusque-là. Il m’a fallu deux ans, avec mes

collègues belges et néerlandais, pour

comprendre que nous avions découvert un

monstre rare : une hypergéante jaune dont on

ne connaissait que dix exemplaires dans la

Voie Lactée. Aussi brillante que 500 000 soleils,

elle est ceinte d’un nuage de poussières 20 000 fois plus étendu que la distance Terre-

Soleil. Nous l’avons baptisée la « Nébuleuse Œuf au plat ».

Cette étoile Iras 17163-3907 est donc très massive.

Elle va finir en supernova tôt ou tard mais nous avons peu de chances de l’observer de

sitôt ! En effet, cela devrait se passer, selon le chercheur, d’ici 100 000 ans. Sans doute,

selon lui, avant la fameuse étoile Bételgeuse d’Orion qui est plus ou moins le même type

d’étoile mais à un stade d’évolution à priori moins avancé. Mais probablement après

l’étoile Eta Carinae de la constellation de la Carène. En effet, celle-ci a déjà perdu

beaucoup de masse et, selon le scientifique, serait la prochaine supernova de la Voie

Lactée.

Si vous êtes assez patients pour attendre...

Bonne lecture

Bob

ASTRO-NOTES : Génie Saturnien

Connaissance & Partage

Christian HUYGENS

Génie Saturnien

Astro-notes du 18 avril 2024

Première partie

Avec son esprit fin, son ingéniosité pratique, ses recherches marquantes et sa brillante

carrière à la cour de Louis XIV, Christian Huygens avait tout pour être heureux. Hélas, le

découvreur de Titan, le satellite géant de Saturne, allait rencontrer de sérieux problèmes

dans sa longue carrière scientifique.

Dans quelques articles, je vais essayer de vous raconter son histoire.

S’il avait su qu’il en avait besoin, Christian Huygens se serait certainement fabriqué des

lunettes, car il était myope mais ne le savait pas !

Passionné d’optique, créateur d’instruments d’astronomie, ce savant hollandais en avait la

compétence. Sa myopie, hélas, a été diagnostiquée avec presque trois siècles et demi de

retard. Ses équations d’optique semi-empiriques qu’il s’échinait à mettre au point en 1681

pour fabriquer une lunette surpassant celle de son confrère Cassini (1) décrivent un

instrument loin d’être optimal (2). Ce qui pourrait expliquer pourquoi ses lunettes n’ont

jamais franchi la porte de son atelier, contrairement aux instruments de Galilée ou de

Newton. Il était le seul à pouvoir les utiliser car adaptées à sa myopie…

Malgré cela c’est sa découverte de Titan, le plus gros satellite de Saturne, qui lui vaut son

entrée dans l’histoire de l’astronomie. Et quelle entrée !

Mais voici le résumé de sa vie.

Christian Huygens n’a que 26 ans, en 1655, lorsqu’il réalise cette observation de Titan

depuis La Haye en compagnie de son frère aîné Constantin. Trois ans plus tôt, ils avaient

commencé à meuler et à polir des lentilles pour fabriquer des lunettes astronomiques.

C’est avec leurs instruments que les deux jeunes gens font leur belle trouvaille. Christian

Huygens détermine la période de révolution du satellite et trouve 16 jours. Comme il était

d’usage, à l’époque, l’astronome communique sa découverte en envoyant une note à ses

collègues astronomes.

Quelques mois plus tard, il leur annonce sa dernière découverte : D’après lui, la nature des

protubérances constatées de part et d’autre de Saturne par son collègue français Galilée et

par d’autres astronomes, serait un anneau. Ainsi, la planète tournerait sur elle-même et

serait inclinée sur son orbite ce qui expliquerait les « protubérances » apparaissant et

disparaissant de façon régulière. L’idée fit son chemin car tous ses collègues astronomes

furent convaincus de la rigueur de Huygens.Finalement l’idée de l’existence de l’anneau sera confirmée au cours des décennies

suivantes, quand les prédictions de Huygens relatives aux phases de Saturne se révèleront

justes.

Huygens devint alors célèbre et l’Europe savante s’ouvre alors à lui.

(à suivre)

(1) Jean Dominique Cassini 1625-1712 était un astronome français qui découvrit 4

satellites de Saturne : Japet en 1671, Rhéa en 1672, Téthys et Dioné en 1684.

(2) Ou plutôt, parfaitement optimisé mais pour un œil affligé d’une légère myopie…

ASTRO-NOTES : ENTRAINEMENT LUNAIRE AUX ILES LOFOTEN

Connaissance & Partage

ENTRAINEMENT LUNAIRE

AUX ILES LOFOTEN

(deuxième partie)

Astro-notes du 11 avril 2024

Pour faire suite à la première partie de l’astro-notes paru le 4 avril dernier, en ce qui concerne l’âge de la Lune, les astronomes s’entendent peu ou prou sur la version suivante de sa genèse :

Quelques dizaines de millions d’années seulement après la formation du système solaire, une planète de la taille de Mars, nommée arbitrairement Théia, percute la jeune Terre.

L’impact est si violent que non seulement Théia est pulvérisée, mais des morceaux de celle qui allait devenir notre planète sont arrachés. Les débris issus des deux astres constituent d’abord un anneau autour de la Terre, anneau qui peu à peu s’agglomère pour donner ce qui allait devenir la Lune. « Cependant, il reste encore de nombreuses questions en suspens poursuit Francesco Sauro (1). En particulier, une fois que les débris issus de l’impact se sont rassemblés, comment et en combien de temps la Lune est-elle passée d’une boule de magma fondu à une sphère bien différenciée, avec une croûte, un manteau et un noyau ? ».

Pour résoudre cette énigme, il faudra que les futures missions collectent des échantillons d’anorthosite, une roche issue de la cristallisation de l’océan de magma primordial, très présent dans les régions montagneuses anciennes de la Lune primitive. « Si Samantha et moi sommes aux Lofoten, explique Alexander Gerst, c’est précisément parce qu’il y a ici une forte concentration d’anorthosite. Il existe peu d’endroits dans le monde où l’on peut observer aussi facilement des roches présentes à la surface de la Lune. ».

En effet, sur Terre, ce minéral se forme en général à plusieurs kilomètres dans les profondeurs de la croûte, dans les chambres magmatiques où de la lave bouillonne et se solidifie en alternance. Sur notre planète, durant le dernier âge de glace, cette chambre magmatique surgie des entrailles était recouverte par un glacier. Puis, à la fin de cette glaciation, il y a environ 20 000 ans, ce glacier a fondu, révélant une vaste étendue de magma cristallisé ponctué d’anorthosite.

Un trésor pour les géologues… et aujourd’hui pour les astronautes du Lofoten.

Approchons-nous du géologue Kare Kullerud…

Avec son marteau il frappe la roche d’un grand coup agile et, fier de lui il dit à son compagnon : « Vois ces veines blanches ! C’est ça, l’anorthosite : du magma cristallisé. C’est le même que l’on trouve sur les hauts plateaux lunaires, et qui n’est autre qu’un vestige de l’ancien océan de magma qui recouvrait notre jeune satellite. Marcher dans ce fjord, c’est donc marcher à la surface de la Lune.» On croirait rêver !

Cependant, trahis par un ralliement de mouettes déchaînées, les deux géologues constatent aisément… qu’ils sont bien encore sur Terre.

Bonne lecture

Bob

(1) Les noms cités ont été révélés lors du premier article.

PETIT MOT DU DIMANCHE : LA VIE DANS L’UNIVERS

Connaissance & Partage

LA VIE DANS L’UNIVERS

PMDD du 7 avril 2024

Parmi les milliards de galaxies qui composent notre univers y a-t-il d’autres êtres vivants ?

Sur d’autres planètes, sur d’autres satellites, y a-t-il des rongeurs, des mammifères ou des

insectes inconnus sur Terre et chauffés par d’autres étoiles ? Ces questions, les hommes se

les posent depuis des millénaires sans grand espoir d’y répondre un jour. C’est que les

étoiles sont loin et que l’exploration sur place est un projet pour les millénaires à venir.

Cependant, à défaut d’aller sur place, on peut observer et chercher des preuves dans un

sens ou dans l’autre.

Parmi les questions que l’on s’est posé, de prime abord figure celle-ci : les autres étoiles

ont-elles des exoplanètes ? Actuellement, nous en avons découvert plus de 6 000, ce qui

est encourageant.

La planète, en effet, présente une solution idéale aux multiples problèmes de la matière

qui s’organise. Certaines reçoivent une chaleur appropriée au développement de la vie

même si d’autres sont trop chaudes ou trop froides. Vu la progression actuelle du nombre

d’exoplanètes découvertes, on peut supposer que leur quantité dans l’univers est

colossale. Certains auteurs parlent d’un million dans notre seule galaxie. Certains trouvent

ce nombre excessif mais il l’est au regard de l’acharnement avec lequel la vie se développe

partout où les conditions le permettent et de son aptitude à altérer ces conditions

lorsqu’elles sont défavorables.

Le Soleil est né assez tard dans la vie de notre Galaxie. Des milliards d’étoiles sont donc

nées avant lui. Quels animaux foisonnent à la surface de leurs hypothétiques planètes ?

Quelles méduses, quels dinosaures ou étranges hominidés peuplent leurs mers ou leur

surface ? Des planètes par milliers peuvent avoir déjà atteint une technologie bien

supérieure à la nôtre et communiquer entre-elles par des messages radiophoniques ou des

voyages interstellaires. Ces messages, nous devrions pouvoir les capter. Nos

radiotélescopes sont assez puissants pour recevoir l’équivalent de France-Inter ou de la

BBC émis à quelques années-lumière de la Terre.

Des tentatives d’écoute ont été faites à plusieurs reprises et les meilleures antennes de la

planète ont été affectées à cette recherche. Sans succès…pour l’instant.

Puis un jour, peut-être, faiblement, une friture, une voix, une musique ! Même si la langue

nous est totalement inconnue, même si les distorsions sont importantes, il nous sera

certainement possible de révéler un sens, une structure…un signal digne d’un autre monde

sensé ou d’une intelligence artificielle.

Gardons espoir !

Bonne lecture

Bob